Napoleon + Guests @ Gibus Live, 01/06/2016

Juin a débuté en beauté, en décorant le Gibus de notre drapeau tricolore, mercredi dernier. Au programme, quatre groupes français (Ways, My Ink Leads Fools, A Place to Die, Checkmate), et un groupe anglais du nom… du plus fameux empereur français (Napoleon).

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La voie est ouverte par Ways. La formation jouait ce soir sa toute première date depuis qu’ils ont monté le groupe, et à peine un mois après la sortie de Watching From Afar. Pourtant, ils semblent rodés pour la scène, comme des poissons dans l’eau, si l’on peut dire, alors que le chanteur Clément arbore un T-shirt Sea Sheperds. Leur performance est carrée, soignée, mêlant force et délicatesse avec brio. Le chant clair, très présent, est vraiment bon, mais il n’est pas la seule qualité de Ways. Le groupe nous offre un interlude instrumental prenant et consistant, si bien que l’on s’y perd, et oublierait presque l’absence de vocal que l’on complimentait quelques secondes auparavant. Et bien que la route semble plutôt à sens unique qu’à double sens niveau communication sur le début, le public se laisse très vite prendre au jeu, en partie grâce à l’humour du frontman, qui incite tout le monde à chanter, “même [sa] mère !”, et interpelle les amoureux en leur dédiant une chanson, avant d’ajouter “non, je déconne !”. Le show est bien conduit, mais si court que l’on a à peine le temps de se perdre dans leurs compositions qu’il faut déjà s’arrêter… En si bon chemin ! Quoi qu’il en soit, espérons pour eux que cette nouvelle expérience soit la première d’une longue route !

My Ink Leads Fools marchent ensuite sur leurs pas. Le ton est plus lourd, plus gras, avec un petit côté High Hopes fort appréciable dans leurs compositions. On se sent piétinés, savatés, par leurs rythmes saccadés, par les breakdowns, et ça fait vraiment du bien. L’avant-dernier morceau, d’une grande puissance, terminera de nous surprendre sur leur performance technique, avec un cri presque sans fin, quasi-acapella du vocaliste, qui méritera d’être salué. Outre la maîtrise de leurs instruments et organes, leurs textes sont travaillés et intelligents, si bien que l’on peut imaginer que leur nom puisse dire vrai en tant qu’il conduit les imbéciles sur le chemin de la vie, dans leur réflexion. La route tracée par Ways se poursuit donc avec eux, dans les abysses de l’existence. D’ailleurs, les musiciens arborent un même T-shirt sur lequel est inscrit “Time is limitless, death is the result of loneliness”, extrait de “The Pine”. Tout est fait pour nous bousculer, nous réveiller. Malgré tout, le chanteur juge que “[nous sommes] trop calmes, et trop loin”, suite à quoi il prend les devants, et saute dans la fosse pour le dernier morceau. Il y aurait presque de quoi devenir fou de ce groupe !

Nous voudrions vous épargner la blague du “ça sent le sapin”, après l’interprétation de “The Pine” par My Ink Leads Fools, mais avec A place to Die qui joue ensuite, c’est un peu difficile. La formation est bien décidée à faire du Gibus notre tombeau, ce soir. Les musiciens sont déchaînés, et leur musique violente. L’alternance entre le chant clair, les screams, les growls, ne fait qu’accentuer la claque, à chaque fois. Leur son fait un peu plus fouillis que pour les précédents passages, mais est néanmoins un bon coup de boost à la soirée. Hors de question de se laisser aller, d’ailleurs, puisque le chanteur déclare “Je veux vous voir bouger jusque derrière, et s’il n’y a pas de rang sur les murs, ça ne va pas le faire !”. La conclusion se fait sur “This World Is Insane”, et il est en effet temps de devenir fous pour de bon, afin que le pit soit l’endroit où mourir… de fatigue.

Alors que Ways jouent ce soir leur première date, Checkmate eux, en sont à leur dernière. Après treize années de carrière, leur chemin s’arrête du Gibus, en ce premier juin. Il aurait été dommage de ne pas leur faire honneur. Pour de dernier jeu, la salle s’est remplie de pions, de fous (fools), d’animaux (ici, un crocodile gonflable, et non pas des cavaliers), placés entre les tours que sont les piliers du Gibus. La stratégie n’est autre que de s’amuser jusqu’à l’épuisement, et de donner le meilleur de soi-même pour que les adieux soient des plus joyeux et laissent un bon souvenir. Sur les morceaux qui ont fait le succès de Checkmate, des pogos se forment immédiatement, on se bagarre, on fait des wall of death, on slame, on se passe la bête en plastique, et l’on chante. C’est un beau présent qui leur est offert. D’ailleurs, pour l’occasion, la formation a un petit cadeau en retour : leur nouvel (et dernier) EP sort aujourd’hui, et est disponible à prix libre. Mais ce n’est pas la seule surprise, puisqu’ils font venir Alex de The Prestige. Le dernier morceau est “Ruin The Walls”, à croire qu’ils se sont passés le mot, avec A Place To Die. Leur set est de la folie pure, d’un bordel inouï. Sur demande, le public les rejoint sur scène, tandis que Julien, tout comme Alex, slamment. On ne sait plus où donner de la tête. C’est grand, c’est intense, mais les mots “Nothing can stop me” marquent ironiquement la fin du match.  Échec et mat. Fin de la partie, mais au moins, leur départ se fera sur un coup de maître.

IMG_2957Les rois sont tombés, vive les empereurs ? Nous aimerions pouvoir le dire, mais lorsque Napoleon entrent sur scène, ce n’est pas un empire qui leur est donné, mais les ruines de la précédente bagarre, parmi lesquelles une petite trentaine de survivants se tiennent débout. De fait, la salle est désertée après la performance de Checkmate, et ne se repeuplera pas. C’est pourtant l’occasion de découvrir Newborn Mind, sorti cinq jours auparavant, et redécouvrir des titres plus anciens, comme “What We See” ou encore “Bearing Loss”. La prestation est un peu un ton en-dessous de ce à quoi nous nous attendions, sans doute est-ce dû à l’explosion qui les précédait. Musicalement, le groupe tient ses promesses, et le nouvel opus tient la route, mais le manque d’investissement scénique des musiciens joue quelques peu en leur défaveur. Rien à redire pour Wes Thompson qui est une pile électrique : il ne tient pas en place, saute dans tous les sens, et se lance même à la conquête de la fosse sur la magistrale Brought Here To Suffer, mais le reste du groupe est statique, ce qui fait perdre de l’envergure aux morceaux qui eux, sont plein de force et d’énergie. Pourtant, le frontman donne tout ce qu’il a de son côté, il souffre ses morceaux, crie sa peine, sa souffrance, à gorge déployée, mais glisse aussi des messages d’espoirs parlés comme “we must realize that we are significants”, car Napoleon c’est ça aussi : une lutte contre la dépression (celle que le leader a vécue, et qu’il veut transmettre au monde pour leur donner le remède : c’est le propos de “Remedy” notamment), une quête d’un meilleur état d’esprit, et c’est pour cela, parce que c’ qu’il donnera tout ce qu’il a, jusqu’à saturation. Et cela aura des conséquences, puisqu’il n’y aura malheureusement pas de rappel, malgré les demandes du public – Wes fait signe qu’il n’en peut plus, avec le sourire, mais l’on devine un peu de déception sur son visage, face au peu de personnes présentes, qui justifieraient un découragement. En tous cas, s’ils n’ont pas été couronnés rois de la soirée, Napoleon ont très certainement conquis le cœur de leurs fans présents ce soir.

Ce premier juin a donc marqué la fin d’un règne, le début d’un autre, mais aussi la progression ce plusieurs formations sur la voie de la reconnaissance, mais également sur le chemin de la vie et de ses réalités, que l’on aura partagées avec eux, apprises d’eux, grâce à des morceaux forts, et plein de sens. Ce genre de soirées fait du bien : on en prend plein la tête pour la bonne cause, on se vide l’esprit, et on en ressort comme avec un Newborn Mind. Merci à toute l’équipe de One Heartbeat Productions !

Texte et photos : Aurélie Renault

Vidéo : Digital Fufux

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