
Quelque part, tapis dans l’ombre des Black Keys, Black Angels et Black Dahlia Murder, les cinq Canadiens de Black Mountain officient depuis plus de dix ans désormais sans véritablement faiblir. Il aura pourtant fallu en attendre six pour voir arriver le successeur de Wilderness Heart, une quatrième livraison sobrement baptisée IV.
Après avoir passé des heures à analyser le cube de In The Future puis s’être pris d’affection pour le squale du prédécesseur de IV, nous voilà dans un jardin des plus enivrants aux détails stimulants qui laissent libre court aux désirs d’interprétations. Avec leur stoner côtoyant le psychédélisme, Black Mountain déclarent aujourd’hui leur flamme aux synthétiseurs. La mise en avant des claviers permet à certains titres de IV de faire table rase du passé et de proposer une autre approche de ces morceaux à rallonge, comme ce « (Over And Over) The Chain » qui en devient une véritable excursion onirique très visuelle. Constitué d’un seul riff et de claviers space-rock sur lesquels Stephen McBean et Amber Webber se renvoient la balle, « Constellations » est une petite pépite aussi angoissante qu’entêtante. Les Canadiens vont même jusqu’à faire du pied aux Dandy Warhols le temps d’un « Cemetery Breeding » situé au cœur de l’album qui fait figure de parfait exemple – accessible – du propos de celui-ci.
Véritable apogée du génie qui habite le quintet, « Mothers of the Sun » est également l’arbre qui cache une forêt éparse. A commencer par ce « Florian Saucer Attack » auquel il est difficile de reprocher quelque chose tant il est minutieusement ficelé. Et ce refrain plus-rock’n’roll-tu-meurs … Mais lorsqu’il s’agit de prendre la suite du merveilleux « Mothers of the Sun », c’est-à-dire de confirmer que IV est le meilleur disque alt-rock de l’année, non. Cette fois encore, nous en aurons pour notre compte de moments plus intimes avec « Line Them All Up » et « Crucify Me ». Enfin, les Black Mountain n’ont également pas oublié de nous garnir d’instants plus bluesy avec ce « Defector » très électrique et l’ultime offrande de plus de neuf minutes « Space To Baskerfield » qui fait écho, en termes de dosage de génie, à « Mothers of the Sun ».
Chacune des pièces de la discographie de Black Mountain est un véritable chef-d’œuvre : de la pochette au contenu en passant par la logique de progression ; comme si le paramètre hasard semble ne pas avoir sa place dans l’esprit des cinq Canadiens. IV n’est peut-être pas leur livraison la plus réussie mais il ne descend pas la barre hautement placée avec l’album éponyme qui, avec onze dans la gueule, demeure une merveille et a marqué le début d’un parcours sans faute. Quatre sur quatre, ne changez rien, félicitations du conseil.
Texte : Alex
Black Mountain, IV, sorti le 1er avril 2016 chez Jagjaguwar
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