
C’est pour la sortie de Dancefloor Bastards (Verycords) que The Unchained est parti à la rencontre de Didou et Viber, fraîchement arrivés pour leur marathon journée promo parisienne. Qui sont les bastards du dancefloor? Où en sont les Sidilarsen à travers l’évolution de la scène et de sa musique? De nombreuses questions auxquelles Didou (chant) a répondu sans défaut.
- Vous venez d’arriver dans un nouveau label, Verycords, comment ça s’est passé ? Surtout que les Sidilarsen sont très connus pour être bien indépendants, comment s’est passée cette arrivée ?
En fait, il y a eu une volonté du groupe d’être très indépendant sur une bonne période de notre carrière pour reprendre les rênes et parce qu’il y avait des envies profondes de façons de communiquer, de façons de faire. Et puis là, on sentait qu’il était important pour nous de se recentrer sur l’artistique, sur la musique, et il y a eu une envie de démarcher de nouveau des maisons de disques. Verycords, c’est un label qui nous intéressait beaucoup sur le papier parce qu’on voyait bien qu’ils défendaient des groupes à guitares, on s’est dit qu’il y avait un esprit derrière. Et puis moi j’ai pu rencontrer Medhi [El Jai, directeur management, ndlr], on a discuté, ça le branchait bien et ça s’est fait de fil en aiguille. On a parlé de ce projet de nouvel album et il a dit « Banco ! On y va ! ». On a aussi notre tourneur qui nous suit derrière et qui est aussi tourneur de Mass Hystéria, avec qui on travaille depuis plus de dix ans, donc ça a participé, aussi, au mouvement pour travailler ensemble.
Il y avait vraiment cette envie d’avoir une équipe de nouveau autour de nous, pour pas toujours tout faire nous-même ; au bout d’un moment c’est bien mais c’est aussi très très fatiguant.
- Et ça se passe bien chez Verycords ?
Très bien ! On en est au début de l’histoire, on va voir pour la suite mais il y a un bel élan et il y a de belles énergies… On a envie, ensemble, de reconstruire une aventure avec Sidi [Sidilarsen, ndlr], voilà, on va voir ce qu’il va se passer avec cet album, mais pour l’instant ça se présente bien
- Et puis maintenant ils ont un sacré roster avec Black Bomb A, The Arrs, Mass Hysteria, etc…
No One [is innocent, ndlr], ouais !
- Vous faites donc partie maintenant de la famille, de la grosse famille Verycords!
Ouais c’est clair, ça fait plaisir ! C’est la famille dans laquelle on se reconnaît le plus!
Il y a toujours un peu de réflexion derrière où on essaie de dire « mais réfléchissons aussi ! », pas juste « nous on pense comme ça, point barre ! » c’est jamais ça avec Sidi !
- A la fin du mois c’est donc la sortie de Dancefloor Bastards, peux-tu nous dire quelques mots sur l’album ?
On a du mal à décrire cet album, parce qu’on a le nez dans le guidon et il est tout frais. On est sorti de studio, c’était début mars, on a finalisé le mastering, ça s’enchaîne très très vite. En général on met du temps pour sortir un album, quand il est enregistré on aime bien prendre du temps. Là c’est un enchaînement, c’est lié aussi à la dynamique chez Verycords. Les gens vont juger, ce qu’on peut dire c’est qu’il a été fait dans l’urgence, et c’est pas négatif ce que je dis. Il y avait une envie aussi de spontanéité, de volontairement ne pas forcément prendre trop de recul…
En général, chez Sidi, on aime bien prendre du temps, du recul. Quand on finit les prises, on laisse passer un mois avant de faire le mixage, pour avoir les oreilles fraîches. Là, ça fait prise-mix dans la foulée, mastering dans la foulée… Mais on a l’impression que du coup, et c’est ce qu’on souhaitait sur cet album, qu’il y a une énergie un peu plus live, un peu plus de sueur. Il y a peut-être quelque chose comme ça dans cet album, il y a quelque chose d’un petit peu plus sale mais après c’est du Sidilarsen, il y a tous les ingrédients de Sidi, tous les traceurs : c’est à dire de l’indus, du rock, du métal, de l’électro, des bonnes grosses guitares et de l’énergie !
- Donc il y a le côté Dancefloor et le côté Bastards, pour faire simple ? (rires)
Alors oui pour faire simple, ce titre, « Bastards » ça veut dire un peu les salopards. L’idée c’était un peu de re-caractériser ce qu’on est, nous, depuis le début. C’est qu’un jour on s’est dit « Mais en fait on est ça, on est des connards du dancefloor ». Pourquoi le dancefloor ? Parce qu’on a une musique qui fait vraiment remuer physiquement, mais on est aussi des métalleux. On aime le métal, et voilà donc cette idée des salopards du dancefloor. Il y a aussi derrière une deuxième lecture, il y a un petit côté « On est libre de faire ce qu’on veut » et alors ça s’adresse un petit peu à la scène métal qui, parfois, peut avoir du mal avec certains côtés électro. Ça peut aussi s’adresser à ceux qui essaient de s’en prendre à la culture en générale et aux cultures un petit peu alternative. On pense aussi aux événements, avec ce qu’il s’est passé au Bataclan, à ceux qui voudraient restreindre un peu ces libertés-là qui existent en France, et les « bâtards du dancefloor » ça veut un peu dire les fils illégitimes, donc c’est un petit pied de nez aux religions aussi, aux religions un peu trop extrêmes, c’est un peu dire « On fait ce qu’on veut et on continuera, c’est pas prêt de changer ! »
- De toutes façons, Sidi, quoi qu’il arrive, vous restez engagés jusqu’au bout ?
C’est sûr qu’il y a toujours eu beaucoup d’engagement dans Sidi. Alors je pense qu’on ne peut pas nous caractériser comme un groupe aussi engagé qu’un No One ou un Rage Against [the machine, ndlr], on n’écrit pas que des textes politisés ou engagés. Mais il y a toujours un moment où on est à fleur de peau, où on a besoin de réagir, on a besoin de se battre, parfois on est au premier degré, on a besoin de parler de l’actualité, de se positionner. On aime ça parce qu’on se dit que nous, les groupes, on est aussi des humains et des citoyens. Ne jamais prendre position ce n’est pas notre credo, parce qu’on sait qu’on a aussi un auditoire qui nous suit et parfois on a besoin de donner des indices sur ce qu’on est et ce qu’on pense mais on ne prétend pas avoir raison. Voilà, quand on a des textes engagés, souvent si les gens creusent, il y a un aspect interrogatif ; c’est pas juste « voilà ça c’est mal, ça s’est bien », en général on laisse le champ un peu ouvert, même quand on place parfois des phrases un peu dures ou qu’on s’attaque à certains sujets, il y a toujours un peu de réflexion derrière où on essait de dire « mais réfléchissons aussi ! », pas juste « nous on pense comme ça, point barre ! » c’est jamais ça avec Sidi !
Après, il y a toute une autre dimension qui est plus introspective, qui n’est pas forcément engagée dans nos textes et dans notre musique, parfois c’est juste le plaisir de l’esthétique ou des écritures plus personnelles, plus intimes, sur des ressentis très personnels, limite poétiques parfois. Donc voilà, engagés mais pas que !
- Je me suis refais toute la discographie pour préparer l’interview et il y a toujours un questionnement sur l’humain chez vous ; mais ça reste toujours, c’est ça, dans le questionnement. C’est toujours mettre en suspend l’humain, à voir le côté positif et le côté négatif. Et la question que je me posais, là, avec toute l’actu assez sombre qu’il y a eue, comment s’est passée l’écriture pour celui-ci ? Surtout que tu nous disais que cet album s’est fait un peu dans l’urgence ?
On est en état d’urgence, comme dans le pays (rires), on s’est dit “on va faire pareil” !
Non, ça nous a beaucoup impacté, beaucoup influencé, les événements, je pense comme tous les artistes, tous les groupes. Nous, il se trouve qu’on était en grosse phase de compo et d’écriture, quand les événements ont eu lieu. Bon déjà il y a eu ceux du 7 janvier qui nous avaient frappés fort. Là, on était en tournée pour l’album précédent, Chatterbox, on était à mi-parcours on va dire, et après les événements de novembre, c’était la fin de la tournée du Chatterbox Tour, et on devait jouer justement le lendemain des attentats du Bataclan. On devait jouer en région parisienne le 14 Novembre, on a su dans la nuit ce qu’il se passait et on a dit « on y va quand même tant que l’organisateur ne nous dit pas que c’est annulé », et on savait que ça allait être annulé. Mais par principe, nous on honore toujours un deal qui a été prévu. Donc on avait chargé le camion, et à 7h du mat’ on était prêt à partir, et on a eu l’info comme quoi, arrêté préfectoral, y compris en dehors de Paris, tout était annulé. Et du coup on avait commencé à écrire ce qu’allait être Dancefloor Bastards, ça nous a forcément influencé, très très secoué à titre personnel mais à titre beaucoup plus large évidemment comme tout le monde je pense. C’est vrai que sur cet album on avait envie d’écrire certains titres un peu plus légers et au final sur treize titres je pense qu’il y en a que deux-trois qui sont un peu légers et tout le reste est assez chargé, assez sombre. Et ça, forcément, c’est les événements qui nous ont influencés.
Avec Viber [Benjamin Cancel, au chant et à la guitare, ndlr] on était dans l’écriture, on n’était pas indemne, on était secoué. Déjà dans nos vies personnelles, il y a des mutations, on arrive vers un âge où on se pose des les grandes questions que tout à chacun se pose quand tu t’approches des 40 berges, il y a une part de naïveté qu’on veut préserver, de jeunesse, d’ados attardés, mais il y a quand même des grandes questions, et ça, mis en parallèle avec les événements, ça nous a sacrément secoué ouais ! Sur : quelles sont nos priorités, qu’est-ce qu’on va faire maintenant, comme beaucoup de gens, beaucoup de citoyens, beaucoup de Français… Ça nous a beaucoup touché, donc l’album, forcément, est chargé de tout ça, même si ça peut être entre les lignes, c’est forcément en direct. Mais il y a des morceaux qui parlent aussi des réfugiés comme « Méditerranée Damnée ». Alors celle-là on l’avait écrite avant les événements, parce qu’on était déjà très touché par ce qu’il se passait l’été dernier avec la façon dont les médias parlaient des migrants. C’est quelque chose qui nous gênait beaucoup. Ce mot « migrants », comme si c’était des parasites, c’était très choquant pour un pays comme la France. Le mot réfugié est arrivé très tardivement, si on analyse l’historique de la façon dont les médias ont traité le sujet, alors que dans d’autres pays c’était des réfugiés dès le début, en France c’était d’abord des migrants et après c’est devenu plus ou moins des réfugiés. Enfin voilà, 2015 nous a beaucoup secoués, on est tombé d’assez haut comme beaucoup de gens je pense.
- Et il y a toujours un message d’espoir ? Faut y croire !
Oui bien sûr ! Évidement, l’espoir vient de l’attitude du public et des gens dès le lendemain des attentats, ça c’est le grand espoir !
Nous, notre concert a été annulé et il y avait Mass Hysteria qui démarraient leur tournée de Matière Noire, leur deuxième date était à Toulouse. C’était le lendemain des attentats et donc nous on devait jouer à Paris, on est Toulousains et eux sont Parisiens et devaient jouer à Toulouse. Ils ne savaient pas s’ils allaient annuler ou pas, ils avaient leur famille à Paris donc c’est pas évident, tu démarres ta tournée et il y a ça qui se produit, qu’est ce que tu fais ? Ils ont dit « On lâche rien on y va ! » Nous on aurait fait pareil, on pensait comme ça aussi. Résultat : certains membres de Sidi on est allé au concert de Mass, pour se changer les idées parce que nous on était resté bloqué à Toulouse. Et ce concert de Mass au Bikini, moi j’ai observé le public, et l’espoir était là ! Parce que les gens ont fait la fête mais c’était pas irrespectueux envers les événements c’était très digne. Tout le monde s’est retrouvé après au bar et tout le monde a discuté de ce qu’il s’était passé. Je voyais plein de gens se prendre dans les bras, il y avait quelque chose de très très spécial ce jour-là. Et nous le concert suivant, c’était une semaine après, on a joué pas loin de Toulouse et il y avait une émotion hallucinante. L’espoir, il vient de là et du fait que les artistes ont décidé de ne rien lâcher, le public idem. Même si aujourd’hui il y a des politiques très dures, il y a beaucoup de barrières, les intermittents sont très menacés de nouveau alors qu’on a un gouvernement soit disant de gauche mais qui fait vraiment du tord à des gens qui sont de sensibilité de gauche comme nous, on ne s’en cache pas. Mais on a un gouvernement qui est très très rude, qui fait n’importe quoi ! Voilà, mais il y a de l’espoir !
Je pense que parfois au fond du trou, justement, il y a de très belles choses qui se produisent, de belles énergies, on va voir… En tous cas nous ça nous a donné de la rage, mais de la rage positive ! Je pense que cet album il nous donne du carburant pour de nombreuses années
- Et ça se sent parce que, pour en revenir au côté musicale, entre le Chatterbox et le Dancefloor Bastards, on sent un peu une continuité mais avec un côté beaucoup plus agressif dans le fond sur Dancefloor Bastards.
Ouais !
- Je suis sur la bonne voie à ce que je vois ! (rires)
C’est bien d’avoir ton ressenti, nous on apprécie d’avoir le ressenti des gens extérieurs ! Ça correspond à ce qu’on ressent. Mais parfois on ne ressent pas forcément la même chose que les gens et l’accueil d’un l’album, on se le reprend dans la gueule petit à petit et on l’accepte. Mais globalement ce que tu dis c’est ce qu’on a souhaité, ou pas souhaité parce qu’on a été tellement le nez dans le guidon, ça s’est fait naturellement et on ressent ça. On avait envie d’un album un peu moins léché, froid. Même si Sidi n’est pas froid, mais il y a quand-même dans notre musique un aspect indus et électro qui ramène le côté très “sur la grille” ! Notre batteur c’est un métronome, il a tellement l’habitude de jouer sur machine et sur clic, il joue comme une machine ! Et là on a essayé de se lâcher, alors il y a des morceaux, volontairement, c’est du Sidi, sur la grille, bien carré, mais il y a des moment où on s’est vraiment fait plaisir, on s’est lâché, et Sam à la batterie s’est lâché comme jamais ! Et voilà il y avait ce côté plus baveux, un peu plus libéré on va dire, un peu moins réfléchi et si tu ressens ça c’est bien ! Il y a un peu plus de hargne je pense !
- Oui c’est exactement ça ! Et pour la continuité, la pochette ? Je voudrais quelques mots sur la pochette, parce que ça change des dernières que vous aviez des derniers albums, mais on retrouve le décapsuleur du début !
Tout à fait ! Le fameux tire-bouchon-décapsuleur !
Oui alors il y avait une envie de se ré-affirmer, je pense que c’est lié aussi aux événements tout ça, ça bouscule tellement tout le monde. Donc nous, comme tout le monde, ça nous a secoué! Peut-être une envie de repartir avec les vrais fondamentaux du groupe. Et donc ça se traduit au niveau visuel, besoin de ré-affirmer l’emblème, et l’emblème de Sidi ça reste ce tire-bouchon, qui apparaît sur chaque pochette de manière très discrète, les gens ne le voient pas mais dans tous nos albums tu le retrouveras à un endroit ou à un autre à l’intérieur ! Par exemple sur Machine Rouge, il y a une photo à l’intérieur où on est sous l’eau et au fond de l’eau on voit un petit tire- bouchon au loin. Il apparaît toujours, il nous a suivi, parce que les gens l’ont adopté et c’est le côté anthropomorphique, le côté machine-humain qui nous intéresse sur cet objet et on l’avait utilisé dès notre première démo en 1997, c’était sur une cassette. Parce que oui nous sommes vieux et on a pressé une cassette (rires), ça revient en plus !!
On avait fait une cassette à 200 exemplaires, on n’avait pas de pochette, on était là : « qu’est ce qu’on fait ? » on avait un vieux scanner pourri, on a mis un tir bouchon, on l’a scanné et ça a fait notre pochette en noir et blanc, au revoir, et c’est resté !
Et du coup il y a eu ce besoin de ramener ça et après d’amener un côté plus animal, d’où cet hybridation mi buffle-mi tire-bouchon, on voulait ramener ce coté plus animal qui correspond à l’album, côté plus organique, plus dans l’énergie comme on disait. Et dans cette envie de casser le côté un petit peu froid de Sidi ou même dans nos pochettes, qu’on aime beaucoup mais qui étaient très froides on va dire, on voulait ramener un truc plus organique. On a fait appel à un artiste qui est plus artiste que graphiste, qui est tatoueur, peintre, il fait des performances en extérieur, et il nous a pondu ça en une soirée [Veks Van Hillik, ndlr]. Et c’est ça qu’on a aimé aussi. C’était pendant l’enregistrement, tout à l’arrache, on lui a demandé de nous proposer des trucs, comme la première pochette qu’on aimait moins, on lui a donné des indices et trois heures après il nous renvoie ça et on était là : « C’est Gagné ! ». On a aimé ce côté très spontané. Donc du gros changement au niveau visuel ! Mais en même temps avec le symbole historique.
- Un petit retour aux sources !
Voilà, les deux à la fois !
- En parlant de retour aux sources, du premier album jusqu’à aujourd’hui, comment tu perçois, toi, l’évolution de Sidi ?
C’est bizarre parce qu’en fait, j’ai l’impression qu’on évolue tout le temps, et en même temps si j’essaie d’être très objectif, parfois j’ai l’impression qu’on retrouve toujours les mêmes ingrédients.
J’ai les deux visions, c’est-à-dire que j’ai l’impression qu’on est tout le temps entrain d’évoluer parce que nous on a envie de se réinventer, de créer de l’excitation pour nous-même et puis pour le public. Et puis quand je prends du recul, je suis là « mais c’est vraiment du Sidi en fait ! », tout le temps ! Même si parfois on fait des écarts sur certains titres, sur un morceaux ou deux, on va aller chercher d’autres univers, se mettre en danger. Mais au final c’est du Sidi, parce qu’on est cinq, cinq têtes de mules et une fois que ça passe dans les cinq, ça sonne comme du Sidi, ça nous dépasse !
Parfois il y en a un qui va se lancer dans une compo, qui va faire un truc vraiment nouveau, vraiment frais et une fois que s’est passé dans le groupe, ça sort Sidilarsen ! Mais l’évolution, je dirai forcément qu’il y a plus de maturité quand-même avec les années et peut-être qu’il y a plus de savoir-faire. On sait davantage comment s’y prendre les uns envers les autres pour que ça se passe bien aussi au sein du groupe. On se prend moins la tête et ça, ça fait plaisir ! Comme sur cet album, parce que parfois on se prend la tête pour pas grand chose. Pourtant on est toujours là ensemble ! Ce qui est rare, parce que ça fait déjà bientôt vingt ans, c’est pas non plus si fréquent. On aime bien dire qu’on est majeur depuis 2015 parce qu’en Septembre 2015 on a fêté nos 18 ans. On va vers nos 20 ans à grand pas !
- Finie l’adolescence !
Voilà ! On commence à mûrir !
- Vous en êtes quand-même à votre sixième album ! Et ce que je constate c’est que c’est toujours difficile de vous caser ! Comme on le fait souvent, mettre les groupes dans une case. Toi aujourd’hui, sur la scène française, où situes-tu Sidi ?
C’est vrai que c’est difficile dans les codes de l’industrie et des médias, des mass-médias surtout, pas les médias indé. Sidi appartient à la fois à la scène métal, à la fois à la scène fusion, la scène rock, la scène indus.
C’est difficile parce que, comme tu dis, les gens aiment bien mettre dans les cases, mais en live le public n’en a rien à foutre !
C’est-à-dire qu’en live, nous on le voit quand on joue sur un festival de pur métal, ou sur un truc plus ska-punk-électro-chanson ou ce que tu veux, le public, si on envoie, il est à fond ! Et ça c’est le plus important !
S’il faut choisir juste une scène, je pense qu’on appartient à la scène métal, mais on a un versant rock-électro qui nous démarque des groupes de métal, mais on n’est pas juste que dans les codes métal. Pour nous, on fait du Sidilarsen ! Ça s’arrête là, après t’adoptes ou pas. Mais ce qui est vrai, ce qui peut nous nuire, c’est de ne pas être dans une case précise. Ça nous nuit au niveau médiatique.
Ça nuit pas sur le terrain, donc ce qui nous sauve c’est la scène. C’est ce qui a fait que notre carrière a décollé. Les médias ont du mal à nous suivre parce qu’ils n’arrivent pas à nous ranger et je comprends très bien ! A l’étranger, dès qu’on va jouer sur des festoches, ils nous mettent avec du gros métal. Donc ça nous fait dire qu’on appartient à la scène métal. En France, comme on joue aussi sur des festivals où il y a du ska, de la chanson, du punk, plein de choses, les gros trucs métal comme le Hellfest ne nous ont pas encore programmés, parce que je pense qu’ils nous voient un peu en marge, mais je pense que ça va arriver. Ça va se faire parce que ça fait longtemps qu’on est là et comme à l’étranger on joue avec des gros groupes de métal et que ça se passe super bien il n’y a pas de raison qu’en France ça n’arrive pas.
- C’est ce qui fait votre force aussi je trouve ! Surtout qu’en plus, en live, j’ai constaté que vous aviez une communauté de fans vraiment très proches, ils s’identifient énormément au groupe. Comment tu peux expliquer ça ? Si on peut l’expliquer…
Je pense, sans prétention, que c’est parce qu’on n’a jamais triché avec eux. Même parfois quand on utilise des méthodes de comm’, parce qu’il faut communiquer, il faut faire un peu de marketing et de promo, on est obligé ! Quand on fait de la promo on essaie de rester sincère envers nos fans. Quand on fait une action pour faire buzzer Sidi, parce qu’il ne faut pas s’en cacher, il y a des moments tu cherches à faire buzzer ton groupe sinon tu n’avances pas, tu t’en sors jamais ! On essaie de le faire en respectant vraiment notre public en ayant un discours et des actions concrètes, qui collent à ce qu’on raconte aussi dans nos textes. En tous cas on essaie de faire en sorte que ce soit cohérent, qu’il n’y ait pas un gros décalage entre ce que tu racontes et après la façon dont tu vends ta musique. Parce que ça, parfois on voit des décalages impressionnants, on voit de l’hypocrisie et il y en a qui s’achètent une image de rebelles, mais après c’est à fond dans le système. On essaie d’être en phase et après on a toujours pris du temps sur tous nos concerts. Et encore aujourd’hui, au bout de dix-huit ans, tu ne verras pas un seul concert de Sidi où tu ne peux pas venir nous voir au stand, discuter, boire un verre. On vend nous-même notre merchandising, on n’a personne pour le vendre. Parfois on a des fans qui nous proposent de le vendre parce qu’on est un peu fatigué et ça, j’avoue, maintenant on accepte. Mais avant on faisait tout ça nous-même et on le fait encore ! Mais parfois dans certaines villes il y en a qui nous appellent « si vous voulez je peux tenir le stand ! » donc avec grand plaisir ! Mais on vient au stand !
Je pense qu’il y a cette proximité réelle dans la vraie vie qu’on a essayé après de recréer sur les réseaux sociaux, de garder ce contact. C’est peut-être ça qui fait que !
- On sent que la communication est importante chez Sidi
Oui, c’est important déjà au sein du groupe, je crois que c’est ce qui fait qu’on est toujours là. Qu’on ne se soit pas foutu sur la gueule et qu’il y ait eu qu’un changement de line-up, un guitariste qui est parti il y a dix ans qui est resté un ami très proche mais qui est parti pour des choix perso, il y a eu zéro embrouille, c’était juste un choix de vie. Après il n’y a jamais eu de changement, on communique vraiment, on attache de l’importance à ça entre nous et ensuite avec ceux qui nous suivent.
- On constate que sur Facebook vous répondez énormément au public et aux fans
On essaie ouais ! Il y a des fois, maintenant, on n’arrive pas à tout gérer mais on essaie de vraiment respecter la personne qui nous contacte.
- C’est sûr que c’est appréciable, c’est rare maintenant pour des groupes français. Pour en revenir aux fans et aux lives, j’ai des proches qui sont très fans de Sidilarsen et je sais, de sources sûres, qu’à chaque fois vos lives ne sont pas pareils. Vous attachez une certaine importance à ce que ce soit différent à chaque fois, alors qu’avez-vous prévu pour Dancefloor Bastards ?
Alors pour celui-là on va prolonger l’esprit qu’il y avait eu sur Chatterbox Tour je pense, au niveau du show, mais on est entrain de travailler dessus. On va essayer d’étendre l’univers visuel qu’on a développé, c’est-à-dire qu’on a deux écrans maintenant, qui racontent aussi une histoire un petit peu sur scène mais on ne veut pas que ça prenne le dessus sur la sueur, sur l’aspect humain du groupe. On va trouver un juste équilibre entre un show, une déco, un univers. C’est un travail aussi avec notre éclairagiste, avec le sondier, donc il y a cet aspect-là, l’aspect show qu’on est entrain de développer. Et après il y aura l’aspect humain, alors là je ne sais pas à quoi ça va ressembler cette tournée, c’est un peu prématuré. Moi j’ai bien envie qu’il y ait de la sueur. Ce que tu as ressenti sur l’album, on va essayer de le mettre concrètement sur scène, les mêmes énergies.
Et qu’est-ce qu’il y aura de nouveau ? Je ne sais pas, la tracklist va évoluer forcément parce qu’il y a un nouvel album, on a évoqué l’idée de ramener un ou deux vieux titres qu’on a pas oublié mais qui n’ont pas été joués depuis sept ou huit ans, pour mettre en lumière certains vieux morceaux. Et au contraire des morceaux qu’on a beaucoup joués, les écarter. On est encore entrain de bosser dessus, c’est un peu prématuré mais il y aura forcément des évolutions.
- Donc l’actu pour Sidi, passe par quoi ? Je vois que tu as les dates là.
Là, immédiatement, ça va être la tournée des festivals, il y a une dizaine de festivals, de mai à fin août. Le premier c’est le Rolling Saône Festival, c’est à Gray [en Bourgogne-Franche-Comté, ndlr] dans le 70, et il nous tarde parce que c’est la première date, et direct c’est grande scène, grosse attente, à 22h ça va être blindé, donc cette première date, il y a de l’enjeu ! Mais ça fait plaisir, on aime ça.
Et puis après en automne il y aura la tournée club, partout en France. On peut déjà citer le Divan du Monde le 11 octobre, avec un groupe russe en première partie. Il y aura aussi une tournée en Russie au mois de novembre, et il y aura beaucoup beaucoup de dates en France, en automne et 2017, au taquet ! Et pour l’actu il y a un projet de clip aussi, qu’on va tourner cet été pour le sortir en septembre.
- L’actu va être riche ! Je te laisse le mot de la fin !
J’ai envie de soutenir les gars comme toi, comme vous, ceux qui font le vrai boulot de ce qu’est la scène métal et rock en France et de dire aux gens de continuer à lire, à écouter et à soutenir tous ces médias indépendants, parce que c’est une valeur inestimable. C’est ce qui fait la richesse d’un pays. Pour moi, la culture c’est ce qu’on devrait placer tout en haut et la culture indé encore plus, et la diversité et les spécificités de la scène, comme la scène métal ou rock, enfin voilà merci à vous !
Interview réalisée par Lëaa et Anthony
Merci Replica Promotion et Verycords
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