
Seconde journée des Doomed Gatherings, et c’est à Mel et moi que revient l’honneur de vous en parler. Bon, pour être honnête, l’affiche proposée me faisait pas super bander, avec notamment des groupes qui ne m’avaient pas enthousiasmé la dernière fois, c’est même peu de le dire, Toner Low en tête. Mais soit, après tout, j’allais peut-être être surpris et finalement prendre mon pied.
Pourtant ça commençait mal, des problèmes sur le RER nous feront rater Throw Me in The Crater, premier groupe de ce dimanche, dont on entendra que quelques hurlements pendant la, toujours, longue fouille à l’entrée du Glazart. Au passage, on nous confirmera que toute sortie sera définitive, dommage pour celles et ceux qui auraient prévu d’aller s’acheter à bouffer à l’extérieur, « forcés » de consommer sur place, ou de ne rien manger pendant ces presque 10h de musique, tout comme celles et ceux qui auraient trouvé du merch’ sympa sans avoir retiré de cash au préalable, ce sera à mes yeux LE gros point noir de la journée et du week-end, eu égard de certains échos, enfin passons.
La bouffe attendra, c’est vers la salle qu’on se dirige pour accueillir notre premier groupe du jour, les gallois de Mammoth Weed Wizard Bastard, le groupe dont on n’arrive pas à dire le nom 3 fois de suite sans bafouiller. Et c’est parti pour une trentaine de minutes de doom aux accents psyché/occultes servi par une délicieuse Jessica Ball, bassiste à la voix envoûtante….en album. En album car une fois de plus au Glazart, on n’entendra pas le chant, si ce n’est quelques sons perceptibles par les seuls premiers rangs, et totalement noyé dans les basses. Un vrai regret car les Gallois font vraiment partie de cette jeune génération de groupes qui nous refont du doom occulte avec une prod plus moderne et qui méritent notre intérêt (Mount Salem par exemple). Pour les plus sceptiques, mettez-vous les trois pièces que contient leur album Noeth ac Anoeth, décollage garanti. Toujours est-il qu’on espère que l’ingé son va se réveiller pour la suite…mais ça attendra un peu jusqu’au set de…Trouble (ouais, les boules).
C’est au tour des Anglais d’Hang The Bastard (soit le second groupe de la soirée avec « bastard » dedans) de faire leur entrée (une fois n’est pas coutume, pas de groupe français programmé ce jour). J’avais découvert ce groupe il y a quelques années, sans que ça m’ait laissé un souvenir impérissable à une époque où j’écoutais un peu moins de sludge que maintenant et force est d’admettre qu’avec ce qu’ils ont balancé ce soir, je regrette amèrement de les avoir mis de côté. Le « chant » de Tomas Hubbard, ultra charismatique, dont les vocaux entre hurlés et poussant vers le black metal aura su mettre d’accord tout le monde, et ce même si une nouvelle fois on aura du mal à pleinement profiter de sa performance. Si lui ne s’est pas plaint, Joe (Nally – basse à cinq cordes), également chanteur, interpellera l’ingé son pour qu’on puisse ENFIN entendre quelque chose, c’est d’ailleurs la prestation du bassiste qui m’impressionnera le plus, apportant des nuances dans un genre qui a tendance à passer très souvent en force. Une vraie première grosse claque, et un enthousiasme qui progresse, preuve qu’il suffisait de se mettre dans le bain. Cet enthousiasme va d’ailleurs progresser avec un groupe dont, comme beaucoup, j’ai pu voir assez souvent le nom à l’affiche sans pour autant m’y être penché plus que ça. Les Doomed Gatherings vont parfaitement remplir leur rôle en nous imposant les Américains façon « prend ça dans ta gueule ! ».
D’un bassiste à cinq cordes pour Hang The Bastard, on passe aux six cordes de l’impressionnant Monte Mccleery, à ce rythme-là on va finir par se croire dans un concert de prog. Mais trêve de conneries et place au gros doom bourdonnant de Samothrace, qui va malheureusement devoir faire face à plusieurs problèmes techniques. Si les soucis de micro de Bryan (Spink) vont vite apparaître (mais on commence à être habitués), le leader californien devra faire face à des problèmes de son de sa guitare, obligeant Renata (Castagna) à « meubler » seule. Et parce que sinon ce n’est pas marrant, Monte devra également faire face à une basse aphone, il y a des soirées comme ça…On aura quand même eu l’occasion de s’en prendre plein les oreilles avec un groupe qui mérite lui aussi une attention dans un genre pourtant pas mal saturé.
Un bon apéro (ouais après tout, on commence à avoir la dalle) avant de passer à l’Inconnu du jour, les fameux Altered Beast, pour lesquels les rumeurs allaient bon train tout le week-end. D’abord une batterie à double grosses caisses, puis une impressionnante pile d’amplis GREEN (= public, tu vas prendre cher), on commence à avoir des très gros soupçons. Alors quand on apercevra Jon Davis (pas Jonathan Davis), un gros « aaaaah, Altered Beast c’est donc Conan ! » émanera de la fosse. En tout cas bien joué, le secret aura été plutôt bien gardé, bon effet de surprise pour la plupart d’entre nous.
Bon, j’avoue, je ne suis pas un grand fan de Conan, et j’avais eu du mal à apprécier leur concert il y a un an ici même, trouvant ça bien trop monolithique. C’est donc une nouvelle tentative de changer d’avis, d’autant plus que leur dernier album Revengeance, sorti en début d’année, est sacrément bon alors…Mais ce soir, pas de Chris Fielding à la basse, c’est Renata (de Samothrace) qui va troquer sa guitare pour une quatre cordes, juste le temps d’enfiler un sweat à capuche, histoire de rester au maximum dans cet esprit de sludge à capuche et c’est parti pour une avalanche de gros blasts qui vont faire augmenter la chaleur du Glazart de façon exponentielle. Si la musique de Conan est des plus brut, sans concession aucune (ne cherchez pas l’once d’une mélodie, c’est pas le genre de la maison), force est d’admettre que ce soir j’arrive vraiment à apprécier cette puissance, notamment grâce à un batteur qui saura varier son jeu plutôt que d’être dans le blast primaire, offrant à un son des plus écrasant un peu de variété, même si mes jambes continueront à trembler même après la fin du set. C’était bon, très bon, et j’ai même du coup envie d’aller les voir au Motocultor, c’est dire…
Et histoire de, on va continuer dans les groupes dont la prestation au Glazart m’avait peu emballé, et c’est peu de le dire lorsque je parle des Hollandais de Toner Low. Si visuellement j’avais apprécié leur jeux de lumière psychédéliques, qui ont donné des photos très sympas, musicalement c’était une toute autre histoire, et autant le dire, à jeun et sans être adepte de la fumette, je m’étais vraiment fait chier, et c’était le groupe de la journée que j’appréhendais le plus. Pourtant, l’idée de jouer un de leurs albums par soir était vraiment une bonne idée et d’avance il y avait de quoi saluer la performance, peu importe ce que ça allait être, la générosité du groupe est plus qu’appréciable.
Second soir, c’est donc le second album qui nous sera joué en intégralité. Au niveau de la mise en scène, on ne change pas une identité entre projection psyché sur la grosse caisse de Jack, et ces variations « psycho-canabistiques » sur leur mur du fond, offrant toujours ces mêmes jolis effets, effets qui changent radicalement avec les lumières disons « compliquées » auxquelles on a à faire face habituellement au Glazart. Ambiance sur scène donc, et aussi dans la salle où un doux parfum d’herbe commence à envahir un peu la salle, sans pour autant être étouffant, aidant apparemment certains à mieux apprécier les quatre titres de l’album présenté ce soir. Et, à mon grand étonnement, ces quatre titres vont bizarrement passer très vite, j’ai même du mal à redire quoi que ce soit sur ce que le combo nous a donné ce soir : pas des masses varié (ce n’est pas le but après tout) mais pas chiant, une bonne dose d’humilité, un Jack toujours un peu dans le cosmos derrière sa batterie, refusant pourtant que l’on rajoute de la fumée, et Miranda (basse) comme Daan très concentrés avec lesquels, et ça me fait bizarre de le dire, j’ai passé un très bon moment, PLUS JAMAIS je ne dirai que je n’aime pas Toner Low. Mission réussie une nouvelle fois, et pourtant ce n’était pas gagné d’avance, loin de là, vu que mon truc à moi c’est un davantage le genre du groupe qui va suivre, et qui sera notre tête d’affiche vu que pour des raisons logistiques on devra faire l’impasse sur Crowbar.
Sauf qu’avant de voir Trouble, on commence à avoir la dalle. Malheureusement, on nous annoncera que le foodtruck a fermé vers 22h et qu’il n’y a plus rien à bouffer…moche, très moche. Retour dans la salle donc pour voir le maximum du légendaire combo américain avant de devoir repartir. Plus de trente ans se sont écoulés depuis la sortie de leur album éponyme. Et si les cheveux de Rick (Wartell – guitare) ont un peu perdu de leur blondeur, le bandana de de Bruce (Franklin – guitare) est toujours là, tout comme leur énergie, intacte. D’énergie il sera fortement question dans cette leçon de heavy doom que le quintet originaire de Chicago va nous offrir : là où la plupart des groupes vu ce soir auront été plutôt statiques, avec Trouble on retrouvera la patate des show de heavy metal emmené par un Kyle Thomas généreux et épatant, nous faisant même très vite oublier la frustration de ne pas pouvoir voir Trouble avec Eric Wagner, d’autant plus que le son est ENFIN bon, exigence dans les balances (avec en prime une petite dose de « Heaven & Hell » repris par le sieur Thomas) ou un ingé son qui se réveille vraiment, surtout quand on a affaire à un vrai chanteur qui chante…
Tête d’affiche oblige, c’est d’ailleurs la première fois de la soirée qu’il y a autant de monde dans la salle, preuve aussi que le public sait apprécier du doom avec des mélodies. Et des mélodies comme des gros soli ont va en avoir pour notre argent, et avec les poses qui vont avec (après tout, c’est du heavy metal avant d’être quoi que ce soit d’autre), Kyle s’adonnant même à du air-guitare, tant qu’à faire. On prend notre pied avec ce doom « universel », et on reculera au maximum notre départ. Malheureusement il faudra bien partir, avec de grands regrets de ne pas pouvoir en entendre plus, ce soir, et même demain. Car si, et ça s’est vu, je venais presque à reculons, ma seule envie était, après ce soir, de revenir le lendemain pour la troisième et dernière journée de ces Doomed Gatherings.
Bravo messieurs, vous êtes parvenus à plus qu’enthousiasmer un vieux râleur comme moi, ce n’était pas gagné, mais dans l’ensemble vous avez hyper bien assuré (bon, sauf pour la bouffe et le son, mais on ne va pas revenir là-dessus), un grand merci et vivement la suite !
Texte : Mats.L
Photos : Mel B.& Mats.L
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