PSYCHED GATHERINGS @ Glazart, Paris – 24/04/2016

Ah qu’il nous avait manqué ce Glazart. Après quelques soirées d’infidélité au profit du Divan du Monde et d’autres petites salles parisiennes, on a bien évidemment répondu à cet irrésistible appel du Fuzz envoyé par la team des Stoned Gatherings, qui en ce dimanche d’Avril aura choisi de se décliner en Psyched Gatherings, nous proposant pas moins de six groupes, rien que ça.

Alors qu’une bonne partie du public continue de profiter de la terrasse du Glazart, on fonce découvrir le groupe qui a commencé à jouer il y a déjà quelques minutes. On nous avait dit le plus grand bien de ce trio suisse, emmené par un Manuel Bissig au charisme instantané, épaulé par Lukas à la basse et Rudy à la batterie.

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D’abord fasciné par l’immense pédalier de Lukas dont la cinq cordes fera des merveilles, c’est surtout leur leader qui attirera le plus notre attention comme vous l’aurez compris. On s’attendait à un groupe inexpérimenté et hésitant pour ouvrir cette soirée, il n’en n’aura été rien, si a plusieurs reprises le groupe nous rappellera qu’il fait du stoner, avec des riffs typiques du genre, il y a chez Sons of Morpheus un putain de groove, un truc en plus, leurs influences blues sont très marquées (et pas que dans la peau de Manuel dont le portrait de Jimi Hendrix orne le bras), et on a droit à un mec qui sait vraiment chanter, ce qui n’est pas si courant dans le genre. Au final, une excellente découverte, pour ce qui sera un des vrais gros temps forts de la soirée, juste avant de retrouver nos chouchous et locaux de la soirée, Domadora.

sons of morpheus

Changement de plateau rapide, tandis que la foule commence véritablement à investir la salle pour voir les parisiens défendre (si tant est qu’ils en aient besoin) leur nouveau bébé, The Violent Mystical Sukuma, sorti le 13 avril dernier et dont la chronique sera bientôt disponible sur The Unchained. On retrouve un trio très détendu, souriant, qui a hâte de partager ses nouveaux morceaux.  Comme à leur habitude, et c’est pour moi une des vraies forces du groupe – cette capacité à former à chaque concert un tout avec l’ensemble de leur setlist, afin de créer une espèce de morceau unique, progressif au possible, sans jamais permettre au public de relâcher son attention, et cette fois encore ce soir, ça fonctionne. Le set passe super vite, on est totalement embarqué dans le voyage, et on sent que le groupe est de plus en plus à l’aise, avec un William toujours autant habité par son art, tellement qu’on a parfois l’impression que le groupe est en roue libre, histoire de donner cette impression d’une musique hyper spontanée et instinctive (je pourrais, mais je me refuse de me lancer dans une interprétation psychanalytique du groupe, où Will représenterait le « ÇA », Alex le « MOI » et Guillaume le « SURMOI », tant mieux pour vous).

Domadora

Pourtant, parce que j’ai envie de pinailler un peu, j’ai préféré leur prestation en ouverture de Baroness, peut-être parce qu’appelés à la dernière minute, ils ont dû préparer un set à l’arrache, et là pour le coup, il y avait une bonne prise de risques avec un public apriori moins venu pour eux, mais c’est juste un avis. Domadora reste un groupe génial et on espère une seule chose, les revoir très vite et se faire à nouveau embarquer dans leur voyage mystique. Pourtant, il va falloir repartir, d’autant plus que les ennuis vont commencer à arriver. Par ennuis, j’entends une certaine prise de retard sur l’horaire prévu, et surtout des problèmes de son qui vont gâcher notre plaisir pour les quatre  groupes à venir.

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D’abord avec Goatess. Je pensais que le Fuzz était synonyme d’aérien, planant, le genre de trucs qui nous fait voyager, et c’est pourtant des riffs doom écrasants que les suédois vont balancer à un public qui commence sérieusement à s’exciter. Tandis que j’aime beaucoup le groupe en album, force est de constater que ce soir ça ne prend pas. Christus, leur chanteur, ne semble pas au meilleur de sa forme, l’air un peu hagard et lorsqu’il commence à chanter, c’est plutôt faux voire désagréable,  on a presque l’impression d’entendre Lemmy qui ferait du doom, dommage. Le chant est donc assez limite ce soir, alors qu’il oscille en temps normal entre du Ozzy et du Messiah Marcolin (ex-Candlemass), d’autant plus qu’il est en partie couvert par une basse bien trop fort qui ruine l’ensemble et qui donne cette impression de bouillasse, grasse mais pas celle qu’on aime, et ça fait chier parce que le groupe se fait rare en France et qu’on sait qu’il vaut bien mieux que ça.

Malheureusement, les déceptions vont se suivre, même avec les américains d’Ecstatic Vision, et le pire c’est que ce n’est même pas de leur faute. Combo prodige et complètement barré, ou comment intégrer des éléments de krautrock dans une base stoner-psyché. Pourtant ça commencera bien, pendant les balances on entendra parfaitement le saxo de Kevin Nickles comme tous les autres instruments. Sauf que lors du live, le son se résumera à basse-guitare-batterie.

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Les concerts de air-saxo ou de air-flûte c’est sympathique, mais quand on vient voir Ecstatic Vision, on vient en partie pour profiter des particularités du groupe, même s’ils se donneront du mal pour faire le show, parce que les mecs sont bien bien barrés, en plus d’avoir des looks improbables, entre un chanteur qui viendra chanter dans le pit, et Kevin Nickles qui descendra faire le fan, pour ça on adorera leur prestation. Pour le reste, on restera sacrément sur notre faim, déçus de ne pas avoir pu profiter de tout le talent du combo américain.

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Mais heureusement, il y a aura encore quelques réjouissances ce soir, avec Bang, pour la première fois en Europe et en France en 45 ans (sic). Légendaires mais souvent dans l’ombre de groupes plus connus, on accueille avec grand plaisir le duo Frank (qui ressemble étonnamment à un Steve Morse avec quelques années de plus) et Frankie, accompagnés de Jake Leger à la batterie. Force est d’admettre que les deux sexagénaires sont sacrément en forme et vont donner une putain de leçon de rock’n’roll et d’humilité à pas mal de jeunes groupes : Si musicalement on est dans un hard rock psyché assez classique (faut pas oublier que le groupe s’est formé dans les années 60), scéniquement c’est un pur régal.

Les mecs sont absolument épatant et nous feront une belle démonstration de jeu de scène, devant les quelques fans qui visiblement attendaient cette venue avec une grande impatience, plutôt peu démonstratifs jusqu’à présent (on apprendra quelques jours plus tard que le groupe devra mettre un terme à sa tournée européenne en raison des problèmes de santé de leur jeune batteur, sacrément ironique). Que dire de plus, Bang aura été pour moi le deuxième gros temps fort de la soirée, groupe dont j’ignorais l’existence, alors un vrai grand merci aux Psyched Gathering pour être parvenu à faire venir ces légendes, et merci au public qui aura su les accueillir comme il se devait, même si la plupart d’entre eux  n’avait pas forcément l’âge de les connaître.

Une salle apaisée après un joli moment de communion qui s’apprête à accueillir la tête d’affiche du soir, à savoir Karma to Burn, ou la promesse d’un set et d’un public totalement explosif. Et dans les deux cas on ne sera pas déçu : William Mecum, bavard et toujours aussi démonstratif et son groupe, dont l’excellent Eric von Clutter au poste de bassiste, va nous balancer un florilège de leur discographie, avec bien évidemment des titres du tout dernier EP Mountain Czar sorti en Février dernier, jusqu’à « 8 » issu de leur toute première sortie.

Un set hyper dynamique, sur scène comme dans le pit où on assiste à un sacré bordel, les pogos (avec même le sax d’Ecstatic Vision qui se joindra au public) et les slams s’enchaînent comme prévu avec plus ou moins de réussite pour certain(e)s. Si je préfère l’autre groupe avec « karma » dedans [My Sleeping Karma ndlr], force est d’admettre que voir K2B en live fait toujours son petit effet, pour peu qu’on n’ait pas peur de se faire bousculer. C’est carré, efficace et on n’est jamais déçu, le groupe fait parfaitement le job et j’espère vraiment qu’Eric Von Clutter fera un long bout de chemin avec le groupe parce qu’il possède une sacrée classe.

Contrat une nouvelle fois remplie donc pour les Stoned Gatherings, qui aura permis comme à chaque fois de découvrir un jeune groupe bien balèze tout en faisant venir du groupe culte comme du groupe local, bien joué, et merci encore, même si par pitié, faites un effort pour le son la prochaine fois, parce que même si on retiendra les aspects positifs de cette soirée, la mauvaise qualité sonore aura ruiné quelques sets qui auraient dû être fabuleux. Rendez-vous bien évidemment mi-mai pour les Doomed Gatherings dont l’affiche est quand même sacrément bandante…

Texte : Mats L.

Photos : Mélanie B./Mats L.

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