
Le 1er avril dernier sortait le DVD live des vingt et un ans de Black Bomb Ä, le 21 YEARS OF PURE MADNESS. Hervé et Arno ont donc accepté de parler de tout ce temps que passé ensemble. Il doit bien y avoir de sacrées histoires à raconter ! Pour l’événement, vingt et unes questions pour partager toute cette aventure.
- Donc en parlant de «Pure Madness», quelle a été VOTRE pure folie durant ces 21 ans ?
Arno : Il y en a eu plein, c’est ça justement, c’est vraiment vingt et un ans, on fait les fous tout le temps, enfin on se calme de temps en temps mais pas sur scène !
Hervé : On vit encore vingt et un ans après, c’est ça la vraie folie ! C’est d’avoir encore autant envie sans lassitude même si des fois on a des coups de barre, et la lassitude d’être loin de chez soi d’accord, mais pas de monter sur scène ! Tu as beau être malade ou tout ce que tu veux, une fois que tu as mis les pieds sur scène t’as tout oublié ! Et ça c’est une pure folie c’est clair, c’est un moteur.
Arno : et après il y a des folies… tout ce qui se passe dans le camion reste dans le camion (Rires)
- Et la pire folie ?
Hervé : C’est quand on a des concerts annulés! On en a eu deux ce mois-ci de reportés, ça c’est de la pure connerie, c’est nul parce que c’est pas bien pour nous et pour les gens qui ont achetés leur place. C’est pas sûr qu’ils puissent revenir la fois d’après. C’est pas très très grave mais bon…
Arno : C’est quelque chose qui nous fait vraiment chier.
- Le pire moment qu’a vécu le groupe ?
Hervé : C’est à chaque fois qu’il y a eu des séparations, il y a eu beaucoup de changement de line-up, à chaque fois c’est un déchirement, que ce soit involontaire ou pas. Après, ça peut être des erreurs de parcours, des mauvais choix qu’on a pu faire. Après tant que ça ne touche pas la musique ça va !
- Une anecdote sur une aventure bien hardcore que vous avez pue vivre ensemble ?
Arno : Oula ! On ne va pas parler de drogue c’est moyen !(rires)
Hervé : Non on est complètement straigh-edge (rire) En grosse galère, Arno n’était pas là à ce moment-là, mais là première fois qu’on a joué en Russie, on a joué à Moscou c’était exceptionnel ! On n’avait aucun album distribué là bas, il y avait 400 personnes là-bas qui chantaient nos morceaux, on n’avait même pas terminé l’intro que les mecs chantaient “Mary”, c’était un truc de fou ! Donc le lendemain on jouait à Saint-Petersbourg, on était tellement bourré quand on s’est couché qu’on a loupé l’avion, donc on a dormi toute la journée dans l’aéroport en attendant le prochain avion. On est arrivé cinq minutes avant de jouer, on a fait le concert et on est reparti après, donc ça ça allait…
L’année d’après on est retourné avec le même promoteur pour refaire les mêmes salles, donc premier concert à Moscou c’était super, pour le deuxième on nous dit qu’on y allait en camion. On est parti avec un mec qui avait conduit douze heures sans s’arrêter, sous la neige, il roulait à fond les ballon, on a cru qu’on allait mourir ! A un moment il est tombé en panne d’essence, il est sorti du camion avec un jerrycan, il faisait signe aux bagnoles, elles s’arrêtaient pour lui mettre de l’essence, on était en terreur totale ! Après on est arrivé là-bas à la bourre ! Le mec a voulu qu’on reparte toute de suite après, nous on n’était pas d’accord mais on avait pas le choix de toutes façons, donc on est revenu à Moscou pour repartir dans une autre ville, au sud de la Russie, en train, et là on lui a dit d’aller se faire foutre on rentre chez nous !(Rires) Là c’est nous qui avons annulé, on était morts! Après il y a d’autre trucs , mais c’est vraiment ce genre de galères qui nous ont tuées ! Ça ne nous a pas donné envie de ne plus y aller parce qu’on a hâte d’y retourner, déjà avec Arno, mais voilà ça nous a usés ! La Russie c’est quand-même bien le bordel ! C’est compliqué, surtout dans le circuit où on est nous.
Et c’est pas fini ! (Rires) La troisième fois qu’on est retourné, c’était juste avant les J.O. de Sotchi , on était assignés à résidence tout le temps. C’est à dire qu’on nous a pris, mis dans une maison, pas le droit de sortir ! On ne savait pas où on était. On venait nous chercher pour jouer notre concert, on nous ramenait. On avait tout ce qu’on voulait mais on n’avait pas le droit de se balader ! C’était pourri là par contre ! Enfin on s’est bien pinté la gueule, c’est des images qu’il y a dans le DVD, ils nous avaient laissé plein de vodka, on avait tout ce qu’on voulait, mais on on avait pas le droit de bouger.
- Et toi Arno, tu as bien dû avoir une anecdote ?
Arno : Oui une fois il y a un truc qui m’a choqué, il n’y a pas très longtemps, une mineur qui m’a proposé de me sucer !!! J’étais un peu verdâtre là ouais…Pourtant je ne suis pas facilement choquable mais là….Ouais ça m’a vraiment choqué !! Et la meuf dans le normal, elle vient me voir, me demande un autographe en plus sur ses seins… Donc bon, comme c’est une gamine c’est… pffff… ouais ok aller je lui fais, après on parlait et je lui demande si elle passe une bonne soirée et c’est là qu’elle me dit qu’elle m’aurait bien sucé… What the fuck !!! Je l’ai envoyé bouler évidemment !!
Hervé : Ça c’est ce qu’il dit, attends tu veux les photos? (rires)
Arno : (Rires) Attend à 14 ans c’est flippant !!! Ma fille a 13ans, ça me rend ouf ! C’est ouf d’avoir une gamine de 14ans avoir ce genre de propos !! Voilà, donc c’est un peu dégueulasse.
- Fallait du dégueulasse, c’était le but (rire). Sinon un souvenir d’un de vos meilleurs lives ?
Hervé : J’ai bien aimé le Hellfest, on ne s’attendait pas à avoir autant de monde le vendredi à 13h, après on se rend compte avec l’expérience que souvent le meilleur concert c’est lui où tu ne t’y attends pas. T’arrives, t’aimes pas l’endroit ni la salle, le son n’est pas terrible et puis le soir c’est la guerre ! Un concert super ! Alors que des fois on s’attend à un truc génial, t’as tout qui est là et puis finalement il y a pas d’ambiance. Comme par exemple Bordeaux, c’est une ville où je n’aime plus aller jouer !
Arno : Bordeaux c’est très spé, j’y ai vécu deux ans, c’est pas une ville très rock’n’roll.
Hervé : J’ai été déçu à mort, quelque soit l’endroit ! Le public est devenu ce que nous provinciaux ont disait des Parisiens. C’est-à-dire que t’allais jouer à Paris, ils te dédaignaient un peu et j’ai l’impression qu’à Bordeaux c’est devenu comme ça. Tu vois les musiciens au fond du bar entrain de compter les pains…Les Bordelais sont sympas mais en musique on dirait qu’ils sont blasés alors qu’il ne se passe rien !
Arno : Enfin si ! Ils ont une grosse scène électro, pop, mais au-delà de ça il n’y a rien
Hervé : Et ça se vérifie vraiment avec d’autres groupes aussi, qui font moins de monde là bas, à moins qu’ils aient tous deserté pour Toulouse.
Arno : Alors pour moi c’était le Reperkusound, il y avait The Exploited. C’était la première fois qu’on jouait avec eux, vers 2005 par là [Ndlr, 2007] et on jouait sur la scène 2.
Hervé : Ah oui ! Quand le public a bougé la scène ! Ils l’ont collée au mur !
Arno : Ouais la scène était disposée d’une telle façon qu’il y avait des gens tout autour, putain on s’est chié dessus ! C’était la guerre, j’ai jamais vu un pit pareil !! C’était bien ça !
Sinon j’avais bien aimé le Furyfest et à la mairie de Paris aussi, pour le KO Social [Ndlr, 26 septembre 2004]
- Votre pire live ? Par exemple, j’ai re-regardé votre premier DVD du live à St Nazaire (Illicite Stuff Live) où le public n’était vraiment pas terrible...
Hervé : On nous a demandé pourquoi on avait refait un DVD live, et j’ai répondu que l’Illicite Stuff Live est bien mais il ne reflète pas du tout Black Bomb sur scène ! Le public est assez calme, et on n’était pas à donf ! En faite c’est les images de deux concerts, c’est un scoop que je vous donne là (Rires). On avait fait deux concerts de suite, et on a pris les meilleurs moments, on avait remis les mêmes t-shirts et tout.
Arno : C’est vrai qu’on avait dû laver les fringues, parce que ça puait la sueur… (rires)
Hervé : Oui en plus c’était pas le même public, si tu regardes bien, si tu cherches bien tu dois bien voir que c’est pas les mêmes devant. Et donc il ne fait pas partie de mes meilleurs souvenirs de scène ça c’est sûr
Arno : Alors moi le pire, c’est en rapport avec Black Bomb mais c’était pas avec eux, c’était avec No Flag. On jouait en Suisse ou je ne sais plus où, dans le sud, et le lendemain je jouais avec No Flag, on s’était mis la race, j’étais sur-fatigué, j’avais fait genre 700kms pour rentrer, c’était la misère. J’ai fait un concert de merde, j’avais rien dans le sac, j’avais pas de voix… Moi c’est mon pire souvenir
- Vingt et un ans de tournée donc ! La ville qui ne vous a jamais déçue ?
Arno : Colmar, Mulhouse, Sélestat, à chaque fois qu’on a joué là-bas c’était de la grosse bagarre !!
Hervé : Mulhouse, Colmar, c’est pas pour rien qu’on a fait le DVD là-bas ! On n’est jamais déçu dans l’Est, notre fanbase principale est là bas ! Après Bordeaux déçu total, sinon on a des bonnes surprises avec des bleds.
Arno : Lille en général ça se passe bien, la Bretagne aussi !
- La chanson que vous adorez toujours autant jouer en live ?
Hervé : En ce moment je préfère jouer “Double” de Speech Of Freedom, qu’on avait délaissé et qu’on a ressorti depuis un an
Arno : “Double”, je suis assez d’accord avec Hervé, et “The Point Of No Return” du dernier album
- Celle qui commence à vous fatiguer un peu ?
Arno : “Mary” !! Je la sur-déteste !
Hervé : “Mary”, je n’en peux plus, j’en ai marre !! Et puis elle prend la place d’un autre morceau, comme on a toujours des setlists d’1h – 1h10, si on pouvait enlever “Mary” et “Police Stopped Da Way” j’en ai ultra marre aussi !
Arno : Oh “Police Stopped Da Way” j’ai toujours kiffé la faire !
Hervé : Ouais mais je me fais chier en la jouant, par contre elle est super interactive avec le public, elle marche ! Mais ça c’est mon avis perso, je m’emmerde à la jouer celle-là ! Je m’emmerde comme un ras mort ! Comme un Breton sans chouchen !! (Rires)
- Est ce que vous avez un souvenir, le plus chelou, d’un de vos fans ou groupies que vous avez rencontré pendant ces vingt et un ans ? On a eu la réponse pour la petite groupie de 14 ans, mais sinon ?
Hervé : On a déjà eu des fans un peu collant. On a eu un gars de l’Est, je ne vais pas donner de détails mais qui nous a suivi pendant longtemps. Qui a pris un peu plus de libertés et de l’assurance avec nous, on a toujours mis une certaine distance puis un jour on lui a permis de venir dans la loge. Il a foutu le bordel, il a bu tout notre alcool, s’est bourré la gueule… Et ça s’est très mal fini ! On n’a plus voulu le voir, ça nous a fait chier. On l’a revu quand on a recommencé les concerts, à Belfort, et il est arrivé avec une grosse bouteille de Jack pour s’excuser. Après voilà ça c’est pas grave, sinon on a jamais été harcelé. Si être harcelé, moi, par quelques nanas mais ce n’est jamais arrivé (rire)
Arno : Il y a des moments sur facebook t’as des mecs qui vont te raconter leur vie, je vais pas les envoyer chier parce que t’as pas le droit, t’as un minimum de respect à avoir, de temps en temps t’as des mecs qui sont un peu intrusifs quoi, mais c’est pas méchant, il y a rien de méchant là-dedans.
Hervé : Je pense qu’à leur âge, en tous cas si j’avais moins de 20 ans maintenant, peut-être que si on avait eu l’accès à des réseaux sociaux comme maintenant, peut-être que j’aurais été pareil, j’aurais voulu savoir, sans fanatisme aucun.
- Du groupe, quel membre est le plus relou dans le van, quand vous partez en tournée ? On veut de la délation !
Hervé : C’est sûr c’est pas moi !
Arno : On est cinq musiciens, je suis dans le top 3 des relous !! (Rires)
Hervé : Jacou [Ndlr, bassiste]! C’est le numéro 1 !! C’est normand, c’est presque un Breton
Arno : Il râle tout le temps !
Hervé (à Jacou) : Elle demandait qui était le plus relou dans le van
Jacou : Ah bah c’est moi (rire)
Hervé : Et en deuxième…
Arno : Moi peut-être non ?
Jacou : Il est relou parce qu’il ronfle !!!
Arno : Je ronfle et je parle fort !
Hervé : Et pour moi ils sont tous relous parce que je suis non-fumeur et qu’ils fument dans le bus quand-même, ils n’en ont rien à foutre de ma gueule
Arno : T’es relou parce que t’as des cheveux toi !
Hervé : Ouais mais je ne vous contamine pas avec mes cheveux (Rires)
- Le membre le plus assoiffé ?
Hervé : Poun et moi on est alcoolique !
- Le plus déjanté ?
Hervé : Celui qui peut plus facilement péter les plombs dans le bon et dans le mauvais c’est Poun . Il peut vite être relou agressif et il peut être aussi super incroyable dans une soirée, à se foutre à poil par exemple !
- Le plus vénère ?
Hervé : Jacou c’est la révolte, en gros le syndicaliste (Rire), moi je suis le pépère tranquille, Sasam c’est le plus calme, sinon Poun ouais. Bah on n’est pas facile
Jacou : Ça dépend des sujets, on se supporte
Hervé : Parce qu’on se connait bien, mais on se rentre dans le lard quand-même souvent
Arno : On est tous, dans le groupe, à avoir une grande gueule, mais Hervé est plus diplomate, il est très médiateur
Hervé : C’est l’expérience
- Après le concert, vous êtes plutôt After Show ou Sérieux After Dodo ?
Jacou : After Show bouillant direct ! On fait des tournées pour les afters, d’ailleurs on se dit que le prochain tour de Black Bomb s’appellerait L’After Tour ! (Rire)
Arno : On est des warriors ou on ne l’est pas !
Hervé : Par contre, on est toujours un peu déçu, parce qu’à Paris tu ne peux pas trop traîner. Nous on aime bien traîner dans les loges, tout boire et après aller se finir au bistro. On est souvent troisième mi-temps à l’hôtel et à se coucher à pas d’heure.
- Le plus gros after ?
Arno : A Colmar !! Strasbourg avec The Exploited !
Hervé : C’est toujours l’Est !!!
Arno : En Suisse aussi !!! Et la dernière au Québec ouais !!
Laurent Lefourb : Demande plutôt la moins pire (Rire)
Hervé : La pire c’est quand il n’y a pas d’after !
- J’imagine que vous vous amusez a faire des blagues entre vous. Quelle a été celle qui a vraiment déparée ?
Hervé : On est tous un peu susceptibles
Arno : Une fois en Allemagne à Cologne, j’ai laissé une chaussette sur le nez à Poun, et c’est parti en vrille le matin mais c’est tout. C’était une blagounette méchante
Hervé : Si ! La fois où tu avais laissé tes fringues dans un sac poubelle!
Arno : Ah bâtard ! (rire) Je mets mes fringues dans un sac poubelle en fait, et je le pose à coté de mon sac
Hervé : Et nous on vide la loge, on a cru que c’était un sac poubelle et on avait mis toutes les ordures dedans, les canettes enfin, on a tout vidé ! Le pire c’est que c’était pas une blague là ! (Rire)
Arno : Putain j’ai pété un boulard de ouf !
- Est-ce que la vibe de vos débuts est toujours la même aujourd’hui ?
Arno : à 400% !! C’est le kiff de partir et faire les cons, c’est comme si on partait en colonie en fait !
Hervé : Ça ne m’est jamais arrivé de ne pas avoir envie parce que j’étais malade ou autre. Le jour où vraiment ça me fera chier, que je n’ai plus envie de les voir, j’arrêterai
Arno : Je n’ai jamais eu l’impression de travailler de ma vie, je ne suis jamais parti faire un concert en me disant que c’était mon boulot. C’est une grosse chance !
- Encore là dans vingt et un ans du coup ?
Arno : Aloooors à ce propos !! (Rire)
Hervé : Dans vingt et un ans ?? Je pense que je ne pourrais pas le faire ! J’ai déjà du mal à récupérer !
Arno : J’aurais 68 ans, ça va être chaud ! Après si je fais tout le temps des dialyses comme les Rolling Stones ou Iggy Pop, il y a peut être moyen mais ça va être compliqué !
- Où allez-vous chercher toute cette folie ?
Arno : Je pense que si je n’avais pas les concerts régulièrement, je péterais un boulard, j’ai eu cette sensation quand j’ai arrêté Black bomb pendant des années, presque six/sept ans
Hervé : C’est un exutoire
Arno : Besoin de cracher mes tripes, me laisser aller, vider tout ce qui est négatif en moi, ouais c’est notre thérapie à tous ! (Rire)
Merci beaucoup les gars pour ce super moment dans la joie et la connerie, pour ce temps que vous nous avez accordé, et merci à Verycords !
Interview réalisée par Lëaa et Anthony
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