RENCONTRE AVEC HELL OF A RIDE

C’est en décembre, au premier étage du Hard Rock Café du boulevard Montmartre, que l’on avait rendez-vous. Lieu qu’on commence à assez bien connaitre mais aussi lieu parfait pour rencontrer le groupe du jour: Hell Of A Ride. Formation rock parisienne qui s’est fait connaître avec un premier E.P aux accents Rock n’ Roll bien léchés et à l’esprit Tarantinesque. Aujourd’hui on part à la rencontre de la Bête Noire, premier album de la formation et c’est avec Djej, frontman du groupe, que l’on va découvrir cette bête et d’autres secrets des riders parisiens.

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Si tu me permets, on va commencer directement dans le vif du sujet. Comment sont les premiers retours concernant l’album ?  

Et bien les premiers retours sont très très bons. On a déjà eu des chroniques qui sont tombées avant cette journée promo. On va dire que pour l’instant la pire qu’on aie eu c’est je pense qu’a priori le mec ne sait pas exactement ce qu’il écoute mais que globalement il a dit que c’était très bien fait. Donc voila c’est la pire chronique pour l’instant qu’on aie eu donc ça va, on s plaint pas trop. Après ça va du très bon à excellent (rires) et sans aucune vantardises. Les retours sont très bon.

Et bien tu sais qu’on était fait pour faire cette interview ensemble car The Unchained (Django) et votre côté Death Proof. 

Je pense aussi (rires). Et bien oui, complètement, on est parti franchement dès l’EP sur ce côté cinématographique et le Grind House estampillé Rodriguez et Tarantino bien évidemment.  On essaie de s’en détacher un peu sur Bête Noire, surtout par rapport aux aventures de Mad Dog qui sont moins estampillées par rapport à L’EP. Il y avait de interludes vocaux où c’est moi qui faisait la voix du personnage. On y a pensé aussi sur l’album, mais on s’est dit non, qu’on allait vraiment se focaliser sur la musique sans perdre la trame de ses aventures mais qu’on retrouve là dans le booklet en forme de journal qu’il écrit tous les jours à la suite de ses péripéties et de personnages qu’il va rencontrer au fur et à mesure tout en rajoutant de lyrics comme s’ils étaient écrits par lui, comme une trame de l’histoire. On ne voulait pas tous les mettre, on les mettra sur le site, on souhaitait garder ce côté journal écrit par Mad Dog. On reste sur une suite ouverte comme sur la fin de l’E.P.

“On est parti franchement dès l’EP sur ce côté cinématographique et le Grind House estampillé Rodriguez et Tarantino bien évidemment”

Le côté cinématographique reste tout de même assez présent sur Bête Noire comme avec le morceau “From Dusk Till Dawn”. 

Et bien tu sais quoi? “From Dusk” au départ on n’en voulait pas, c’est un de premier morceaux qu’on a composés au tout début. Il n’était pas sur L’EP. et moi j’avais vraiment envie qu’il soit sur cet album, on ne pouvait pas le laisser en dehors car c’est un morceau qu’on adore et donc voila c’est un élément fondateur d’ Hell Of A Ride, je voulais qu’il apparaisse sur cet album, je ne voulais pas le laisser de côté.

Influence grindhouse, des titres en anglais et un Mad Dog purement américain dans le style, donc pourquoi Bête Noire comme titre d’album ?

Bête Noire c’est un petit peu arrivé sur toute la phase de composition, trois mois intensifs, même s’il y avait avec les morceaux qu’on jouait aussi déjà en concert avant les préprods de l’album. Au passage, ils ont vachement évolué lors de l’enregistrement en plus. On trouve “Hell Of A Ride”, “At The Drive In” qu’on jouait en concert déjà et ce sont de morceaux qui ont pris énormément de level grâce à Kallaghan notre producteur, mais il y a eu vraiment trois mois où on a vraiment bossé comme des fous, et il y a beaucoup d’émotions personnelles qui ont été retranscrites au niveau de morceaux, au niveau de textes, même si des morceaux restent sur la trame des aventures du personnage. Ils sont très ciblés, pour le coup “Hell of A Ride” est très ciblé sur les aventures de Mad Dog ou d’autres qui sont plus intimistes comme par exemple “Reign Of Fuel” ou “Everything’s Missing”, voir même “Wicked”.

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“C’est la bête noire de Mad Dog, mais c’est aussi la nôtre.”

Dans cette trame, l’émotion par rapport à notre vécu personnel a aussi été vachement retranscrite dans cette album. Et c’est un petit peu Bête Noire, on a essayé de trouver un titre en anglais mais c’est un peu arrivé comme ça. Nos émotions retranscrites dans cet album, on s’est aperçu que c’est aussi un peu la Bête Noire de ce personnage car si on reprend sur l’E.P. c’est un mec qui veut sa dernière cascade, il veut vraiment se foutre en l’air, il a trop vécu, il n’en peut plus, et avant de se faire cette fameuse dernière cascade tu vois, comme la fin de Thelma et Louise, et bien il se fait voler sa voiture et tout part de là !  Il veut retrouver sa voiture et toutes les péripéties qui suivent dans cet album alors que ça devait être à l’origine la fin de l’aventure mais tout compte fait tout part de là. Et puis Bête Noire aussi parce qu’on s’est dit que les Américains utilisent beaucoup de formules francophones parce que il n’y a pas de traduction littérale pour ça, et c’est un peu une expression que les Américains reprennent telles quelles, “Bête Noire” pour parler un peu avec cet accent. C’est donc venu vraiment comme ça, on retranscrit toutes nos émotions  au sein du groupe et on le fait vivre à travers ce personnage. C’est la bête noire de Mad Dog, mais c’est aussi la nôtre. Et au final, il y a aussi cette fameuse connotation française car on reste un groupe français aussi bien ans le titre mais aussi à l’intérieur de la pochette, on retrouve la photo avec ces nanas qui pourraient faire très bien américaines sauf qu’il y a la Tour Eiffel. Au final c’est un clin d’œil aussi.

Et bien en parlant de cette transcription des émotions via Mad Dog qui est le prisme d’ Hell Of A Ride, pour toi comment se passe l’écriture de textes ? 

Tu sais je n’ai pas été le seul à écrire. Pour revenir à cette phase de préproduction, il y a eu un affect très personnel via une rupture très douloureuse pile au moment de l’enregistrement de cet album. Ce qui fait aussi que j’ai sorti des trucs que je n’aurais peut être pas pu sortir si j’avais été heureux. Ça y fait beaucoup et ça a été retranscrit pendant l’enregistrement car j’ai pu ressortir toute cette colère car c’est bien ça, c’est de la colère, le désir, la vengeance par rapport aux textes et à la suite de aventures de ce personnage. Mad Dog c’est un peu moi mais aussi un peu tout le monde dans le groupe. C’est un surnom que j’avais aussi quand j’étais aux Etats-Unis. Pour l’écriture, je suis arrivé à un moment où je ne pouvais plus, j’étais vidé. Je me suis retranché et là Low est arrivé par exemple sur “Reign Of Fuel” avec ses riffs et la ligne de chant est arrivée ultra naturellement. Low le soir m’a appelé et me disait que c’était exactement ce qu’il voyait et comme moi je ne pouvais plus il est passé derrière avec Charles [Kallaghan Massabo, le producteur, ndlr] et quand j’ai vu le texte c’était exactement ce que je voulais retranscrire aussi. Tu vois il y a une sorte de cohésion dans l’émotion.

En parlant de Charles, comment ça c’est passé ? 

On a fait trois mois de préprod avant qu’il arrive à paris pour l’enregistrement de l’album car il est à Los Angeles. Kallaghan c’est quelqu’un de très franc, de très honnête, si c’est de la merde il va te le dire direct, il va dire “ça tu me le jettes et vous repartez” et on continue ! Malgré ces douze jours, car on a fait douze titres en douze jours, il y a eu trois jours de prises batterie et le reste ça été très très intense. Moi j’aime bien car on n’aurait peut-être pas sorti la même chose si on avait eu trois mois d’enregistrement.

Mais en même temps ça se sent l’énergie sur l’album. 

Oui voila exactement, il y a eu vraiment une énergie, c’est quelqu’un qui va te pousser dans tes retranchements, il va te faire sortir le meilleur de toi-même. Tu peux ne pas être bien et lui il va te pousser au max et te faire sortir de trucs que tu n’aurais même pas soupçonnés. Si ça avait été mieux dans ma vie, cet album n’aurait pas été la même chose et pour les autres du groupe aussi au passage.

Je suis un peu parti dans tous les sens mais pour revenir à l’écriture, c’est vrai qu’il y a des morceaux qui sont très estampillés la suite des aventures de Mad Dog et il y a d’autres morceaux plus intimistes, plus personnels comme “Everything’s Missing” dont je te parlais tout à l’heure et surtout “Reign Of Fuel” qui termine l’album mais qui en plus est le cliffangher avec la suite possible et interrogatoire.

Toi si au final tu devrais définir l’album en deux mots, comment le jugerais-tu ? 

C’est toute l’émotion qu’on a réussi à donner dans le groupe sur ces morceaux. L’émotion  pure est vraiment centrale. Le vrai ressenti.

“Tu vois il y a une sorte de cohésion dans l’émotion.”

Ça se ressent ! (rires) 

Et bien tant mieux !

Est ce que le live est dans votre tête lors de la composition? Car on trouve dans l’album cette énergie dont on parle mais surtout on l’imagine clairement en concert et le rendu qu’elle donnerait sur certains titres. 

Pour l’instant on n’a pas du tout eu cette optique, même si des fois sans vantardise on se sort “putain les mecs là on pondu un tube” mais c’est en rigolant et sans savoir ce que ça allait donner. “Aphrodisiaque Cadillac”, il y a un riff qui a été pondu parce qu’on était en répét’ et ils le faisaient de temps en temps, et je suis arrivé avec le refrain et c’est venu tout de suite. Quand il est arrivé on s’est dit “Houla, du lourd” (rires).

Et donc en live on doit s’attendre à quoi ? 

Encore une fois, c’est pour ça qu’il y a une cohésion indéboulonnable même malgré l’arrivée récente de Thibs à la batterie, il y a tout de suite eu cette osmose. Encore une fois, je te parle de ressenti car on y met toute notre âme et notre passion et ça se ressent aussi sur scène. On a envie de faire la continuité de l’album à la scène. Chacun se retrouvera sur au moins un de titres. Globalement on se retrouve tous sur “Aphrodisiac Cadillac” car c’est un peu un single.

Mais avec le peps de ce Bête Noire, vous ne vous êtes pas dit que vous avez fait un album qui est avant tout taillé pour le marché anglo-saxon? Ce n’est pas un reproche mais il est costaud et musclé, chose qu’on voit rarement avec de groupes qui osent moins. 

Non pas initialement, c’est vrai qu’il n’est pas initialement fait pour le marché français, on le sait sans être nécessairement vantard pour commencer car ils y en a de skippers à la pelle aux States. Mais au passage est-ce que cette petite touche française ferait notre place là-bas? Moi je touche du bois tous les jours, mais après on serait plus estampillé groupe européen car on sait très bien qu’on passe une frontière et cette musique est beaucoup plus appréciée, je parle bien sûr de l’Allemagne, la Belgique, ça marche mieux clairement là-bas, il y a beaucoup plus d’ouverture.

J’aime beaucoup mon pays encore une fois mais, putain, je ne cesse de le dire et je le dis sur scène, il y a un talent de dingue en France et le plus important c’est que les mecs viennent en live, partage, c’est le premier retour qui est le meilleur retour qu’on puisse avoir. Le public qui vient nous voir, partager avec ses proches et qui vient discuter à la fin du concert. On se fait plaisir, c’est tout simplement une drogue.

Làa on travaille sur nos prochaines dates avec notre manager car on n’a pas de structure booking ou autre. Mais malheureusement suite aux événements tragiques on a deux dates qui se sont annulées au Bus Palladium le lendemain des attentats. On devait aussi jouer demain et malheureusement on a des proches qui ont été très touchés. Mais j’ai envie de dire que ça nous donne envie de jouer encore deux fois plus fort aujourd’hui. c’est maintenant qu’il faut y aller. Maintenant que “le bébé est né” c’est là qu’il faut le défendre.

Défendons la scène française car elle le mérite, tes derniers coups de cœur pour toi ? 

J’ai beaucoup aimé le dernier de 6h33, je ne sais pas si tu les connais ? Mais il y aussi le dernier des TANK, ce sont des potes mais ce qu’ils font, ils le font très très bien ! Le dernier The Arrs qui m’a mis une bonne grosse claque, il y a aussi un groupe plutôt estampillé djent, The Novelists qui sont très bon aussi.

Tiens une petite question ciné, vous êtes très proche de l’univers Grincheuse mais quel est ton film de Tarantino préféré ?

Et bien je serais tenté de dire que c’est Reservoir Dogs, ça a été une claque comme on peut dire. Même si certains disent que c’est un plagiat, je ne suis pas tout à fait d’accord, on peut plutôt dire que ça été un hommage au cinéma chinois comme City On Fire. C’est un des rares films que je suis aller voir trois fois au cinéma. Même si j’aime beaucoup Pulp Fiction, j’ai beaucoup moins aimé Django Unchained mais j’attends le prochain avec impatience. C’est un peu en dents de scie mais ça reste très Tarantino.

Pour finir en beauté et dans l’esprit dans lequel on était, et bien que représente le Rock pour toi ? 

Je pense sincèrement que c’est une manière de voir la vie. Cette liberté qu’on peut avoir même si je n’ai pas de caisse américaine, de harley ou autres du genre (même si j’aimerais beaucoup). Je pense que c’est vraiment une façon de voir la vie, les choses. Je vis beaucoup au jour le jour que tu ne sais pas de quoi demain sera fait. On a eu un terrible exemple avec ce qu’il s’est passé. Ça nous a beaucoup touché et plus ça va plus je me dis qu’il faut vivre les jours à fond, dire aux gens qu’on les aime, faut aller vers nos proches. Je bosse beaucoup mais je pense vraiment que chaque jour est important, je vis le présent à fond mais j’ai envie d’être là le jour d’après. Vivre à fond ! Je sais que c’est un petit peu facile, surtout suite aux événements, mais c’est exactement ça.

Sur ces belles paroles. 

Et bien l’important c’est d’être vrai. J’ai l’impression qu’il y a de gens qui ne relativisent pas assez leur propre vécu, il y a beaucoup d’égocentrisme en ce moment dans le monde où on vit. Le lendemain des attentats j’avais entendu des trucs ; j’ai ma nana qui bosse dans un cinéma où des clients sont venus et ont sorti de trucs totalement aberrants. Tu as envie de leur foutre des baffes et leur dire “vous vous rendez compte de ce que vous dites ?” Mais j’ai l’impression que malgré tout, dans ce monde où l’on vit il y a une sorte d’élan, il y a des gens tout de même qui changent et donc je reste optimiste. Je suis un éternel optimiste sachant que malgré tout il y a des choses très difficiles qui se passent. Mais je reste optimiste, je garde vraiment foi en l’humain même si dans la journée il y en qui me déçoivent totalement. Pour revenir à tout ça, ce que j’aime bien dire en Anglais c’est “Never give up, Never Surrender” Ne rien lâcher, voila c’est simple mais c’est ma politique de vie !

En tout cas c’est réel et c’est beau !

(Rires) aller on s’embrasse !

Du coup merci à toi Djej pour cet entretien et j’espère qu’on se reverra bientôt ! 

Avec plaisir, et continuer à soutenir la scène comme vous le faites !

Entretien réalisé par: Anthony

Vous pouvez retrouver la chronique de Bête Noire par ici.

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