
Toutes choses ont une fin et des carrières prennent fin de la plus belle des façons, pas de split dans la douleur et la colère mais juste histoire d’un dernier tour tous ensemble. Maybeshwill a décidé que c’était l’occasion pour un “dernier” partage avec le public en Europe car en effet ils avaient annoncé en septembre que cette tournée européenne serait la dernière, après une carrière d’une dizaine d’année. C’est pour cela qu’il était difficile de rater leur passage au Batofar dans le cadre de cette tournée d’adieux ou “d’au revoir”.
Et spécialement pour cette date, c’est aux français de Fall Of Messiah que revenait l’honneur d’ouvrir pour cette dernière française de Maybeshewill. Une découverte en ce qui nous concerne et un groupe français qui mérite plus de lumière car la qualité musicale et la richesse de leur univers ne nous laisse pas indifférent. Un groupe de post-rock qui paraitra des plus banales au premier abord si on s’arrête au côté mutique des musiciens (seul le batteur essaiera de placer quelques mots et remercier maintes fois le public). Et bien le post de Fall Of Messiah navigue entre contemplation et atmosphérique à grande bouffée d’air. Les titres fluctuent entre les ambiances froides et nocturnes poussées par la batterie et la basse et les sons qui réchauffent, portés par la finesse de certaines sonorités et le crescendo parfait pour aller avec cette profondeur musicale parfois hurlée par le batteur.. On sort de ces groupes de post redondant, ennuyant et malgré la courte durée de leur set, le public présent a su à quoi il avait à faire ce soir.
En ce qui concerne les anglais de Waiking Aida, l’accroche sera beaucoup plus difficile.Un son beaucoup plus léger, tout en poésie certes, mais le post se veut profondeur et volupté. Les anglais délivrent des compositions qui s’écoutent avec aisance mais elles se feront vite redondantes et on manquera de profondeur avec l’impression d’entendre les mêmes titres. Certes la salle n’est pas réputée pour avoir le meilleur son mais difficile de rentrer plus dans le set des anglais qui ne déméritent pas. Sur la fin du set, un emballement révélera les ressources musicales du groupe et on restera un peu sur notre faim, poussant donc notre curiosité pour retrouver le travail des anglais sur disque.
Et c’est un Batofar rempli qui attendait Maybeshewill avec un pincement au cœur. Allons nous pleurer pour cette dernière ou vivre ce moment à fond ? Bonne question. Ayant connu le groupe sur le tard (10 ans de carrière) donc les voir pour la première fois (pour moi) sur leur dernière fois c’est un peu triste. Mais le post et surtout celui des britanniques n’est qu’émotions et c’est pour cela qu’on est là ce soir, pour les partager… Et c’est avec la magnifique introduction de “I Was Here For A Moment, Then I Was Gone” qu’ils ouvriront de la plus belle des façons. Enchaînement sur “Opening” et “Take This To Heart” on voyage déjà très loin.
Le son du groupe et ses petites touches toute en finesse au synthé passe avec beauté l’épreuve du Batofar et c’est comme une lumière qui jaillit de la scène. Malgré un espace réduit, chaque membre l’occupe au mieux et vit sa musique autant que le partage avec le public. De l’émotion ce soir et on va être servi car c’est une discographie riche et variée qu’ils mettront en avant pour explorer la nuance qui fait la force de leur musique. “All Things Transients”, “In Another Life, When We Are Both Cats” ou “In Amber” en toute légèreté, les émotions s’accumulent et la beauté nous transporte.
C’est un périple musical au sein de la discographie du groupe qui va s’opérer tout le long, pour cette dernière les britanniques font profiter et font surtout plaisir aux fans avant de pouvoir dire ce dernier au revoir. A la fois entrainant, emballant et chavirant.
“Critical Distances” nous emmène dans un tourbillon musical tout en explosion. La descente sera plus difficile mais elle n’est pas pour maintenant. On se laisse bercer et quand viendra “To The Skies From A Hillside” les britanniques dévoilent encore une autre facette de leur discographie. Le riff se fait plus syncopé, les sonorités plus riches et profondes, un visage presque sombre si ce n’est toujours cette lumière qui se révèle comme à chaque fois. Quand le guitariste prendra la parole, on sait que la fin est proche dans tout les sens du terme et on oublie ce qui nous entoure pour vivre ses derniers instants avec Maybeshewill.
Un rappel qui résumera à lui tout seul cette magie qui opère avec le groupe. Avec “Seraphim & Cherubim” c’est une virée entre montées et descentes ascensionnelles, maitrisée et exprimée au plus fort. On balance dans une nuance hardcore aux éclaircies lumineuses avant de partir avec un public reprenant en choeur “He Films The Clouds Part 2” le seul titre aux paroles existantes. Après 1h30 de set, la larme n’est pas loin et l’instant était magique. C’est fini mais seul l’avenir nous dira si c’était un adieu.
Un grand merci à Fanny et tout l’équipe du Batofar.
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