
Quand on est attendus chaque année sans devoir essentiellement se soucier du succès, comment fait on pour se renouveler et corriger ce qui doit l’être ? Et bien c’est peut être les questions que les organisateurs du rendez vous parisien des encré(e)s et encreurs se sont posés… De quoi est il question ? Mais bien sur, c’est de cet événement devenu incontournable chaque année au mois de mars: le Mondial du Tatouage à la Grande Halle de la Villette ! En quelques années, suite au retour du sieur Tin-Tin aux manettes, Paris s’est imposé dans le calendrier et suite aux annonces pour cette édition 2016, ont peut dire qu’ils ont carrément rajoutés du style à la machine déjà bien huilée. Plus de 350 tatoueurs, une expo consacrée à Coyote, un programme musical alléchant et un espace encore mieux pensé, de quoi faire pendant 3 jours et surtout de quoi donner envie de passer 3 jours du côté de la Porte de Pantin même si succès oblige, les 4,5,6 mars allaient attirés encore cette fois çi un peuple monstre pour cette nouvelle édition. Verdict.
Le Mondial dans l’ensemble
Et bien par où commencer si ce n’est la présence de plus en plus grandissante du tatouage , gravures de mode, publicité ou bien l’exposition Tatoueurs Tatoués au Quai Branly qui a eu un franc succès, on peut dire que le tatouage s’est bien implanté et ça se confirme aujourd’hui avec le succès médiatique et public du Mondial Du Tatouage qui au fil des ans intéresse tout le monde…
Une édition 2016 qui aura rassemblé un public large et massivement présent au cours du week end. Un espace repensé qui maximisera la présence de stands au détriment des quelques revendeurs de fringues qui était présents l’année dernière et ça c’est une bonne idée, le tatouage avant tout. Plus de 350 tatoueurs, il fallait donc les faire tous entrer dans cette Grande Halle de La Villette qui au fil des ans devient un temple de l’encre. Des allées élargies pour une circulation censée être plus fluide quand on est pas entourés de boeufs et de pintades à certains moments. Un espace extérieur qui rassemblera les food trucks, nouveauté de cette année, pour pouvoir se sustenter mais rapidement à cours de sandwichs vegan, victime du succès car pour certains c’est hype alors que pour d’autres c’est juste histoire de pouvoir manger. En tout cas, un espace restauration qui a fait de sérieux progrès par rapport à l’année dernière et c’est important de le souligner. Le vendredi on retrouve un public moins touriste et donc ue circulation plus fluide dans les allées et des tatoueurs plus abordables dans l’ensemble.
La traditionnelle exposition Fender repensée par les artistes tatoueurs se retrouve au centre de l’arène, juste derrière la scène. Petite nouveauté de l’année, la présentation n’est plus assurée par Mister Homme Tatoué Aka Pascal Tourain mais par Alexandre Devoise connu de tout les amoureux de Canal + le premier samedi du mois à minuit… On reste dans le même genre, en toute simplicité mais on pouvait tout de même retrouver l’Homme Tatoué dans les allées de la convention tout comme le big boss du Mondial toujours en train de s’afférer à droite à gauche en s’inquiétant de la bonne tenue de cette édition 2016.
La remise de prix des tatouages du week end, on ne l’oublie pas et c’est un jury classique et avec classe saupoudré d’une note féminine pour cette année. En plus des habituels Filipe Leu, Bill Salmon et Luke Atkinson et bien c’est la légendaire Kari Barba qui rejoint le prestigieux jury du Mondial Du Tatouage qui récompensera aux cours du week end de nombreuses pièces hétéroclites dont les excellents Trash Polka qui seront récompensés le samedi.
Les tatoueurs et le tatouage
Avec 350 tatoueurs tout aussi talentueux, il est difficile de tous les faire et puis ça dépend du gout de chacuns. Quoi qu’il en soit, il y a du choix et chacun peut y trouver son bonheur. Le seul regret c’est de ne plus trouver ces poids lourds tel que Paul Booth, qui était présent la première année, mais on a toujours les légendes du Japon (Shige) ou bien le studio Leu pour la Suisse. Mais au dela des habitués et de ces fameux poids lourds qu’on retrouve chaque année et dont certains on a plaisir à revoir dont Rude l’ami belge et l’ami des animaux.
On fait donc de nombreuses rencontres et on découvre des styles coup de coeur et les tendances actuelles qui marchent auprès du public. Le japonais toujours aussi présent et indéboulonnable, le mandala et le dotwork ont fait leur trou et une fanbase se trouve bien présent à Paris, mais c’est le travail de la couleur dans une touche aquarelle qui aujourd’hui attire énormément le public. Au delà des question du vieillissement et bien cette nouvelle tendance a ses fans et se veut plus présente au cours de cette nouvelle édition où on retrouve de nombreux tatoueurs développant cette ligne plus emprunt à de nouvelles expérimentations. Le graphique et l’abstrait aujourd’hui bien installés, on retrouve la boucherie moderne dans sa version 2016, Lea Nahon, les habitués et poids lourds Trash Polka.
Les coups de coeur seront plus anglo saxons avec le salon Seven Doors et le style glauque de Rafel Delalande ou Labo Ô Kult toujours fidèle à soi même du côté de la Suisse. On retiendra aussi le très demandé Jay Salayero du côté de l’Espagne et son mélange japonisant coloré à la Myazaki
La musique
Sur le coup, je dis chapeau bas messieurs dames car là ou ça péchait l’année dernière, le paquet a été mis surtout en faisant appel aux Stoned Gatherings pour la programmation… On pouvait être sûr de la qualité musicale pour 2016. Et quand on a Uncle Acids & The Deadbeats et Orange Goblin en tête d’affiche pour le vendredi et le samedi, les amoureux du gras et du fuzz savent que c’est du lourd et puis les autres et bien vous allez découvrir ce que c’est la VRAIE musique… En tout cas Messieurs Dames c’est du costaud, ça défouraille !
Le vendredi ce sont les biens connus Sticky Boys qui auront pour mission de mettre ambiance avec leur Hard Rock fidèle à soi même. Bonne humeur et fun attitude pour un rythme entrainant c’est la recette des franciliens et ça fonctionne bien à chaque fois. Les gars sont fidèles à eux-mêmes et toujours bon délire. En même temps avec le public déjà à 8 degrés 6 et bien c’est juste parfait. C’est ce qui nous fallait pour commencer.
Mais la grosse attente de cette première journée reste quand même Uncle Acid & The Deadbeats. Les ayant ratés lors de leur passage parisien c’était l’occasion de pouvoir enfin les voir et même si, en ce qui nous concerne, le résultat sera à la hauteur de notre attente et bien je pense que la réception par le reste du public non connaisseur fût un tantinet difficile… Mais bon, on ne va pas bouder notre plaisir et ces riffs chamaniques nous captiveront pendant plus d’heure. Entre fuzz complètement psyché et lourdeur sabbathienne le plaisir est là et on se laisse emporter. Une set list plus concentrée sur le deuxième album, le fameux Blood Lust avec « Death’s Door » entre autre et le final sur « Withered Hand Of Evil. » Du son comme on aime, tout simplement.
Demain est un autre jour et cette maxime se révélera véridique en ce qui concerne les concerts. Suite à un vendredi assez mou au niveau du public, on pouvait craindre le pire pour le samedi et bien tout compte fait non. Avec un excellent set des sombres poètes d’Hangman’s Chair qui répandront leur sludge parisien de toute beauté. C’est une Halle qui sera à l’écoute, fascinée par ces ondes mélancoliques du chef d’oeuvre qu’est This Is Not Supposed To Be Positive avant de se prendre une claque avec la suite.
Pourquoi ? Et bien parce que les membres Orange Goblin te transforment chaque scène qu’ils foulent en un temple du Rock, le VRAI !! A n’y rien comprendre, la veille une assistance désintéressée et aujourd’hui un grand foutoire rock n’ roll lancé dans le public par Orange Goblin. En même temps avec eux c’est un peu normal… Aussitôt que les première notes furent balancés tu ne peux que foncer dans le tas. c’est Rock N’ Roll et chaque titre est une mandale en pleine face. Un set qui retournera la Grande Halle de la Villette avec un groupe qui sera lui même étonné de la réaction du public. On se tape du « Saruman’s Wish », « Quincy The Pig Boy » ou la grosse tuerie de « Devil’s Whip » présente sur le dernier album en date, avant de finir magistralement sur “Red Tide Rising”. Le rock, le vrai, je vous l’avais dit. Il y a du pogo, du slam et certains en sont ressortis marqués mais putain que ce fut bon ! Un très bon coup gagnant cette collaboration musicale avec les dealers de gros son que sont les Stoned Gatherings. Les mecs remettez le couvert pour 2017, nous on dit oui !
Le public
Pourquoi parler du public ? Et bien parce que c’est un drôle de melting pot qu’on retrouve à Paris et on pourrait même étudier spécialement la question sur plusieurs pages. Car au delà du passionné et de la passionnée de l’art corporel présents à chaque convention dans sa majorité et bien le Mondial attire un public assez large et assez massif avec la rançon du succès. On passe donc à travers un spectre assez conséquent allant des fans de mode et de hype, en passant par les aficionados des stan smith ou bien cette curiosité maladive du fameux « The Place To Be » pour la faune parisienne. Au final on retrouve un peu le Salon de l’Agriculture dans les allées de la Grande Halle de la Villette pendant le week end.
Le succès aura raison des agoraphobes au cours du samedi et surtout du dimanche où les allées, mêmes plus larges, seront bondés et noir de monde. Mention particulière pour le dimanche avec un public de curieux et familiale pour la promenade dominicale où les perches à selfie seront recyclées en périscope pour filmer ce qui se passe sur les stands tel un visiteur de zoo filmant ces « fascinants » animaux sauvages… Au delà de ça, le public de passionnés et d’intéressés se veut grandissant au fil des échanges avec certains visiteurs donc l’espoir n’est pas perdu et l’esprit du tatouage est en train de faire son chemin pour ériger cet art au rang mérité.
Mais est ce qu’il devient pleinement accepté par la société ? En ce qui me concerne, la question reste encore sans réponse car dans les faits il est encore difficile de jauger. En dehors de l’effet de mode qu’on constate de plus en plus chez certains et du fait que de nombreuses personnes avouent aussi qu’ ils sont surtout venus pour VOIR en curieux et bien l’art et la philosophie du tatouage ont encore un bout de chemin à faire mais ça se fait pas à pas par la sensibilisation et la compréhension de ce genre de rendez vous qui se recentre sur l’esprit et l’art et ça c’est une bonne chose.
Un rendez vous qui au final aura son franc succès public vu la masse de monde qui se déplacera au cours du week end. Entre encre et rock n’ roll, cette édition 2016 dépassera les attentes. Les détails sont corrigés au fil des ans pour en faire une grosse machine bien huilée aux nombreux partenaires et tout simplement incontournable, le succès public le confirme. Une programmation musicale de taille et même dantesque, des tatoueurs et des tatoués plus qu’au rendez vous, une édition 2016 qui aura eu ses temps forts musicaux avec la claque globinesque et bien cette année est signe de la nouvelle étape que Paris a atteint , rejoignant les conventions incontournables en Europe. Le Mondial Du Tatouage offre à Paris la convention que la capitale méritait, il ne reste plus qu’attendre ce qu’on nous réserve pour l’édition 2017 car à l’heure où j’écris ces lignes et bien je pense qu’ils se posent déjà la question…
Un grand merci à l’organisation et aux stoned gatherings pour la musique.
Texte: Anthony
Photos: Leslie / Cherry Pixs
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