MUGSTAR – MAGNETIC SEASONS

Formés à Liverpool il y a déjà treize années, Mugstar reviennent en ce début d’année avec un nouveau long jeu qui fait suite à Kabuki Skull / Goat Head 7″ sorti l’été dernier. Avec une discographie aussi pléthorique qu’obscure, il est difficile de retracer et même comprendre le parcours du quintet. Et pourtant, cette nouvelle excursion baptisée Magnetic Seasons n’est pas prête de stopper notre soif de mouiller l’ancre, et ce bien malgré l’inconnu.

128. Mugstar - Magnetic Seasons
Long de plus de six minutes, “Unearth” se charge d’ouvrir les hostilités d’abord en krautrock de début de soirée avant de virer vers quelques choses de plus angoissant, et même violent. Lorsque la sauce commence à monter, le groupe nous envoie à la gueule un énorme riff stoner avant un break blues et psychédélique à la Led Zeppelin tout simplement brillant. Les retombées de l’explosion se constituent d’un final oscillant entre post-rock bien gras et krautrock boueux. Au premier abord d’avantage lumineux, “Flemish Wave” nous replonge rapidement dans l’ambiance du titre précédent avec un nouvel hommage au rock psychédélique qui passe cette fois par l’apparition d’un harmonica qui nous accompagne tranquillement vers “Time Machine”. Une fois encore la recette fait mouche. Très posés sur les premiers instants, les cinq Anglais vont ensuite accélérer le tempo et ajouter des soli de guitare à la fois stratosphériques et incisifs jusqu’à nous laisser les bras ballants après ce premier quart d’heure passionnant mais ô combien épuisant.
Arrive ensuite la premier gros morceau de Magnectic Seasons. “Remember The Breathing” dépasse les quinze minutes et s’avère être une véritable odyssée dans le monde de Mugstar. Bien plus ancré dans les sonorités krautrock qu’on lui reconnaît, le groupe nous amène progressivement au large sans jamais toucher la barre et en faisant confiance à sa navigation exigeante. A priori c’est à six minutes trente-neuf qu’on ne distingue plus l’horizon lorsqu’on tourne la tête et que les visions débutent. “La Vallée” – tel un faux appel du pied à Ben Barbaud – et son jumeau maléfique “Magnetic Seasons” nous coupent l’herbe sous le pied puisqu’ici seul un paterne simple de batterie et une fine ligne de basse se chargent de garnir le paysage, tandis que Pete Smyth et Neil Murphy se chargent de faire dialoguer leurs guitares à grands coups de pédales à effets ou de soli interminables pour un rendu jubilatoire qui n’aurait aucun mal à conquérir la communauté de La Valley de Clisson. “Regency Blues” nous parachute ensuite à nouveau dans le tempo lent et l’ambiance froide du krautrock de Mugstar pendant neuf minutes où l’exigence est plus que jamais de mise. Puis, les Anglais nous tendent à nouveau la main le temps d’un “Sky West & Crooked” clairement orienté post-rock avant de nous servir le bouquet final : “Ascension Island”. Après un judicieux choix de sample, le groupe revient pour écrire la conclusion de cette excursion qui se fait dans une obscurité des plus totales à la croisée des chemins entre drone et musique ambiante complétée de rares arpèges de guitare. Un final tout en angoisse et en contemplation qui dépasse largement le quart d’heure et termine tout en subtilité avec cette fin pesante petite notre excursion.
Cette nouvelle pépite du label de Mogwai, Rock Action Records, disponible depuis quelques jours est, vous l’aurez compris, réservé à un public averti, connaisseur et exigent. Pourtant ce nouvel opus de Mugstar dépasse nos attentes tant le travail de composition et de recherche des ambiances semble minutieux de bout en bout. De la puissance assumée d’ “Unearth” à la fin ouverte d’ “Ascension Island”, voilà le disque qui parachèvera votre hiver et ses explorations musicales. L’excursion est longue, douloureuse, tragique et étouffante mais elle est bien réelle et elle ne vous attendra pas.
Texte : Alex’
Mugstar, Magnetic Seasons, sorti le 26 février chez Rock Action Records

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