BARONESS @ LE TRABENDO – 03/03/2016

Putain, enfin, LA date de ce début d’année la plus attendue (désolé pour les groupes qu’on a vu avant). Mais la perspective de revoir sur scène Baroness offre toujours une excitation particulière, et encore plus pour Mel, dont j’essaierai de traduire les impressions, fan absolue qu’elle est. Vous imaginez donc bien, chers lecteurs, que cette soirée au Trabendo aura été assez magique.

Pourtant ça commençait mal une nouvelle fois (cf report de Symphony X). En effet, l’organisation, Nous Prod, aura très peu communiqué (c’est même un euphémisme) sur l’évènement, notamment sur les réseaux sociaux où aucun horaire ni autre forme d’info n’aura été publié, laissant un peu les fans se démerder et arriver quand ils le veulent/peuvent, dommage. Ensuite, comme pour la dernière date de Baroness en France avec Zoé (cf report de la date au Grand Mix de Tourcoing), c’est le jour même qu’on connaîtra le nom de la première partie, tout comme le groupe désigné d’ailleurs apparemment…

On pouvait donc craindre le pire, on apprendra qu’on demandera en urgence à Nico, le monsieur des Stoned Gatherings (un grand merci au passage) de trouver un groupe pour ouvrir ce soir. Et fort heureusement, un des fleurons du stoner français (non, pas Glowsun, mais Domadora), sera disponible pour avoir la chance d’ouvrir pour la bande à John Baizley. Malheureusement, manque total de com’ obligé, à l’heure où le groupe entrera sur scène, seule une centaine de personnes se seront amassées devant la scène (je ne parlerai pas de la quasi absence de photographes, qui se foutent comme d’habitude, pour la plupart, des premières parties), pour admirer les nouveaux artworks de Baroness consacrés à ce Purple Tour, en attendant le combo parisien.

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J’avais eu une excellente impression lorsque je les avais vus il y a un an au Glazart lorsqu’ils ouvraient pour les cultissimes Fatso Jetson. Et ce soir, en plus je découvre que Keziah Jones est toujours vivant, il fait désormais du stoner et il est blanc ! Parce que oui, Belwill, tu portes super bien le borsalino et le foulard sur ton débardeur. Plus sérieusement, après avoir vu My Sleeping Karma il y a moins de deux semaines, une petite piqûre de rappel de stoner aérien fait sacrément du bien. On aura donc droit à 3 longues pièces instrumentales bien groovy aux accents « Earthlessiens » et « Karmatoburnesques », avec toujours cette impression que le groupe improvise tout en sachant parfaitement où il va. Au final, là où beaucoup de groupes produiraient un son hyper chiant, voire soporifique, Domadora parvient à nous captiver de bout en bout du temps qui leur sera accordé, avec notamment un Alexis toujours aussi déchaîné à la batterie, multipliant les jeux de regards complices avec son gratteux et son bassiste, dans un combo où aucun instrument n’est au –dessus de l’autre, pour un ensemble ultra cohérent. En plus, on aura droit même à un quatrième morceau, à leur grande surprise (là encore, leur capacité à improviser aura été plus qu’utile). L’exercice était a priori assez risqué : les voir sur une scène plus grande que d’habitude et l’obligation de proposer un set en urgence. Mais le bilan sera une nouvelle fois plus que positif, avec des musiciens décidément hyper sympas et humbles, et un excellent échauffement avant leurs prochaines dates annoncées à Lille, Nantes et Paris les 20, 22 et 24 avril prochain (et au passage sur leur LP Tibetan Monk, si vous ne l’avez pas encore fait).

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Un changement de plateau des plus rapides, à peine le temps de passer au merch’ avant de retrouver les premiers rangs et accueillir le combo originaire de Savannah, alors que les photographes, enfin intéressés, commencent à s’agglutiner, avec notamment un golgoth juste derrière moi qui choisira honteusement de shooter au flash, si possible en me montant dessus, mais passons.

Avant de commencer, on avait tout de même quelques craintes, notamment par rapport à la voix de John : un peu comme celle de Troy Sanders (Mastodon) qui lutte un peu dès qu’il s’agit de passer d’un registre typiquement sludge à un registre plus chanté. Et les vidéos live de Baroness où les morceaux de Purple (album chroniqué ici par votre serviteur) étaient joués, ne nous avaient pas rendus optimistes. Craintes justifiées car dès « Kerosene », premier titre que le groupe joue ce soir, on sent que John pousse. Fort heureusement, il parviendra au fur et à mesure du concert à mieux poser sa voix, jusqu’à rendre quasi imperceptibles ses imperfections (puis de toutes façons, on n’est pas là pour chipoter). Vous vous en doutez, Purple Tour oblige, la setlist sera surtout consacrée à l’album du même nom. Mais pas que, avec ensuite « March to the Sea » à la limite du jouissif, qui viendra nous annoncer qu’une grande part de la soirée mettra à l’honneur Yellow & Green. Le groupe a évolué, et pas que musicalement, leur jeu de scène s’est considérablement également amélioré : Même si le duo Pete Adams-John Baizley a toujours été virevoltant, faisant preuve d’une complicité évidente , le groupe se montrera bien plus bavard et souriant qu’avant, commençant à vraiment se lâcher dès les premiers morceaux et non pas en fin de soirée comme les autres fois où j’ai eu l’occasion de les voir. On sent le groupe bien plus à l’aise, avec notamment un Nick (Jost – basse) plus également hyper démonstratif, et l’épisode Purple semble leur avoir fait un bien fou après les évènements qu’ils ont subi. De toute façon, on ne voit pas comment ils auraient pu reproduire la collection de tubes de leur dernier album sans ce nouvel état d’esprit. Parce que du tube on va sacrément en bouffer ce soir, avec notamment un « Shock me » qu’on était impatients d’entendre en live, et putain que c’était bon…

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J’avais dit que le groupe avait progressé en jeu de scène, dans la construction des setlist également, et on comprend désormais un peu plus l’utilité des différents « themes », qui constituent des formidables transitions et permettent de rendre encore plus intéressante l’expérience scénique proposée. La preuve ce soir avec ce lightshow vert, venant annoncer le « green theme » avant de reprendre sur « The Iron Bell », permettant de constater l’incroyable cohérence entre leurs deux derniers albums. On le savait tous, John Baizley est un magicien, adulé justement par beaucoup, variant le registre, entre titres plus pop (« Little Things »), à des titres qui feraient chialer les plus insensibles d’entre nous (« If I Have to Wake Up (Would You Stop the Rain?) / « Eula »), avec au milieu de l’instrumental génial (« Fugue »). Pour autant, Baroness n’oublie pas ses racines sludge, en incorporant quelques perles explosives, à l’image d’un « The Gnashing » faisant bien monter la sauce avant de voir un public totalement surexcité.

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Le temps passe à une vitesse folle, John est bavard, et hyper content d’être là visiblement, devant un Trabendo bien plein, et comme tous les groupes de passage à Paris depuis Novembre, on aura droit à un bel hommage à Paris, et connaissant le parcours du groupe, ces mots prendront une saveur toute particulière. Pas moins de 17 titres auront été joués ce soir, et pourtant, le groupe en aura encore sous le coude, avec un rappel assez traditionnel dans le choix des titres, mais que serait un concert de Baroness sans « Isak »… Traditionnel dans les titres oui, sauf que le sieur Baizley, qui osera tout décidément ce soir, ira même jusqu’à se jeter dans le public avec sa guitare, priceless, et des super photos en perspective, avant de conclure cette heure et demie de bonheur pour nos oreille sur (bon, désolé, je vais encore dire «hymne ») l’immanquable « Take my Bones Away ». Et j’arrête là parce que j’en ai marre d’utiliser des superlatifs.

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Déjà 4 fois Baroness en live, de la partie « club » de l’Ancienne Belgique à Bruxelles pour la présentation du Red Album, au Purple Tour aujourd’hui, de quoi être potentiellement blasé. Pourtant, la bande à John Baizley parvient encore et toujours à m’épater, prouvant un peu plus la puissance scénique du groupe, avec des nouveaux morceaux idéalement taillés pour le live, ainsi que des anciens titres devenus de véritables hymnes, à se demander comment le combo est parvenu à en accumuler autant en aussi peu de temps.

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Si les derniers albums du groupe ont clivé une partie du public, tout en attirant de nouveaux adeptes, Baroness met tout le monde d’accord sur scène, il suffit de voir le joyeux bordel dans toute la salle lors des premières notes d’« Isak » pour comprendre…On en attendait beaucoup musicalement, on n’a pas été déçu, même la voix de John a globalement tenu. Mais c’est au niveau du jeu de scène que le groupe s’affirme de plus en plus, bluffant. La concurrence était rude, mais Baroness vient de gagner le titre de notre meilleur concert de ce début d’année.

Texte : Mats L.

Photos : Mel. B./Mats L.

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