
Vendredi soir, 20h00. Les concerts m’ont manqués, et je n’ai pas mis les pieds dans une salle depuis bien longtemps. Peut-être par manque de temps, ou d’envie, je ne sais pas. J’aime pourtant les concerts, et j’aime les nouvelles expériences, et c’est pour cela que j’ai contacté la rédaction de The Unchained pour me proposer en tant que photographe et chroniqueur. N’ayant jamais réalisé ce type d’exercices auparavant, le stress m’a habité toute la soirée : que vais-je photographier, que vais-je écrire ? Nous sommes donc vendredi 26 février, il est 20h15, et je suis malheureusement arrivé au moment où le premier groupe de la soirée, The Random Monster, sortait de la scène du Trabendo.
J’ai donc le temps de boire une bière en attendant Psykup. Il est 20h30 lorsque les éclairages de la salle s’éteignent. La formation toulousaine, ayant annoncé son retour sur scène et la réédition de son premier album Le Temps de la Réflexion après presque dix ans d’absence, entame son set sur les délicates notes de l’intro « To Be (Tray) » suivi de « Or Not To Be » qui annoncent clairement la couleur de la prestation. Psykup, que je ne connaissais que de renommée et de par leur actualité récente, nous propose un Metal Alternatif varié, alternant chant clair/chant hurlé, grosses rythmiques saccadées à disto agressive et passages planants.
Tout au long de leur set, on appréciera la complexité de leur musique. Cependant, une seule écoute de chaque titre ne suffit pas à comprendre leurs subtilités. Les titres s’enchaînent à merveille, l’énergie sur scène est aussi palpable que dans la fosse où les connaisseurs du premier rang n’hésitent pas à se rentrer dedans et où le headbang prime.
J’ai rapidement compris que la force de ce groupe est dans ses compositions, mais aussi dans l’art de casser les règles. Chez eux, le n’importe quoi est de rigueur ! Les vannes fusent entre les membres et le public, Milka, leur frontman, n’hésitera pas à héler la fosse avec par exemple « Vous savez, on pense à Toulouse que les Parisiens sont vraiment des gros cons, mais vous on vous aime bien car vous êtes un putain de public ! » après un « Libido » dynamique qui m’a valu quelques bleus. L’une des phrase m’ayant le plus marqué étant l’invitation de deux grandes personnalités de la scène Metal parisienne : « Bienvenu aux frères Delavega ! » en parlant de Poun de Black Bomb A et de Stéphane Buriez de Loudblast pour un featuring déchaîné et explosif sur « Teacher » ! On a vu toute la team danser, courir, sauter sur scène et Poun s’est même permis un slam à la fin de cette hymne à la fête.
Psykup s’exprime avec ses fans, qui n’hésitent pas à demander leurs morceaux favoris (« La 4 ! La 6 ! »). Ils ont transformé le Trabendo en un dancefloor rythmé, où voltigent des slammeurs après l’exemple de Poun. Ils me rappellent de loin à ce groupe de Nu-Metal qui avait réussi l’exploit de générer un Wall Of Death sur un fond de musique de Reggae au petit bain, Human Vacuum. On a même vu Milka sauter lui même dans la foule après avoir clamé « Ce morceau est le morceau où tout le monde doit se foutre sur la gueule ! », avec un « L’Autruche » qui m’a obligé à fuir le premier rang sous peine d’y perdre mon appareil photo, tant la fosse s’était déchaînée. Enfin, l’annonce du dernier morceau retentit et la déception parmi les fans se fait entendre, une dernière fête avec Psykup sur « Rebirth Recession » et un dernier pogo avant la fin et les demandes de rappels qui n’aboutiront finalement pas.
En résumé, Psykup propose ce Metal totalement atypique que l’on entend nul part ailleurs. La structure, les changements de tonalités, de rythmique, les alternances de chant, tout y est. Que ce soit sur cette nouvelle réédition de leur premier album « Le Temps de la Réflexion », ou sur scène, Psykup est un groupe qui a marqué une génération complète de la scène Metal française, et j’espère que ce nouvel opus n’est que la première étape de leur retour tant attendu.
Setlist :
– To be(tray)
– Or not to be
– Libido
– La peur du vide
– Teacher feat. Poun & Stéphane Buriez
– Martin X part. 1
– Martin X part. 2
– Insipid
– L’ autruche
– Time & Space
– Rebirth & Recession
J’ai juste le temps de courir au bar et me faire offrir une bière que le plateau a déjà été totalement vidé puis rempli par les décors de scène d’Hypno5e. Ce groupe fut pour moi, l’année dernière, une révélation. J’ai eu la chance de les voir plusieurs fois, au Point Ephémère (où j’ai même eu la chance d’ouvrir pour eux et de discuter avec eux autour d’un bon repas thaï, oui, nous sommes tous la groupie de quelqu’un..) et au Hellfest. Ils ont instauré un nouveau genre, un style absolument hors du commun et propre à eux-mêmes avec trois albums à leur actif. Il doit être presque 22h quand les lumières se coupent, nous plongeant dans la pénombre. Nous avons face à nous une scène vide, sombre et emplie de fumée. Les premières notes de piano de « East Shore : Landscape In The Mist » résonnent dans la salle. Une douce mélodie qui emplirait n’importe quel être humain d’un sentiment de nostalgie ou de tristesse… Pour enchaîner sur un «East Shore : In Our Deaf Land » violent, saccadé, variant lourdes rythmiques et mélodies aériennes. Si vous étiez au premier rang lors du set de Psykup, vous pourrez témoigner de la violence de leurs titres et du sentiment de force qu’ils procurent à l’assemblée. Le headbang est sévère, les fans hurlent les paroles samplées qu’ils connaissent tous par cœur et chantent avec Emmanuel, le frontman et guitariste.
La fosse est excitée, et sur scène, il en est de même. Les trois cordeux sautent et courent partout, les guitares partent en l’air, les crinières de Gredin à la basse et d’Emmanuel volent. Et lorsque la formation enchaîne sur « Acid Mist Tomorrow », premier titre issu de leur second album du même nom, ils ont provoqué le réveil des enfers dans la salle. Visiblement l’un des titres les plus connus et les plus appréciés d’Hypno5e, l’ambiance devient encore plus chaude qu’elle l’était auparavant. Imaginez un Trabendo complet citant à l’unisson « Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon excécution… Et qu’ils m’accueuillent avec des cris de haine » avant de voir une explosion de lumières et une énergie incomparable habiter les musiciens sur la fin de ce titre.
A sa grande habitude, Emmanuel ne communique que très peu avec le public d’Hypno5e, et le set s’enchaîne mécaniquement, mêlant le meilleur des trois albums. Il y avait de grands panneaux sur la scène diffusant des images, mais je n’y ai pas beaucoup prêté attention. Ces décors m’avaient d’ailleurs plus déplu qu’autre chose (du point de vue de la photographie) car ils n’étaient pas assez mis en valeur et souvent éteints pour un groupe officiant dans le « Cinematographic Metal ». Ont ensuite suivi différents les classiques « Maintained Relevance Of Destruction » et leurs samples de voix féminines poignants, avant de basculer sur mon titre préféré, et « Gehenne », dont la complexité de la composition et le chant hispanique m’emportent dans un état de transe à chaque écoute. J’ai également adoré cette version originelle de « The Hole », du premier album Des deux l’une est l’autre avec le featuring d’origine, à savoir Milka de Psykup (officiant chez My Own Private Alaska à l’époque). Ce moment de partage entre les musiciens était fort, transcendant et émouvant, Emmanuel s’est d’ailleurs adressé cette fois-ci au public pour remercier son ami, et ce que le groupe a délivré sur scène, cette émotions qu’ils vivaient lors de ce titre s’est tout à fait sentir dans la voix d’Emmanuel quand il prit le micro.
Le concert touchant à sa fin, les samples d’une voix triballe traversèrent la salle, annonçant un morceau des plus violents : « Tutuguri ». C’est à cet instant, lorsque les premiers accords de guitare résonnent, que l’on comprend l’énergie que la musique peut nous insuffler, on se sent pris d’une force incroyable, notre tête part dans tous les sens, comme les musiciens qui sautent partout, hurlent et lancent leurs guitares dans les airs. Un dernier souffle avant la fin, Théo sautant de sa batterie en jetant une cymbale par terre, les guitares larsenantes, ayant bien voltigé se retrouvant au sol, les musiciens vidés quittent la scène sous une assemblée qui en a pris plein les yeux pendant une bonne heure de spectacle.
En résumé, Hypno5e est un groupe qu’il faut absolument découvrir en live, ils ont une énergie qui leur est propre, ils délivrent un Metal technique avec une parfaite maîtrise et leur spectacle est vivant, fort et mouvementé. Cependant, le mix de morceaux issus des trois albums m’a permis de me rendre compte ce soir là que ces titres que j’aime tant sont très similaires, et leur dernier album Shores Of The Abstract Line n’est peut-être pas aussi différent que je pouvais le penser lors des premières écoutes la semaine passée le concert.
Setlist:
– Landscape in the mist
– In our deaf lands
– Acid mist tomorrow
– Maintained relevance of destruction part. 2
– Gehenne part. 2
– Gehenne part. 3
– Where we lost the ones
– Memories
– The hole feat. Milka
– Blind man’s eye
– Tutu Guri
Je tire tout de même mon chapeau bas à The Link Production pour avoir proposé une soirée avec une affiche aussi belle que celle-ci, et bravo à tous les groupes qui ont enflammé le Trabendo ce soir, vos prestations étaient de qualité !
Texte et photos : Flo L.
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