SYMPHONY X + GUESTS @ LA MACHINE DU MOULIN ROUGE, PARIS – 23/02/16

On avait oublié comment c’était de venir voir des gros groupes dans des grandes salles parisiennes : comme d’habitude on décidera d’arriver près d’une heure à l’avance, histoire de pouvoir se placer. Sauf que, comme pour le concert de Neal Morse il y a quelques mois, des centaines de personnes sont déjà là à attendre et on se retrouve loin, très loin, dans la rue. On avait oublié l’hyper ponctualité des fans de power/prog. Un des agents de sécu vient s’excuser pour le retard, l’air ébahi à la vue de tant de monde, se demandant si tous pourront pénétrer dans la salle. On avancera très très lentement (finalement, l’”odyssey” ne sera pas dans la salle ce soir mais plutôt durant cette heure d’attente…), alors que certaines essaieront, avec succès, de s’insérer dans l’interminable file d’attente en minaudant un peu. Verdict : près d’une heure pour entrer dans la salle, et pour ça, force est de constater que l’orga s’est un peu foirée, dommage.

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On le sentait venir, on arrivera donc en plein milieu du set des français de Melted Space (une pensée au passage pour celles et ceux qui n’en auront pas vu une seule seconde). Je ne me permettrai donc pas d’émettre un avis tranché sur les quelques morceaux de l’opéra metal qu’ils nous auront proposé ce soir, d’autant plus qu’on galérera à se placer, mettant un bout de temps à pouvoir se concentrer sur la musique. Mais avec deux chanteuses et trois chanteurs sur scène, c’est assez impressionnant. Si ce genre musical n’est plus du tout ma came, même un genre que j’ai tendance à fuir ces dernières années, ça aura au moins eu le mérite de me rappeler l’époque où j’écoutais des groupes comme Penumbra ou Therion. Puis, mine de rien, ça fait plaisir de revoir sur scène Manuel Munoz (The Old Dead Tree), alors, à revoir, dans de meilleures conditions pour se faire un avis.

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Le set fini, Mel tentera d’intégrer la fosse alors que je resterai avec difficulté au balcon, bouger semblant impossible. Cet interlude permettra de regarder un peu autour de moi. Un public très pluriel, des familles entières avec enfants notamment, tandis que certaines ont même sorti leurs mots fléchés (si si, manquait plus que le tricot et on se serait cru chez Michel Drucker) histoire de s’occuper entre les groupes, d’autant plus qu’une partie de ce public, voyant pourtant que tout le monde est ultra compressé, préférera rester assis, s’offusquant du moindre petit mouvement de foule, ou comment vous agacer un peu plus. Mais promis, après j’arrête de râler ou presque, grâce notamment au groupe qui se met en place en ce moment.

Myrath, et le metal oriental en général, c’est un peu une grande histoire d’amour, et depuis la sortie de Desert Call, j’ai une affection toute particulière pour ce groupe, à peu près autant que pour Orphaned Land. Je n’avais jamais eu la chance de les voir sur scène, j’avais donc beaucoup d’attentes dans cette première fois, notamment sur la voix de Zaher, savoir s’il serait capable de tenir ses notes.

Une danseuse entre d’abord seule sur scène, histoire de nous faire immédiatement succomber. On avait rarement vu se mouvoir de simples morceaux de tissus avec autant d’élégance et de sensualité…Le charme ayant agi, c’est au groupe de faire maintenant son entrée. Que l’on se rassure, les craintes concernant la voix de Zaher vont vite disparaître : le bonhomme assure, au-delà de nos espérances, et ses envolées sont parfaitement maîtrisées en live, des envolées souvent proches d’un Mats Leven, qu’il chante avec son groupe en entier ou juste avec son clavier, on a même parfois l’impression d’entendre du Amaseffer, et ce n’est pas pour me déplaire.

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S’il se contentait d’être « juste » un bon chanteur, ce serait déjà très bien. Sauf qu’en plus il est hyper souriant, multipliant les gestes vers un public, qui le lui rend bien. Ce qui frappe chez ce groupe, c’est la chaleur et la simplicité qu’il dégage, des qualités dont bons nombres de groupes devraient s’inspirer un peu. Définitivement un groupe de scène, faisant preuve d’une grande complicité entre eux, ils auront réussi à me faire adorer les morceaux d’un Legacy qui ne m’avait pas transcendé («Get Your Freedom Back »/ « Nobody’s Lives »), nouvelle preuve de l’intérêt de voir le groupe en live. Un set assez magique donc, sans faute note, de belles leçons de slapping d’Anis, frappant frénétiquement sa basse, et les soli de Malek qui ne flirtent jamais avec la démonstration. Le combo, pour notre plus grand plaisir, choisira de terminer sa prestation par un « Merciless Times » dantesque durant laquelle la danseuse réapparaîtra, pour un dernier moment plein de sensualité avec Zaher. Un super moment donc, mais honteusement limité à 6 morceaux pour un groupe qui aurait mérité bien plus qu’une demi-heure de jeu, sûrement le prix à payer lorsque l’on partage l’affiche d’un groupe comme Symphony X.

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Il y a des groupes que vous avez découverts et adorés il y a des années et que vous avez enfin l’occasion de voir en live. Symphony X, dans mon cas, fait partie de ceux-là, tout comme Blind Guardian que j’ai enfin pu voir l’année dernière [au Bataclan, ndlr]. Si la venue au Hellfest du combo américain avait été un grand moment, malgré leur faible temps de jeu, elle m’avait surtout fait me rendre compte à quel point j’étais passé à côté du très indigeste The Iconoclast. D’ailleurs, au risque d’en froisser plus d’un, un peu comme pour Metallica, dont la carrière, pour beaucoup, s’est arrêtée après And Justice For All, dans le cas de Symphony X j’ai beaucoup de mal avec « l’après » The Odyssey, tellement cet album, que j’écoute encore très souvent, est magistral. Pourtant, de la même façon que le fan de Metallica qui va voir le groupe malgré la mention « nouvel album tour », j’ai espoir, empreint de nostalgie, d’entendre des morceaux plus anciens, histoire de me prendre une claque encore plus grosse que celles des nombreuses démonstrations de Michael Romeo que j’ai pu parcourir sur Youtube.

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Bon, force est de constater que ça va être mal barré vu que la quasi-totalité de la setlist sera consacrée à Underworld, bon album au demeurant mais qui n’est pour l’instant pas parvenu à me provoquer de grands émois. Sur le papier c’était donc mal parti, mais qu’on se rassure, même les fans les plus blasés et attentistes auront de quoi se réjouir. Si, comme je l’ai dit, beaucoup de titres du dernier album peineront à me convaincre même en live (« To Hell & Back » ou « Without You »), d’autres en revanche sont terriblement efficaces (« Kiss of Fire » ou « Nevermore ») car SYMPHONY X reste une impressionnante machine de scène, avec un Russell Allen, au même titre que Hansi Kürch, définitivement un des meilleurs frontmen du genre, jouant sur tous les registres, de la petite blague au public, aux centaines de serrages de mains et autres gestes de proximité avec le public, au registre plus émotionnel lorsqu’il évoque les attentats de Paris ou quand il explique le concept de son album. On lui pardonnera ses vilaines lunettes de coureur cycliste. Et si la complicité avec Michael Romeo, qui porte enfin des vraies chaussures et non plus ses immondes énormes baskets, fait super plaisir à voir sur scène, on regrettera la mise plus en retrait des autres membres du combo.

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Après une petite dizaine de morceaux d’Underworld, et comme une transition par l’instrumental «The Death of Balance/Lacrymosa »  le groupe aura tout de même la bonne idée d’intégrer quelques morceaux plus anciens, et non des moindres : « Out of The Ashes », et « Sea of Lies » qui nous ramèneront 20 ans en arrière avec The Divine Wings Of Tragedy, qui fera un peu bouger un public dans l’ensemble assez statique jusqu’à présent (bon, se mouvoir facilement relevait parfois de l’exploit, j’en conviens), et à part de grands mouvements des premiers rangs pour serrer la main d’Allen et quelques tentatives de slams plus ou moins réussies, on n’aura pas vu grand-chose. Ce même cher Russell, qui aura déjà tellement donné de sa personne, ira jusqu’à commencer un début de slam, qui, du haut du balcon, avec toutes ces mains tentant de l’attraper donnera l’image du corps d’un défunt voguant sur le fleuve Styx (histoire de rester dans un thème cher au groupe). Et après cette bien belle image, le groupe retournera quelques instants dans ses quartiers, avant un rappel à la fois percutant avec un « Set the World on Fire », et une nouvelle fois plein d’émotion où le groupe rendra une nouvelle fois hommage à Paris, mais de façon plus générale à la liberté, celle d’aimer et d’écouter la musique que l’on aime, sans oublier ce vibrant hommage à Dio, concluant ce fort joli moment par le titre « Legend » dont le refrain sera repris en chœur par l’ensemble de la salle.

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Si la soirée avait plutôt très mal commencé, on ne peut que se réjouir de constater que globalement tout s’améliorera (on mettra de côté le confort limité de la salle) : Melted Space, de ce qu’on aura vu, mérite un intérêt certain et on lui souhaite le même succès que ce que peut faire Arjen Lucassen avec les projets Ayreon et Star One. Myrath, quant à lui, véritable coup de cœur de la soirée, bien que frustré par la durée de leur set, aura confirmé son statut de grand groupe de scène, en plus de nous pondre de superbes albums. On a hâte de les revoir, en compagnie de leurs compatriotes de Nawather par exemple, dont le premier album est excellent (cf. notre chronique de l’album). Symphony X enfin, si je resterai éternellement sur ma faim tant que je n’aurai pas entendu les 24 minutes de The Odyssey, aura été absolument monstrueux. Je ne vais pas faire la fine bouche, malgré tout, et ça ne me fait pas mal de le dire, j’ai pris une immense claque. Certains pesteront sur le côté grosse machine US très douée pour la com’, j’ai la naïveté de croire en la sincérité d’Allen et de sa bande, qui nous auront fait vivre une plus qu’excellente soirée. De toutes façons, avec Base Prod & Garmonbozia on est rarement déçus….

Texte : Mats L.

Photos : Mel. B./Mats L.

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