TESSERACT + GUESTS @ LE DIVAN DU MONDE – 15/02/16

L’hiver semble enfin vraiment arriver à Paris avec un bon gros froid humide. Froid que le, parfois jeune, public, a décidé de braver, venu en masse ce soir pour une date qui se verra sold-out ou presque. Qu’il est bon de retrouver enfin le Divan du Monde, définitivement une de nos salles parisiennes préférées. Et ce soir on va être une nouvelle fois gâtés avec une affiche qui sent bon le metal bien technique. Alors même si on est un peu déçu que Nordic Giants n’ait été prévu que pour la partie britannique de la tournée, on ne peut que se réjouir de la venue de Tesseract et de The Contortionist dans la capitale.

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Découverts vraiment avec leur second album « Intrinsic », sans être fan absolu, j’avais adoré l’album suivant « Language » qui marquait l’arrivée de Michael Lessard comme chanteur. Et ça commence bien avec un démarrage tout en douceur par la duologie « Language » (Intuition/Conspire) issue de l’album du même nom, un calme relatif qui va être de courte durée car ça va vite s’énerver, pour un joyeux bordel qui permettra au public de s’exciter, et des titres comme « Solipsis » ou « Causality » semblent parfaits pour chauffer les fans, sur lesquels quelques (très) rares tenteront même de slamer.

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Musicalement, on pense bien évidemment à Monuments, décidément très populaires vu le nombre de t-shirts du groupe arborés ce soir, mais aussi à Between The Buried & Me avec lesquels ils ont partagé l’affiche du Coma Ecliptic Tour. Mais si musicalement les deux groupes se ressemblent, avec parfois cette même impression de « gros bordel-et-qu’on-a-du-mal-à-savoir-quand-un-morceau-s’arrête-et-quand-le-suivant-commence », le jeu de scène de leurs frontmen respectifs est bien différent : là où Tommy Gilles est très expansif et très bavard, Lessard est dans une retenue presque flippante, fixant un public pour lequel il n’aura qu’un simple « merci et au revoir », explosant lors de ses lignes de chant hurlées, puis se refermant presque de façon autistique. Une performance très impressionnante mais qui semble en avoir dérouté plus d’un. Pour le reste, je suis un poil perplexe : si les influences prog et jazz se ressentent, et que ça joue très très bien, on a parfois l’impression que chaque musicien joue sa partie dans son coin et qu’en mélangeant tout on obtient The Contortionist. Si en album ça rend super bien car on s’amuse vite à décortiquer les morceaux, scéniquement ça aurait pu être mieux disons, même si force est d’admettre que l’espace disponible sur la scène n’était pas super propice au jeu de scène, dommage.

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Que de chemin parcouru pour TesseracT, groupe au parcours atypique : création en 2003, découverte aux yeux du monde avec l’arrivée de Daniel Tompkins au chant en 2009 avec la sortie de l’EP Conceiling Fate. Emergent en plein début de la vague « djent », le groupe peine à sortir du lot et est injustement catalogué dans ce genre, et qui plus est assez critiqué par bon nombres de magazines musicaux, français du moins. Pourtant, à mesure de concerts et une signature sur LE label britannique de prog (Steven Wilson, Anathema…) KSCOPE, le groupe va pouvoir montrer qu’il est bien plus que ça, et que son authenticité, comme son talent, sont absolument réels. Pour celles et ceux qui ont eu l’occasion de voir le sieur Tompkins dans d’autres projets auxquels il a participé, Skyharbor notamment, ils ont pu comme moi constater la sensibilité et la simplicité de l’homme. Le revoir donc au sein de TesseracT après la « parenthèse Ashe O’Hara » était très attendu, et leur prestation lors du Damage Fest était un avant-goût qui nous avait fait beaucoup saliver avant de les voir ENFIN en tête d’affiche ce soir.

Pourtant, on pouvait s’inquiéter un peu : Tompkins était malade hier, et même s’il est parvenu à assurer son set sans souci à Vosselaar (Belgique), on pouvait s’attendre à certaines difficultés de la part du frontman anglais. On commence d’ailleurs un peu à s’inquiéter, l’attente est longue. La musique de la salle s’arrête, les lumières s’éteignent sur une bande-son presque dark ambient qui durera quelques minutes, faisant s’impatienter encore un peu plus un public prêt à exploser. Une attente récompensée car c’est le titre « Phoenix » qui aura été choisi pour lancer cette heure et demi de plaisir.

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©Digital Fufux

Sans être un grand fan de Polaris, qui manque peut-être un poil de folie à mes yeux, One restant définitivement mon album préféré, je dois admettre que sur scène ça prend une toute autre dimension, permettant déjà de montrer que le sieur Tompkins va mieux, et surtout de rassembler un maximum de public qui a découvert le groupe avec cet album. Mais que les fans chiants de la première heure comme moi se rassurent, le reste de leur discographie ne sera pas oublié avec notamment LE climax de la soirée avec une demi-heure d’extase où, comme sur leur dvd, faisant pourtant le choix de faire l’impasse sur « Acceptance », première partie de la trilogie « Conceiling Fate » (mais offert plus tard dans la soirée , Tesseract va nous honorer des deux autres parties ET l’intégralité d’Of Matter (Proxy-Retrospect-Resist) où Dan montrera une nouvelle fois qu’il maîtrise toutes les lignes de chant d’Ashe). Rassasiés ? Pas encore, un titre comme « Survival », et son refrain imparable, aura même réussi à me faire dire que finalement Polaris est un sacré bon album au final.

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De la maîtrise ? Absolument. On reste assez ébahi devant autant de technicité, mais une technicité pas chiante ; d’ailleurs les mecs, assez complices, semblent bien s’amuser, ce qui dénotera un peu avec The Contortionist. Mais ce qui marquera le plus c’est la nouvelle preuve que le groupe possède ce petit supplément d’âme qui manque à beaucoup de groupes, grâce à un petit coup de « Nocturne », histoire de faire presque définitivement oublier O’Hara. Là on se dit que ça aurait été parfait de terminer là-dessus mais on aura droit à une dernière petite leçon de slapping de la part d’Amos Williams sur la première partie du « Conceiling Fate », décidément d’une classe folle ce soir avec son faux air à la Hugh Grant. Une bonne grosse claque qui nous fera largement passer l’absence de rappel.

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Jusqu’où ira TesseracT? C’est une des questions que l’on peut se poser à la fin de cette soirée. Le genre a beau être de plus en plus saturé, le combo fait partie des rares formations à tirer leur épingle du jeu grâce à un mix d’authenticité et de professionnalisme qui force le respect. En tous cas, ils méritent pleinement leur succès, et nul doute que s’ils continuent comme ça, ils feront partie des fers de lance de cette génération de la « Nouvelle Vague du Metal Prog », dans laquelle on retrouve notamment Leprous, Haken et d’autres formation bourrées de talent qui n’hésitent pas à mélanger immense maîtrise technique et déferlement d’émotions dans leur musique, du grand art! Quant à The Contortionist, j’en attendais beaucoup, et même si parfois ça manquait de cohérence, dans l’ensemble je n’ai pas été déçu, avec un Michael Lessard décidément unique, dans un Divan du Monde qui aura pleinement rendu justice aux qualités du groupe d’Indianapolis. A revoir, peut-être simplement en tant que spectateur pour pouvoir apprécier le groupe à sa juste valeur.

Merci à Veryshow pour cette soirée.

Texte: Mats.L

Photos: Mel.B / Mats.L

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