
Le label Eisenwald Tonschmiede a le don pour trouver de bons petits groupes dans la scène underground affiliée au Black Metal. L’année dernière on avait Vivus Humare, Fluisteraars, Vargnatt et Grimoire. A cette liste, vous pouvez ajouter maintenant Mosaic.
Seul aux manettes, Inkantator Koura délivre cette année un album sous forme de double E.P : Harvest – Songs Of Autumnal Landscapes And Melancholy d’un côté, et The Waterhorse de l’autre. Le choix du diptyque est évidemment justifié par une double inspiration musicale. Harvest est un E.P de Folk/Ambient tandis que The Waterhorse s’inscrit dans le plus pur jus du Black germanique tendance Gratzug ou The Ruins Of Beverast.
Mosaic est exactement le genre de projet que j’aime chiner sur le net : un style original associé à une ambition artistique forte et prenante. Il ne m’en fallait pas plus pour me procurer ce double E.P, ainsi que le précédent sorti en 2014 et intitulé Old Man’s Wyntar (que je vous recommande chaudement). La compilation débute avec un Songs Of Autumnal Landscapes And Melancholy profondément Folk et fortement Ambient. Le style est parfois expérimental mais rappelle sans aucun doute les ambitions d’un Empyrium ou d’un Sol Invictus. Inkantator Koura n’a pas fait les choses à moitié, Harvest est très réfléchi et prend ses racines textuelles chez des poètes comme Georg Trakl, Christian Morgenstern ou encore Joseph Von Eichendorf (tous d’origine allemande, comme Mosaic d’ailleurs). Logiquement, Samain (la fête religieuse celtique) sépare l’E.P en deux en symbolisant le passage d’un monde automnal à un autre, de la lumière à l’ombre… La dernière piste clôt la partie Folk avec presque une demi-heure de musique à l’atmosphère envoûtante. Du pur génie.
Puis vient The Waterhorse, la partie Black Metal. C’est sans doute ici que Mosaic révèle le plus son talent. Inkantator Koura s’offre le luxe d’un E.P long, bien construit, équilibré et d’un style remarquable. Des passages dissonants s’enchainent à des instants quasi religieux, où la voix de Koura se fait entêtante et mélodique. L’inspiration est cette fois à chercher du côté de Bäckahäst (ou Kelpie), autrement traduisible par « le cheval des ruisseaux ». Issu du folklore scandinave, Bäckahäst est un animal légendaire connu pour ses ruses, entraînant quiconque le montera dans la rivière afin de le noyer… On retrouve le Bäckahäst dans d’autres œuvres de BM, notamment dans les artworks de Filosofem de Burzum. C’est toujours cette légende qui inspire la dernière piste éponyme, tirée d’une nouvelle du romancier canadien William Bliss Carman. Une véritable démonstration de Black Metal atmosphérique en plus de dix-sept minutes. De quoi ravir les fans de Black germanique !
Mosaic performe là où l’on ne l’attendait pas. Ce double E.P est une vraie réussite, les inspirations sont nombreuses, pertinentes et enrichissent l’album d’atmosphères paganiques et folkloriques. On souhaite qu’Inkantator Koura continue ce genre de projet, pour le bien de la scène Black Metal et son développement procréatif.
Mosaic, Harvest : Songs Of Autumnal Landscapes And Melancholy & The Waterhorse, sorti le 1er novembre 2015 chez Eisenwald Tonschmiede
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