
Fêtes de Noël obligent, près d’un mois s’est écoulé depuis notre dernier concert. En ce mois de janvier, il est heureux de voir que les salles se remplissent à nouveau petit à petit, avec des dates qui affichent complet rapidement, les dates de Skunk Anansie, Ghost ou plus récemment le retour de At The Drive-In en sont de très bons exemples. Et malgré le caractère « extrême » de l’affiche très suédoise proposée par Century Media ce soir, il ne faisait aucun doute qu’avec le succès grandissant de Tribulation et la fanbase très solide de Grave Pleasures, la salle de la Porte de La Villette attirerait la foule (on ne se sera pas trompés car le Glazart sera rempli aux 2 tiers ndlr)
La plupart d’entre nous avaient découvert Vampire lors de la première édition du Fall of Summer alors qu’ils concluaient la première journée, parvenant à maintenir éveillé la part du public qui avait pu rester jusque tard dans la nuit. La bande à Hand of Doom (frontman du combo) avait fait bonne impression avec un black old-school simple, efficace et sans artifice (on oublie les warpaints et on va à l’essentiel), de quoi contenter les amateurs du genre et faire bouger les non-initiés. Leur place était donc toute légitime ce soir, et on avait assez hâte de voir le groupe dans une autre configuration plus réduite que celle du festival de Torcy.
Autant vous le dire tout de suite, je suis loin d’être un fan du genre, mais je sais reconnaître quand quelque chose est bien fait. Force est d’admettre que même si la musique de Vampire est assez « basique », c’est extrêmement bien fait : on avait la promesse d’une ambiance malsaine voire glauque, et c’est plutôt bien restitué, grâce notamment à un lightshow à dominance rouge et un leader qui se donne beaucoup sur scène (s’essayant même à quelques mots en français), très démonstratif et expressif, accentuant l’aspect « rituel » de leur prestation. Au final, même si le manque de mélodies, notamment, m’empêchera de prendre mon pied, même si par moments ça m’aura fait penser à du Satyricon, c’est déjà ça…
De mélodies il sera bien plus question avec Grave Pleasures juste après, et on pourra d’ailleurs s’interroger sur le contraste entre ces groupe, qui divisera le public vus les commentaires qu’on lira et entendra après le concert. Moi qui pensais surtout me prendre une claque avec Tribulation, mon vrai coup de cœur aura été pour le combo finlandais, tout en me faisant éprouver certains regrets : de les avoir ratés au Hellfest, puis à la Flèche d’Or, et également n’avoir jamais vu voir The Oath (dont fait partie leur délicieuse guitariste Linnéa Olsson) avant leur split en 2014.
Je risque de manquer de superlatifs, mais je suppose que vous avez tous vécu des concerts où la seule expression qui sortira de votre bouche juste après un set que vous avez adoré est un « putain ! ». Je crois que c’est ce que j’ai dû dire à Mel juste après. D’abord une vraie leçon de charisme de la part de Mathew McNerney , élégant leader anglais avec ce délicieux timbre qui sent bon le goth rock/post-punk, de plus, il fait partie du groupe Hexvessel, et ça c’est une formidable découverte. Ensuite parce que le batteur a son hyper intéressant et un jeu bien moins basique que la plupart des groupes du genre, allait parfois vers des rythmes tribaux. A côté de ça, Grave Pleasures est une machine à tubes, « Crying Wolves » et « Utopian Dreams » en sont de très bons exemples, et la preuve que c’est efficace, même si on ne les a entendus qu’une fois, on est capable d’en fredonner les paroles, et en prime on aura même droit à quelques morceaux de feu Beastmilk comme « Death Reflects Us ». La mort et autres joyeusetés auront rarement été aussi séduisantes…merci Beastmilk.
Bon, après ça, on se dit que la soirée pourrait très bien se terminer là-dessus, on en aurait déjà eu largement pour notre argent. Pourtant, le gros morceau de la soirée s’apprête à entrer en scène.
Autre sensation du Hellfest qu’on a raté (les français de Death Engine jouaient au même moment sous la Valley), Tribulation fait partie des groupes de black metal les plus intéressants de ces dernières années, rendant les journalistes presque hystériques, un peu comme le fait Ghost, et clivant une bonne partie des fans du genre dont une partie criera au blasphème face à ce black metal plus accessible et hyper mélodique de l’album « The Children of The Night », bien éloigné du death metal de leurs débuts. Mais que tout le monde se rassure, tout le monde aura de quoi se réjouir avec leur setlist de ce soir, piochant autant dans leur matériel plus récent que dans leurs premiers travaux que sont « The Horror » & « The Formulas of Death ». Alors navré pour les fans de la première heure, mais de Tribulation j’aime surtout ce qu’ils ont proposé ces toutes dernières années, avec ce côté théâtral très seventies aux accents black metal, un brin kitch mais tellement classe, et « Melancholia », leur nouveau titre, montre qu’ils vont pour le moment continuer dans cette voix-là. Pour le côté théâtral, on peut sacrément remercier Johannes Andersson, qui, même avec des dreads et sans costume, vraiment excellent, qui m’aura même fait penser à certains moments à Martin Schirenc (Hollenthon), dans sa façon de chanter comme dans cette aura qu’il dégage.
Mais le sieur Andersson m’aura moins impressionné que le deux guitaristes du groupe, et pas seulement par leur généreux jeu de scène, l’un aux faux airs de Joe Perry (Aerosmith), version conte macabre, et l’autre, poupée désarticulée cadavérique incontrôlable. On voit souvent une asymétrie entre les guitaristes, l’un plus mis en avant que l’autre, dans leur cas, le deux font un boulot monstre et c’est plus qu’admirable (je ne mentionnerai pas le batteur, que je n’ai absolument pas vu de tout le concert, caché derrière une épaisse fumée réalimentée régulièrement pendant toute la durée du set). Je ne vais pas faire la fine bouche, Tribulation mérite largement son succès, c’est carré, plutôt original, sur scène c’est excellent même si je ne suis pas fan de toute leur discographie.
Au final, malgré bon nombre de raisons de se réjouir pendant et après cette soirée, un sentiment un peu étrange quant à l’intérêt d’avoir mis sur la même affiche ces trois groupes qui auront divisé une partie du public, venant pour certains d’univers très différents et ne se côtoyant surement qu’en festival, mais jamais devant la même scène. Ca me fera toujours chier d’entendre des fans de black metal dire que tel ou tel groupe c’est de la merde sans être capable d’avoir un point de vue un peu nuancé. En tout cas c’est bien dommage pour eux, parce que les trois groupes maîtrisaient objectivement leur sujet, et cette soirée aura eu le mérite d’apporter son lot de confirmations scéniques, avec une énorme mention spéciale pour Grave Pleasures, vous l’aurez compris.
Une nouvelle fois, merci à Garmonbozia et au Glazart d’avoir rendu tout ça possible.
Texte: Mat.
Photos: Mel
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