THE BIG SHORT

The Big Short avec en sous titre “le casse du siècle”, à ça, que pouvait-on faire ? Eh bien se précipiter comme des moutons, appâtés par ce truc français qui est de rajouter du pompant pour vous ramener dans les salles car un film sur la finance ça risque de ne pas attirer grand monde face à Star Wars ! C’est en commençant par ce coup de gueule que je vais enfin vous parler de Big Short. Au delà de ce que pensent certains, ce n’est pas Ocean Eleven à Wall Street. C’est plutôt comment te faire comprendre le niveau de pourrissement du système capitaliste en appelant les choses concrètement par leur nom. Ou plutôt comment rentrer dans une salle en s’attendant à voir une pure morale américaine tronquée et ressortir avec un sérieux coup de poing entre dépit et révolte.

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Vous ne me suivez pas ? C’est pourtant simple, partant du livre extrêmement dense et pointu  de Michael Lewis concernant la crise des subprimes qui a touché le monde en 2008,  et bien Adam McKay crée un postulat à partir de cette histoire véridique de ces personnes ayant compris 3 ans plus tôt que le système banquaire américain par appât du gain et surtout se sentant au dessus des lois provoquerait la chute de l’économie mondiale en partant des Etats Unis avec l’effondrement spéculatif de ces subprimes ou CDO. La suite, vous la connaissez et je vous entends déjà, vous allez me dire encore un film sur la finance, etc etc. Il y a eu Margin Call ou 99 Homes  certes, mais là c’est tout autre chose.

On est donc en 2005, Wall Street, profitant de l’aveuglement généralisé des grosses banques, des medias et du gouvernement, quatre hommes pris pour des fous, des outsiders,  anticipent l’explosion de la bulle financière et tout simplement la crise économique qui touchera le monde capitaliste. L’histoire vraie de ces personnes en fil rouge sur 3 ans en amont de la crise a un intérêt. Mais je vous arrête tout de suite, personne n’est héros dans cette histoire car quand il est question de se faire de l’argent sur une crise et il sera donc difficile de soutirer un capital sympathie complet.  Mais on restera tout de même partagé avec certains car ces personnes-là sont humaines dans le sens large du terme et nous posent certaines questions au sein de ce film qui est loin d’être ces choses pré-modelés hollywoodiennes, donnant ainsi un visage tout autre à cette crise de 2008.

C’est dans un registre entre le docu et la fiction intelligemment introduit par un narrateur, Ryan Gosling et  chapitré comme il faut que Adam Mc Kay construit son film. Aux idées modernes et dynamiques limites sous coke pour garder éveillé et attentif le public  vierge de tout bases économiques. Convoquant une jolie blonde dans son bain ou Selena Gomez pour t’expliquer tel ou tel  schéma financier, la réalisation se laisse aller à des idées en série pour suivre la situation, l’évolution et le pourquoi de cette bulle à travers ces quatre gars. C’est peut être là que le bât blesse pour ceux s’attendant à du pur hollywood car le débit d’infos est à 2000 à l’heure et malgré les bonnes volontés de Ryan pour nous expliquer la perversité du système, il est clairement possible qu’une partie décroche, mais à quoi bon, ils y reviendront…

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Car oui, Adam MacKay propulse cette histoire dans une originalité  rafraichissante de réalisation. Dans un tourbillon survolté rappelant pas moments le cynisme et la dynamique du Loup de Wall Street du maitre Martin Scorsese, Mac Kay manie la comédie, et le cynisme au sujet d’un drame provoqué par un système sauvage qui régit le monde: la finance et le capitalisme à outrance.  Faut appelé un loup un loup et il n’hésite pas de le faire sans concession et aidé d’acteurs qui se voient ici offerts des rôles particulièrement intéressants. Des personnages outsiders totalement à part et qui donnent un autre visage à cette question. 

Un premier gars, le Dr. Michael Burry, personnage le plus intéressant de l’histoire, je ne vous en dis pas plus, génialement interprété par un Christian Bale qui prouve encore quel grand acteur il est avec une une intensité de jeu pour ce génie des chiffres, autiste de tout socialisation, passant son temps à écouter du Metal dans son bureau, tout en analysant la paperasse de milliers de défauts de paiements sur des prêts immobiliers. La morale est moins ambiguë avec Burry alors que tout part de lui.  Quant à notre narrateur, Jared Vennett, golden boy trader au sein de la Deutsches Bank et chaud comme la braise, le prétentieux charismatique qu’on déteste et qui le sait mais il en a rien à faire.

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Et un troisième, le conseiller en placement, patron d’un hedge funds sous la coupe de la fameuse Morgan Stanley,  c’est Mark Baum qui offre un rôle assez intéressant pour Steve Carell jouant cet homme en colère contre le système, se lançant dans une croisade contre le monde de la finance mais en même temps va s’enrichir à travers cela. Il réussit à donner toute  cette humanité à ce personnage révolté, troublé mais qui au final s’en trouve encore plus riche  et baignant dans une moralité ambiguë. Cette scène forte sur sa terrasse à Park avenue. alors que d’autres ont tout perdus, il accepte et conçoit au final l’ambiguité de sa place.  Au final il y a Ben Rickert, joué par Brad Pitt, l’ex trader repenti et éco-responsable, ici comme bonne conscience du film malgré ses petites ambiguités personnelles, l’annonce concrètement dans le film, c’est un pari contre l’économie mondiale mais surtout ce sont des milliers de gens qui perdront tout dans cette chute de la finance. 

On s’arrête là mais le conflit moral est présent tout au long du film, doit on faire son job tout en sachant ça… On est tous humains et c’est pour cela  que Jared Vennet est là, le golden boy qui surfera au mieux sur la situation et qui s’en cache pas, le tout sans ambiguité.. Qui lui jetterait la pierre ? C’est aussi l’intelligence  de la réalisation et du scénario de Mc Kay et Randolph, de laisser ainsi le choix au spectateur qui puisse considerer comme il le souhaite ces personnes. 

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 Au final qui sont les profiteurs, les fous ou les irresponsables dans tout ça ?  Ces hommes qui n’ont vu que ce qui se passait et ont pariés contre le système, ou ce dernier qui  connaissait pleinement la situation et qui ne voulait pas voir la vérité car trop gourmand… Et puis certains paieront les pots cassés, ce qui a été fait, vous savez, ce sont toujours les mêmes, comme d’habitude.

 Un film qui peut en perdre certains en cours de route mais il a le mérite via ses acteurs  et sa mise en scène inventive et puissante d’être au service d’une vérité qui risque de vous déranger et de rendre intelligible pour le commun des mortels un sujet aussi compliqué alors que votre banquier ferait en sorte de vous y  perdre au plus vite… C’est la réalité choquante des faits qui est  proposée dans sa version la plus honnête tout en étant faisant comprendre que le souci est peu être encore présent…  Vous en sortirez choqué et révolté. Mais c’est tout à fait normal. Je ne vous en dit pas plus, Ryan Gosling vous expliquera mieux la situation.

Il ne vous reste plus qu’une chose à faire pour la suite….

The Big Short, le casse du siècle, Adam Mc Kay, durée 2h11, production américaine, sortie le 23 décembre 2015.

Acteurs principaux: Christian Bale, Steve Carrel, Ryan Gosling, Brad Pitt.

Texte: Anthony

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