
Il y a presque tout juste un an, la France découvrait les Hollandais de Komatsu, choisis pour accompagner Monsieur John Garcia dans sa tournée. Une prestation excellente et de très bons retours de la part du public du Glazart pour un groupe devenant un des fers de lance du stoner/sludge originaire d’ Eindhoven. En juillet dernier, on était à peine remis du Hellfest qu’on nous offrait un plateau de choix composé de Mos Generator, Elder et Nick Oliveri justement. Alors que l’année 2015 touche à sa fin, et qu’un bilan s’imposera sûrement, la bande des Stoned Gatherings a décidé de nous balancer une toute dernière bûche, histoire de fêter Noël avant l’heure. Il faut dire que, contrairement aux bûches des fêtes qu’on finit tous par vomir à un moment ou à un autre, de celles balancées par les SG on n’est jamais rassasié, toujours, toujours à en redemander… Ayant donc anticipé notre sempiternel besoin de gras et de poussière, c’est un dessert en deux temps qui nous sera servi ce soir, avec une leçon de sludge original façon hollandaise, avec ensuite une des légendes du desert rock aux accents punks imprévisibles de Mondo Generator…
Pourtant, malgré la puissance du line-up de ce soir, le Glazart sera très peu rempli, avec une grosse centaine de personnes tout au plus, et un peu moins pour Komatsu, qui nous intéresse immédiatement, dommage, d’autant plus que, dernier concert de la tournée oblige, le merch’ est bradé.
Si vous tapez KOMATSU dans votre barre de recherche Google ou même Facebook, il est très probable que le premier terme associé à ce nom soit une marque japonaise d’engins de chantier (désolé pour les spécialistes que j’offusque, je ne connaissais pas ce constructeur), comme CAT par exemple. Et ça tombe bien, parce qu’après nous avoir balancé une bonne pelletée de sludge aux accents grunge, les revoilà à Paris pour une seconde, pour carrément nous ensevelir sous une bien plus grosse offrande. Hasard du calendrier, j’avais il y a un an « osé » comparer le chant de Mo Truijens à celui de Scott Weiland (dans certaines intonations) disparu il y a quelques jours. J’avais adoré leur passage, trop court mais qui permettait de se faire une réelle idée de leur potentiel. Des influences grunge donc, évidentes, et pas que dans le look de leur chanteur, élément qui m’avait vraiment marqué. Le seul souci que j’avais peut-être c’est que la disparition de l’effet de surprise, désormais on anticipe, on espère, notamment en ce qui concerne le jeu de scène de leur bassiste complètement fou, Martijn Mansvelders, qui n’avait de cesse d’haranguer le public, jusqu’à venir carrément jouer dans le pit. Fort heureusement, et même si ce soir la prestation sera un peu plus « classique » ou « sage » disons, elle n’en sera pas moins visuellement intéressante, avec des interludes dans lequel le groupe déconnera et tentera de s’exprimer en français. Pourtant, les mecs auraient le droit de faire la gueule vu qu’on apprendra qu’ils se sont fait voler une partie de leur matos lors de leur passage à Rome.
Mais ce qui ressortira le plus de ces ¾ d’heure de show, c’est, en plus du changement de gratteux et de batteur, ce sont les progrès du quatuor. Plus percutants sur les titres déjà connus (« Rose of Jericho », « WTF » ou encore le désormais classique « Komatsu » que le public a un poil du mal à reprendre avec le groupe, majoritairement venu pour Nick Oliveri et sa bande), on découvre avec grand plaisir d’autres titres qu’on avait pas eu le plaisir d’entendre lors de leur précédente venue, notamment « Scavenger », « Recepe for murder one » et « Blackwater ».
Vous l’aurez compris, je ne saurais trop vous conseiller une nouvelle fois de tendre l’oreille sur ces quatre hollandais. Si vous aimez le sludge, le stoner, le grunge et les passages instrumentaux atmosphériques, vous passerez sans doute un aussi bon moment que moi, et ce même si votre truc c’est plus Mondo Generator, qu’on retrouve tout de suite d’ailleurs.
Mondo Generator n’est certes pas le projet (parmi la multitude de formations où il a officié) de Nick Oliveri que je préfère et ce n’est pas le meilleur chanteur du monde, mais toute apparition de sa part est un événement en soi. J’avais hâte de découvrir en live un groupe que je connaissais assez peu, seulement quelques morceaux par ci par là, qui ne m’avaient pas transcendé. Il était donc temps de balancer mes a priori, préjugés et tout ce que vous voulez pour avoir une vraie réponse. Et même si on sait qu’on ne va pas être musicalement bluffé, on sait très bien que le bonhomme sait et va faire le show. Ce qui risque surtout d’arriver c’est que je sorte un « putain, c’était vachement bien en fait » à la fin du concert.
Élément intéressant, on retrouve une partie du public déjà présent lors du dernier passage au Glazart d’Oliveri, preuve d’une fanbase parisienne fidèle, alors qu’on retrouve très peu des habitués des Stoned Gatherings, et également quasi aucun webzine pour couvrir l’événement. Pourtant, malgré un public assez clairsemé, le power trio californien va donner, énormément donner. Alors qu’ils tournent depuis des mois, que ce soit Mike Pygmee (guitare) ou Jeff Bowman (batterie) semblent à peine fatigués, offrant un show spectaculaire, même si on sent parfois qu’ils luttent, mais la chaleur des spots du Glazart ne doivent pas aider. J’imaginais d’ailleurs, voyant le physique du bonhomme, Mike Pygmee assez brut voire bourrin. Au contraire, le mec est ultra souriant et son jeu bien plus subtile et varié que je ne pensais, my mistake, c’était parfait. Quant à Nick Oliveri, bien plus à l’aise avec sa basse qu’avec sa guitare, on constate que sa voix rauque et abîmée est bien plus adaptée à un set électrique qu’acoustique. Mais ce qui fait le plus plaisir dans la prestation de Nick c’est sa générosité, toujours à discuter, mélangeant remerciements sincères et interpellations du public, créant de véritables échanges. Et quand il joue, le bonhomme semble toujours aussi habité, hyper communicatif dans ses émotions, même si, qu’il joue des morceaux totalement punks ou bien plus bluesy (déployant un patchwork de ses compositions pour ses divers projets, comme lors de son set acoustique), c’est surtout de la rage, du désespoir, qui ressort de tout ça, sans jamais être feint, toujours sincère. Et c’est sûrement cette authenticité brute, cette puissance émotionnelle qui fait que ça fonctionne super bien et qu’on en redemande, et encore plus quand c’est si bien accompagné par des musiciens inspirés et investis…
Bon, j’avais quelques craintes au début concernant le sieur Nick, sceptique concernant sa voix et que ce concert soit un gros bordel. Mais au final, j’ai été vraiment emballé, comme quoi rien ne vaut un live pour changer d’avis et pour apprécier un groupe, toujours meilleur lorsqu’il est dans son élément. Et force est d’admettre que ça fait super plaisir de voir des mecs avoir encore la patate et être super généreux alors qu’ils sont sûrement épuisés par une interminable tournée.
Alors même si je regrette vraiment que la salle ait été si peu remplie, assez indigne d’un mec comme Nick Oliveri, je ne peux pas nier que j’ai une nouvelle fois passé une excellente soirée, avec une mention spéciale pour les mecs de Komatsu qui m’ont une nouvelle fois bluffé. Et je ne sais pas vous, mais j’ai l’impression que tout groupe qui foule désormais les salles parisiennes nous fait ressentir quelque chose de particulier, ce petit plus dont paradoxalement on pouvait peut-être avoir besoin, nous autres parisiens, d’adoption ou non, blasés et hyper privilégiés en matière d’offre culturelle. Donc merci à tous ceux qui viennent, et que les orgas parviennent à faire venir, plus qu’avant encore, on a besoin d’eux..
Pour terminer, et en guise de conclusion un peu plus large, celle de l’année 2015 des Stoned Gatherings, j’aimerais faire un petit bilan. Bien évidemment, comme nous n’avons pas pu faire toutes les dates en raison d’indisponibilités ou de chevauchements d’autres dates, mais on aimerait quand même apporter nos coups de cœur, nos déceptions et à l’heure où les premiers noms sont annoncés, nos envies pour cette année 2016.
Meilleur concert :
Mats : Jex Thoth, pour l’expérience scénique et Fatso Jetson pour la légende
Mel : Jex Thoth pour l’ambiance si particulière
Meilleure découverte :
Mats : Miava
Mel : Sunnata
Pire concert :
Mats : Toner Low parce que j’étais vraiment pas dedans
Groupe à voir en 2016 :
Mats : Desert Storm & King Howl Quartet
Mel : Samsara Blues Experiment
Groupe à revoir en 2016 :
Mats : Mos Generator encore et encore
Mel : Miava
Si les prochaines affiches sont toujours aussi bien construites, avec en plus cette même envie d’ évoluer et ne plus simplement se contenter de stoner « pur », les influences des groupes évoluant également, du black au prog, on répondra à coup sûr présent . Alors d’ici janvier, au nom de The Unchained, je vous souhaite à toutes et tous d’excellentes et grasses fêtes de fin d’année. A bientôt pour encore plus de chroniques, de reports et de photos…et surtout d’envie de continuer à faire vivre et partager cette scène.
Texte : Mats L.
Photos : Mats L. et Mel B.
Laisser un commentaire