
Très agréable de retrouver la Flèche d’Or, salle où je ne suis pas allé depuis… des mois (un an ?). Plaisir d’autant plus important que c’est ici qu’aurait dû avoir lieu la première édition du Paris Rock Festival, malheureusement annulé en raison des événements de la mi-novembre et sur lesquels je ne m’étendrai pas. Pourtant, malgré une annonce il y a des mois, à 19h30, heure d’ouverture des portes, nous ne sommes qu’une vingtaine de personnes à attendre. On attendait un peu plus de communication, notamment concernant le running order et sur le nom de la première partie. Malheureusement, les infos ont été données le jour même, ce qui fait que ceux qui n’avaient pas accès à Facebook dans la journée sont venus un peu au hasard, fort dommage. Autre regret, pour la première fois, nous sommes le seul média « visible » ce soir, et les deux seuls photographes. Alors même si la plupart des autre zines sont sans doute allés voir Refused, un tel manque de couverture est plutôt décevant, d’autant plus que cette soirée en compagnie de Scorpion Child et de Crobot valait largement le détour, tant pis pour les absents.
On a mis du temps à savoir qui assurerait la première partie ce soir. On nous avait annoncé Buffalo Summer, on découvrira très tardivement qu’il s’agirait pour cette date parisienne des franciliens de Dead Penguin Sporting Club (putain j’adore ce nom). Et comme je le disais, ce n’est pas encore la foule des grands soirs lorsque le combo parisien s’apprête à monter sur scène, dommage parce que ça aura été une découverte vraiment sympa. Formés courant 2011, le combo officie dans un mélange de grunge, hard rock avec un peu de bon gros punk et de stoner.
Emmené par un leader à la fois très charismatique et déconneur vu qu’il s’auto-cassera quand il fera des blagues pourries. Avec un ptit jeu de scène à la Eddie Vedder dans sa façon de tenir le micro (bon, j’aurais pu dire des faux airs de Scott Stapp de Creed, mais je vais éviter), il n’hésitera pas à venir faire un tour dans le pit pour chanter face à ses collègues, pour de très belles images. Bon, alors certes, musicalement ce n’est pas super original, mais ce n’est pas ce qu’on leur demande, surtout dans un style comme le leur, mais la bonne humeur et la maîtrise dont ils font preuve font que j’aurais passé un excellent moment, vraiment ravi qu’ils aient été choisis pour ouvrir. De toute façon, je pense qu’on aura maintes occasions de les revoir dans une salle parisienne…
C’était il y a un peu plus d’un an, édition 2014 du Hellfest , dimanche matin. Sur les Main Stages se suivront, excusez du peu, Year of The Goat, Blues Pills (encore « petits » à l’époque, autant dire qu’on pouvait s’approcher de la scène sans bousculer tout le monde, et Scorpion Child. Trois sets assez ahurissants, entre doom traditionnels pour les premiers, et rock qui sent bon les seventies pour les autres formations. Le dénominateur commun de ces trois sets ? Le charisme de leur leader et une maîtrise assez déconcertante.
Et histoire de terminer la matinée/commencer l’après-midi en beauté, on avait le droit à Zodiac sous la Valley, où comment vous mettre la patate pour la journée, malgré les deux jours de festival que vous veniez d’enchaîner. Quatre groupes issus donc de ce « revival », sans démonstration technique, mais une présence et un côté « cool » en plus des refrains « catchy » pour passer un super moment et fédérer toutes les « tribus » des metalheads. Ce fut donc, comme vous l’avez compris au bout de ces dix lignes, un vrai petit coup de cœur de cette édition 2014. J’avais donc super hâte de revoir la bande à Jonathan Aryn Black dans d’autres conditions, avec un peu plus de libertés et un set bien évidemment plus long & riche que celui accordé à Clisson. De plus, cette tournée permettrait enfin de découvrir enfin des titres du successeur de leur excellent album éponyme (je ne m’attarderai pas sur un énième débat quant aux critiques qu’on a tendance à leur faire, notamment quant à leurs influences « zeppeliniennes » un peu trop poussées, reproche qu’on peut faire à toute cette génération de groupes), enfin passons, ce n’est pas le sujet.
Premier sentiment alors que le groupe se met en place : ce drapeau français qui orne le clavier d’AJ Vincent, pour un bel hommage, que le groupe répétera à plusieurs reprises au cours de son set. Second sentiment : la salle s’est bien remplie, et même si la foule n’est pas celle qui avait accueilli Crowbar il y a de ça des mois, donc la déception qu’on avait eue en arrivant s’est amenuisée. Pour le reste, on avait hâte d’entendre des nouveaux morceaux accompagnants leurs désormais classiques. Pourtant c’est avec un ancien nouveau titre qu’on va démarrer « She sings, I kill », ancien parce que datant de plusieurs années mais pas présent sur leur premier album, on le retrouvera sur leur opus qui sortira début 2016 a priori (oui oui, j’en conviens, faut suivre). Qu’on se rassure, on aura juste après du vrai matériel neuf avec les titres « Reaper’s », hyper pêchu, dans la continuité de ce qu’ils savent parfaitement faire et du bon gros solo de Christopher Jay Cowart.« My woman in black », plus posé permettra le retour de cet instrument cher aux groupes des 70’s : ce bon vieux tambourin. Pour ceux qui pouvaient s’inquiéter de la justesse des envolées vocales de Jonathan Aryn Black, ils ont été vite rassurés. Déjà le charisme du bonhomme est toujours assez dingue, mélange d’Aragorn et Rick Grimes en chemise de velours. Ensuite, il est en forme, très en forme, assez bavard et plutôt juste, même sur les nouveaux titres, comparé à plusieurs vidéos récentes de la tournée où il semblait pas mal lutter…C’est donc avec énormément de plaisir qu’on a accueilli cette première salve de nouveaux titres. Mais il est temps pour eux de nous balancer du bon gros tube comme « King’s Highway », « Liquor » ou bien évidemment Polygon of Eyes, entre lesquels le combo d’Austin continuera à nous montrer de quoi le prochain album sera fait.
Un set plus qu’énergique donc (il suffisait de voir AJ Vincent tout débrancher à force de s’exciter sur son clavier) avec un son impeccable, un frontman toujours aussi intéressant, n’hésitant pas à jouer avec les photographes tout comme descendre dans la fosse. Mais je ne pourrais pas conclure ce set sans parler d’Alec Padron , bien plus en retrait, malgré quelques très jolis moments de complicité avec les sieurs Black et Cowart, mais dont la basse saura se faire entendre…Quand une curiosité devient une véritable confirmation, c’est ce qui vient d’arriver, et on est loin d’être les seuls à penser ça. Bien joué.
Il y a des groupes qu’on vous conseille d’écouter depuis des mois parce que vous êtes passé totalement à travers, sans raison. Crobot est de ceux-là.
Les connaissant donc peu, je venais avant tout pour Scorpion Child en me disant que j’allais passer un moment sympa, sans trop vraiment savoir à quoi m’attendre, enfin si, je me doutais bien que ça n’était pas du black métal ou autre. Sauf qu’à la suite de leur prestation de ce soir, je regrette encore plus d’avoir raté leurs précédents passages en France. Parce qu’autant le dire tout de suite, j’ai pris une énorme claque, bien plus grosse que je ne l’imaginais. D’abord par bien évidemment la qualité de leur son, ce mélange de stoner, de rock des seventies teinté de blues, avec, et pour ça Nuclear Blast a une nouvelle fois un excellent travail promotionnel, en sortant une bonne grosse quantité de singles, comme ils ont pu le faire pour Scorpion Child. Ce qui fait que des titres, comme « Legend of the Spaceborne Killer » qui lance cette avalanche de titres ultra catchy, « La Mano de Lucifer », « Queen of the light » et tant d’autres qui nous feront headbanguer même si on n’est pas spécialiste du groupe. Les morceaux sont courts et irrésistibles une fois joués live. Mais des bons titres accrocheurs ne seraient rien s’ils n’étaient pas interprétés comme il le faut, avec ce petit plus qui fait la différence entre un groupe juste sympa et un groupe qui va vous retourner la tête.
Et pour ça, force est d’admettre que la bande à Brandon Yeagley a fait très très fort. Déjà quand on a un chanteur qui saute partout, multiplie les poses et mimiques en direction des photographes tout en assurant un chant impeccable…Et quand le sieur Black sort son tambourin, le sieur Beagley sort son harmonica pour le titre « The Necromancer », histoire de montrer qu’il ne fait pas QUE bien chanter. Mais il n’est pas le seul du groupe à avoir été impressionnant : les deux frères Figueroa, Paul à la batterie, maltraitant avec plaisir ses fûts, mais surtout Jake, bassiste qu’on aurait bien imaginé sur l’album S.C.I.E.N.C.E d’Incubus, avec son jeu à la fois plein de groove et totalement barré et je dois dire que, même si l’effet de surprise est pour beaucoup parce que je ne pensais pas voir un tel bassiste, c’est sûrement à mes yeux ma plus belle découverte ce soir (et pourtant faire un « classement » aura été compliqué). Enfin, j’ai cru voir Jeff Golden (Crowbar) dans Crobot, mais en fait non, il s’agissait de Chris Bishop (bon, avouez qu’il y a quand même un air), mais je n’ai pas été déçu, loin de là, mélange d’énergie et de sérénité, entre moments de folie, à sauter de son ampli, à jouer par terre. Le tout forme un combo comme on en fait peu. Ultra complices entre eux, avec une spontanéité et une fraîcheur dont beaucoup de groupes feraient mieux de s’inspirer, on sent que rien n’est calculé (ou alors c’est super bien feint) et que les mecs se font plaisir, on est vraiment heureux qu’ils partagent ça avec nous…
Si j’ai envie de faire un petit reproche à Crobot (s’il faut vraiment en faire un petit), c’est le côté répétitif de certains morceaux et qu’on a parfois trop l’impression d’entendre du Wolfmother mais comme le tout est largement compensé par un jeu de scène démentiel….
Avec des signatures comme Crobot, Scorpion Child, mais aussi Blues Pills, Orchid, Graveyard, Kadavar et j’en passe, la stratégie de Nuclear Blast semble depuis quelques années très orientée sur ce revival seventies, comme leurs concurrents de chez Napalm Records. Certains détesteront, regrettant cette « ouverture » à des styles moins extrêmes et plus universels. D’autres, dont je fais partie, ne pourront que saluer et apprécier cette volonté de sortir d’excellents groupes (bien qu’un peu génériques parfois), au son et à la simplicité old school mais avec une production des plus modernes. Et la soirée offerte ce soir en aura été une magnifique vitrine, pas de démonstration technique, mais de la générosité et beaucoup de plaisir, un bon retour aux fondamentaux donc encore une fois…merci à l’équipe de la Flèche d’Or et à Nuclear Blast que j’avais tendance à bien moins suivre ces derniers temps, mais qui aura su faire (re)venir dans son sillage des amateurs de toute cette grande famille du stoner et du rock psyché…
Texte : Mats L.
Photos : Mats L. & Mel B.
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