RENCONTRE AVEC RAF DE T.A.N.K

C’est au Hard Rock Café que l’on retrouvait Raf, frontman du groupe de Death Mélodique parisien T.AN.K, une semaine après la sortie de leur dernier album Symbiosis. Une discussion  où il est question de musique, d’influences, de prog, de Soilwork et de l’importance de la symbiose d’un groupe.

Salut Raf, alors les 1ers  retours ? 

Et bien c’est encore très récent, c’est encore très frais, tu sais. Pour l’instant il y en a peu mais ceux que je retiens le plus et ceux qui me touchent le plus c’est ceux de la fan base. Tu sais, ceux qui sont là depuis le début, eux leurs avis m’importent beaucoup. On a pu faire un concert il n’y a pas longtemps, ils étaient là et du coup ils nous ont donnés leurs 1ers impressions et pour l’instant c’est très cool ! Ils sont heureux. C’est quand même chaud de contenter autant les fans du début, il y a plein de groupes que j’adorais au début, ils évoluent et tu ne les suis plus forcement… Là pour le moment ces retours-là étaient extrêmement positifs et j’espère que ça va continuer.  On a eu quelques retours de chroniques en France qui sont vraiment plutôt pas mal, même mieux que sur les albums précédents. On a quelques retours de l’étranger, eux, ils sont plus durs, parce que… je ne sais pas, peut être que français sont chauvins (rires). En tout cas ils sont plus durs mais on a quand même de meilleurs chroniques que sur les albums précédents et ça c’est, cool. En tout cas, ça reste frais, on en reparlera dans quelques temps, quand on a plus de chroniques.  Mais là où je suis vraiment content, ce sont les fans de la première heure qui sont toujours présents. Donc ça, ça touche particulièrement !

safe_image.php

Que ça nous plaise à tous les 5 c’est déjà une réussite en soi et en plus s’il y a derrière des gens pour aimer et bien c’est mortel quoi !

Après la sortie de Spasms  Of Upheaval qui avait quand même eu son succès public comment avez-vous abordez cette nouvelle étape et ce nouvel album ?

On a laissé les chose venir, peut-être un peu trop. On s’est retrouvé un an après la sortie de Spasmes avec toujours rien de nouveau car on s’était beaucoup axés sur les concerts, sur les tournées en France notamment avec le Hellfest 2013 et c’est après ça qu’on s’est dit “Les gars faut s’y mettre”. On avait juste un riff ou deux qui pointaient le bout de leur nez. Et c’est là qui fallait se remettre à bosser, ça n’a pas été facile, je te le dis clairement, car on commençait à avoir des difficultés en interne qui ont d’ailleurs menés à un changement de line up. Ces difficultés otn fait que ce n’était vraiment pas facile. Heureusement que Nils était là avec son bagage de composition et qu’il a su à la fois proposer la musique qu’il aimait et à la fois comprendre et s’intégrer musicalement à ce que l’on aime et ce que l’on faisait. Donc voila, après  on ne se dit jamais quelle voie on va suivre ou pas. Le but depuis nos débuts c’est faire la musique que l’on aime, après on se fixe pas trop de limites, il y a malgré tout un fil conducteur qui est le death melo mais s’il faut s’en éloigner, on s’en éloigne. Je ne sais pas si tu vois par exemple le morceaux “Baneful Storm” ou “Legacy” et bien ce sont des morceaux que je verrais difficilement sur un album de Soilwork ou d’In Flames. Donc si jamais il faut qu’on s’en éloigne on le fait, le but c’est que ça nous plait, à tous les 5, même si de temps en temps on doit faire quelques concessions. Que ça nous plaise à tous les 5 c’est déjà une réussite en soi et en plus s’il y a derrière des gens pour aimer et bien c’est mortel quoi !

Contrairement à Spasms of Upheaval qui avait un death Mélodique plus massif avec une bonne ligne directrice bien visible, avec Symbiosis on sent une plus grand liberté musicale, un champ des possibles plus ouvert, qu’est-ce qui a joué dans cette direction ? 

Plus riche, oui, je l’espère mais c’est intéressant que tu trouves Spasms ainsi car j’ai l’impression que le dernier est un peu plus bourrin et c’est marrant que tu penses les contraire.

Il est bien bourrin mais pas dans le sens strict du terme. On sent qu’on peut multiplier les écoutes, ça part dans tous les sens et avec plusieurs strates qu’on découvre à chaque fois. 

Certes, il a beaucoup plus d’influences et la principale raison c’est que c’est surtout le premier album oà Nils ( Nils Courbaron guitariste arrivé après la sortie de Spasms) compose et sur le coup, il a beaucoup composé. D’habitude, dans le groupe tout le monde compose, c’est ainsi, c’est la démocratie et ce n’est pas toujours facile mais il est vrai que Nils a beaucoup travaillé  pour cet album. Donc il est arrivé avec ses nouvelles influences qu’on n’avait pas avant, même si de toute façon on a toujours eu des influences très diverses.. Mais il aime beaucoup de nombreux  groupes plutôt old school, par exemple il est ultra fan d‘Iron Maiden. Tu vois des trucs qui viennent du Heavy et d’un autre côté  il est autant fan de Periphery. Et dans tous les cas dans le groupe c’est ça aussi, Olivier notre bassiste est aussi très old school il aime bien mettre des groupes du genre comme Symphony X ou Rhapsody,  ce que j’ai du mal à écouter. Clement le batteur est ultra fan de Meshuggah, moi j’aime des groupes comme Decapitated et Slayer. Voila, les influences de toute façon sont très variées et le fait que Nils soit un nouveau compositeur, forcement ça amène une nouvelle vague et enrichi la musique de T.A.N.K. Je pense que c’est ça ce qui explique aussi le fait qu’il y ai plus de diversité sur Symbiosis. Aussi le fait qu’on ne se met pas de barrières.

Plus technique que les autres albums mais plus facile d’écoute.

Tu me parlais de changement de line up mais on voit sur le livret que Symheris est crédité dans les membres du groupe sans avoir sa photo ? Il a participé à la composition de Symbiosis ?

Oui il a participé à l’album et c’est pour cela qu’on le met dans les crédits même si c’est une participation minime. Les derniers efforts qu’il a fourni avec TANK sont là, il a enregistré ses parties, il n’y a pas de soucis. Mais il se trouve qu’entre le moment où l’album a été enregistré et le moment où l’album allait sortir le line up avait changé, c’était trop tard pour intégrer notre nouveau guitariste mais pas trop tard pour ne pas mettre l’ancien en photo.

Et bien c’est l’occasion de nous présenter votre nouveau guitariste. 

Charly vient de Reims, on l’a trouvé via les auditions. On a fait plusieurs auditions car ce n’est jamais facile de changer de membres et dès le départ on a eu le feeling avec lui. Il est musicien professionnel, il vit de la guitare mais pas que ça car il est aussi sound designer pour des courts métrages, pour des jeux videos indus, ce genre de choses. Et ce qui lui manquait c’était de refaire du métal et c’est pour ça que l’on est bien tombé. Parce qu’il est mortel. Il apporte un vrai vent de fraicheur sur le groupe : il arrive, il est super motivé, il a déjà plein de riffs à nous proposer et pour le coup on est déjà en train de voir de morceaux pour un quatrième album. Donc voila, ça se passe super bien et on a fait son vrai premier concert avec lui il y a deux semaines et ça c’est super bien passé. Du coup maintenant faut qu’on continue à bosser pour la tournée et on regarde vers l’avenir.

Charly Jouglet
Charly Jouglet

On parlait richesse des influences avec l’arrivée de Nils donc cette touche progressive que je ressens n’est pas anodine. 

Oui carrément, à la base je suis un gros fan de Textures du prog bien moderne, ça fait partie des groupes qu’on aime mais ce n’est pas dans la démarche de faire des morceaux prog’. Comme je dis, on ne cherche jamais à se dire “tiens on va faire comme ci, comme ça”, jamais on prévoit. Si c’est bien et que ça nous plait, on le met. Oui ce n’est pas étonnant qu’il y en ait car c’est la musique qu’on aime mais je pense que, malgré tout, les fans de la première heure et surtout du premier album qui aimaient bien le côté “rentre dedans” pourront bien s’y retrouver un minimum et même globalement parce qu’on a quand même notre son. Mais ouais il y a ce petit côté prog, je suis presque  même le premier surpris de m’en rendre compte.

A partir de là, comment tu définirais l’album en quelques mots ? 

Plus technique que les autres albums mais plus facile d’écoute. Moi, c’est le genre de technique que j’aime bien, pas celle qui va te faire chier ou te retourner ton cerveau. Je respecte beaucoup Meshuggah et tout ce qu’ils ont apportés au Metal mais je ne peux pas en écouter trop parce que ça me casse la tête.  Et puis pareil je n’aime pas tout ce qui est Steve Vai, Satriani, ce sont des mecs que je respecte énormément mais je ne peux pas en écouter ce n’est pas le genre de technique que j’aime . Par contre, je suis content car il me semble que l’on a réussi à faire des trucs assez techniques et que des fois on est là “Ah merde c’est chaud à jouer, il va falloir bosser” mais  à l’écoute non, ça te rentre dedans. J’ai l’impression que ça passe mieux que ce qu’il pouvait y avoir sur Spasms qui à mon avis est un album qui demandait plus d’écoutes. Je ne sais pas si t’es d’accord avec ça mais j’ai l’impression qu’il fallait l’écouter plusieurs fois avant de comprendre ce qui se passait. Alors que là tu peux écouter l’album mais si tu comprends pas tous les passages tu vas quand même pouvoir plus l’apprécier à la première écoute.

Je trouve qu’il a beaucoup de raccourcis auxquels on peut se rattacher et rentrer dedans et il a un côté mélodique catchy à la Black Dahlia Murder. 

Putain tu ne pouvais pas me faire plus plaisir, je suis ultra fan de ce groupe  !  C’est cool ça fait plaisir d’entendre ça, il y a clairement des riffs que j’ai composé en pensant à ce groupe-là. Ca ne veut pas dire que je les ai pompés ou autre, loin de là. C’est clairement une de mes influences dans certains riffs.

Bon bah ça me fait plaisir, je ne me suis pas trompé ! 

C’est cool, ça me fait grave plaisir aussi (rires)

Et donc au final, peut-être que le titre Symbiosis vient  de là, l’ensemble des influences en symbiose ? Je sais, je vais loin (rires)

Et bien écoute, je vais te dire : cette définition c’est la tienne et elle vaut autant que ce que je vais te dire après. Moi j’aime bien quand il y a plusieurs niveaux de compréhension et je suis d’accord avec toi. Je suis ravie que tu t’appropries le titre et t’as tout à fait raison car ça peut être ça. Il y a d’autres raison, ce qu’on recherchait  et ce qui nous a peut être manqués à certains moments pendant la composition de cet album, et bien c’est la symbiose entre nous, qu’on a pu perdre  à certains moments parce que ce n’était pas facile et qu’on retrouve aujourd’hui avec joie. C’est peut être aussi tout simplement la musique qu’on fait tous ensemble, on a tellement d’influences différentes que tout ça s’entrechoque et ça fait cet album-là. Ça peut être aussi la symbiose des deux premiers. On prend le côté “rentre dedans” du premier et le côté plus prog du deuxième, on les mélange tous et voila ça fait un troisième album  qui est différent mais qui quand même trouve des liens avec les deux premiers. Voila, peut être qu’on en trouvera d’autres plus tard (rires).

noname

Et bien c’est la symbiose entre nous, qu’on a pu perdre à certains moments parce que ce n’était pas facile et qu’on retrouve aujourd’hui avec joie

La pochette participe aussi grandement à cette symbiose, quelques mots dessus ?

Et bien en faite, Rusalka on l’a découvert il y a 3 ans pour la pochette de Spasms et du coup il fait vraiment partie de l’équipe, il s’occupe vraiment de tous les visuels du groupe. Il bosse très bien, très vite, on s’entend très bien et c’était du coup impensable de ne pas retourner le voir pour la pochette de ce troisième album. Et du coup ce qui s’est passé c’est qu’on lui a dit que ce serait cool avec un truc plus frontal, plus rentre dedans et c’est tout ce qu’on lui a dit. On lui a filé les textes et il nous a fait  différentes propositions et il a évolué tranquillement vers ce masque qui hurle et puis voila on lui a dit banco ça défonce, ça marche. Et au delà de ça, moi je suis encore plus fan du livret à l’intérieur et tout le monde qu’il a créé autour et rien que le cd, la galette, c’est une bande audio et il nous a dit, “voila pour moi c’est comme si vous êtes allés chez le psy, vous avez mis rec et vous avez enregistrés tous vos problèmes”. Le détail qui tue !  Rien que ça, on continuera à bosser avec lui le temps qu’il faudra.

Bon, le live arrive à grands pas avec la grosse tournée européenne avec Soilwork et Hatesphere. Comment est arrivée cette bonne nouvelle ?

Et bien là pour le coup je pense qu’il y a un peu de karma là dedans, ça tellement été la merde  quand on a composé cet album, mais pas que, les difficultés en interne et les autres galères qu’on a eu à droite à gauche, bref, je ne vais pas te faire de détails mais j’ai l’impression que maintenant le karma se rattrape et du coup les choses se passent plutôt bien. On a fait notre campagne de financement participatif qui a bien aboutit, c’était super cool et notre objectif principal en sortant cet album c’était du coup de développer le groupe à l’étranger. Il se trouve qu’on a trouvé une distribution plus large tout en gardant un label indé, le même qu’on a depuis le début, et il se trouve qu’après juste ça on a trouvé une tournée, avec Soilwork qui est un des rares groupes sur lequel on est tous d’accord, qu’on vénère déjà depuis des années et que clairement c’est notre rêve depuis de plombs et ça nous arrive dessus et dans presque que des pays où l’album sort en physique. Donc ça roule, on touche du bois on espère que ça va continuer comme ça. A force de gratter, chercher, trouver les bons contacts, c’est vrai que ça fait maintenant 3 ans qu’on bosse avec Hexagon Booking Agency et ils bossent maintenant avec Soilwork depuis quelques mois je crois..  Et dès que l’on a su qu’on allait avoir le même booker que Soilwork , on s’est dit que si on arrivait pas à jouer avec eux on était vraiment à chier (rires) et au final ça se goupille super bien avec 16 dates en Europe et on espère que ça va bien se passer. Sans en attendre beaucoup on se dit que ça peut aider au niveau retombées et on verra ce que ça donne.

De l’apprehension ? 

Bah de toute façon oui car c’est la première fois que l’on part pour beaucoup de dates, on a beaucoup joué en France mais c’était plus sur quelques dates. Là 16 dates de suite, en hiver, je suis chanteur, avec le karma qui va s’inverser je vais chopper la crève… Non t’inquiète mais oui on appréhende un peu mais on est à la fois vachement contents, vachement excités, on sait qu’on va continuer à apprendre et on va rencontrer de nouvelles personnes. On va se professionnaliser pour être encore plus efficace et même si on va être crevés on est super contents et surtout on a hâte d’en découdre avec ces nouveaux peuples !! (rires)

Et la prochaine étape ? 

Eh bien écoutes, je ne sais pas… C’est vrai qu’à chaque fois qu’on sort un album on essaie de se fixer un objectif, et bien peut-être que continuer sur la lancée à l’étranger. Si on peut avoir d’autres tournées qui tombent après  et bien ce serait super, si on se retrouve sur des festivals en été, ce serait aussi mortel.  On va continuer la promo et on va se mettre à démarcher pour 2016.

Depuis les débuts, comment perçois-tu l’évolution de TANK jusqu’a Symbiosis ? 

Il y a énormément de différences, peut-être pour le mieux ou pas, je ne sais pas, mais le line up a changé, donc la musique aussi. Comme je te disais tout à l’heure, on était en train de parler de prog dans notre musique et bien je m’y attendais vraiment pas. Voila, moi je suis content  parce que j’ai l’impression qu’on part de rien, juste le fait de faire la musique qui nous plait et donc, bon, on essaie de se hisser où on peut pour faire découvrir notre musique aux gens. Moi j’essaie pendant les concerts d’amener tout le monde avec moi, pas essentiellement le premier rang, je vais aussi chercher les mecs au fond, ce n’est pas parce qu’ils ne vont pas “piter” qu’ils ne vont pas apprécier le concert. Voila, j’essaie d’embarquer tout le monde avec moi et c’est quelque chose que je ne faisais pas avant, même si’l y des réfractaires je vais essayer de leur faire apprécier le moment, car notre moteur c’est le public. Tout ça ce sont des choses qui nous font évoluer, même dans nos vies personnelles car quand tu as un groupe comme ça, ça prend nécessairement du temps, ça a un impact sur toute ta vie et ce n’est pas nécessairement des choses auxquelles je m’attendais quand j’ai commencé le groupe mais voila. Je me suis un peu éparpillé ?

Non non t’inquiete, c’est la question qui demandait ça.  Et si tu devais citer un album fondamental pour TANK, autre que les vôtres ? 

Un album… Je ne suis pas sur qu’on puisse tenir en un album

Mais dans l’influence majeure pour vous, qu’est ce que tu conseillerais à vos fans d’aller écouter au dela de TANK ? 

Et bien là comme ça, se serait deux albums de Death Melo un peu old school, se serait Clayman d’ In Flames et A Predator’s Portrait de Soilwork. Déjà parce que c’est dans mes albums preferés de ces groupes-là et puis du coup j’ai l’impression que c’est notre premier album qui sera plus dans cette école-là. Comme ça si un mec me dit “je découvre Tank”, déjà je vais lui dire de commencer par le premier et puis “avant écoutes ces albums là ! Eh puis si t’aimes pas ces albums… Et puis merde, viens au concert, écoute pas ces CD, viens !” (Rires)

T’as raison, c’est plus simple ! 

Et au final, la pire question qu’on t’ai posé ?  Moi inclus ! (Rires)

Eh bien du coup, ça se passe très bien (rires) Mais j’en ai peut être une, voila, l’interview commence le mec dit: “bon bah bienvenue Raf, 1ere question, tu m’as vu slammer hier à ton concert ? ” (Rires)

Ah oui pas mal (rires)

Voila, mais honnêtement j’ai trouvé ça marrant, je m’y attendais pas.

Tu m’étonnes, ça met en jambes dès le début (rires) 

Tout à fait, et puis il l’a posé de façon toute naturelle..

(rires)Et bien merci Raf pour cet entretien et on se donne rendez vous le 14 décembre pour votre passage parisien avec Soilwork et j’espère que tu me verras slammer ! 

(Rires) Merci à toi et t’inquiète je ferais gaffe !

Interview par Anthony

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire