
Une tournée entre Mono, The Ocean et Solstafir. On s’est mis à rêver un peu, à tout imaginer, notamment qui en tête d’affiche, ce qu’ils nous préparent, un split par exemple (on apprendra plus tard la sortie effective du split entre Mono & The Ocean intitulé « Transcendental »), pour des formations qu’on aurait jamais osé espérer tourner ensemble, pourtant excellant toutes dans leur genre respectif. Et si comme moi vous avez eu la chance de les voir chacune séparément à Paris entre fin 2014 et début 2015, votre enthousiasme doit être gigantesque.
C’est donc avec impatience qu’on aura attendu cette fameuse date parisienne, une des plus, si ce n’est la plus belle de cette fin d’année 2015 à mes yeux.
Cette date a aussi une saveur particulière parce que c’est mon premier report écrit à 4 mains avec Anthony qui aura la lourde tâche de s’exprimer sur Mono & Solstafir, tandis que le fan que je suis s’occupera de la prestation de The Ocean.
Direction donc le Trabendo, dont je n’avais pas foulé les pieds depuis…Moonspell/Septic Flesh, autre soirée concoctée par Garmonbozia, décidément. Une longue attente, un passage au merch’ histoire de, avant d’aller me placer…
Pour celles et ceux qui suivent mes reports, vous avez pu constater que les mois d’Octobre & Novembre m’auront permis de revoir en live plusieurs de mes groupes préférés (Leprous & Orphaned Land), et navré de vous le dire mais THE OCEAN en fait également partie. La formation allemande est parvenue au fil des albums à devenir un des éléments majeurs de ma « culture musicale », avec deux climax successifs par la sortie de l’album Pelagial puis leur époustouflante performance lors du Mondial du Tatouage 2015. Alors même si je regrette qu’ils ne soient pas en tête d’affiche, limitant de facto leur temps de jeu, je venais surtout ce soir pour les voir, et ce même si j’adore le post rock de Mono et la singularité de Solstafir.
Frustré d’avoir les parties de piano et de violoncelle sur bande lors du Mondial, c’est avec plaisir que je constate que le groupe a fait venir une violoncelliste et un clavier, si ça fait une réelle différence ? Je n’avais pas trop de doute là-dessus, et ça se confirme sur l’intro « Siderian » préparant une setlist surprenante, pas idéale pour les non-initiés vu qu’elle sera composée de 4 longues pièces, en commençant logiquement (vue l’intro) par « Rhyacian », issu de Precambrian, et qui va annoncer la couleur : sous une épaisse fumée, un Loïc Rossetti (chant) de profil, les spots s’amusant à faire apparaitre & disparaitre son visage, alors que les autres membre restent dans une certaines pénombre…Le tout commence doucement, par des notes très atmosphériques avant quelques lignes de basse qui annoncent un véritable déchaînement. C’est à peu près ça The Ocean, tant pis pour ceux qu’on aura déjà perdu en route, parce le groupe est joueur, très joueur, avec nos émotions (le refrain de « Let Them Believe » est toujours aussi sublime lorsque joué en live, mais aussi l’espace de la scène, n’hésitant pas à grimper sur les tours d’enceintes ou de slamer sur le public…intense et spectaculaire, mais moins risqué qu’au Mondial du Tatouage où leur frontman avait fini par se blesser. Mais trêve d’anecdotes.
Le déferlement (pardon, trop facile) continue avec l’intro magique) de « cognitive dissonnance » ((pour ceux qui ne connaissent pas, écoutez cette fabuleuse rythmique), seconde « pièce » du soir issue de Pelagic qui viendra prouver une nouvelle fois l’étendue du talent des allemands, mélange d’émotion, d’intelligence des textes et de technique (mais sans jamais faire de démonstration). Un peu à l’image d’un groupe comme Between The Buried & Me, le groupe est plutôt inclassable, inclassable parce que les mettre dans la catégorie du « post metal » ou du metal progressif serait bien trop réducteur, explorant quantités de genres, des sonorités doom notamment parfois et on se demandera toujours dans quoi Robin Staps (guitare et « créateur du projet), si discret mais toujours aussi présent sur scène, va nous embarquer….Et c’est dans un split avec les japonais de Mono qu’on va être embarqués, après leur signature sur le label de The Ocean, Pelagic Records (comme quoi ça tombe bien…). Après tout, leurs univers se marient à merveille, et même si on aurait pu s’attendre à un cover, c’est à deux chansons distinctes que l’on aura droit, et c’est par justement leur titre tiré d’EP que le groupe choisir de conclure son set. Le clavier et la violoncelliste font merveille dans cette dernière longue pièce du soir, on a un peu l’impression d’entendre du Klone parfois, ce qui n’est pas pour me déplaire, mais c’est surtout cette maîtrise scénique qui est remarquable, alors que le morceau est présenté en live depuis peu, simplement brillant. A écouter et à revoir encore et encore…
Alors je pourrais pinailler, j’espère entendre « Firmament » un jour, et je comprends que la setlist ait été un peu indigeste pour certains, quelques morceaux plus courts auraient surement ramené plus de public à leur cause, surtout pour ceux venus uniquement pour Solstafir, mais de mon côté, j’ai bien pris mon pied, et je n’ai qu’une hâte, les revoir, mais en tête d’affiche cette fois !
Pourquoi vous parlez de MONO alors que je venais uniquement pour Solstafir ? Et bien ce soir ce fut le coup de foudre. Solstafir je les connais en live et j’ai conscience de la beauté que leur musique peut atteindre. en ce qui concerne ces japonais, ils m’enchantaient déjà sur disque, mais le post rock instrumental tu l’écoutes dans certaines conditions optimales pour l’apprécier, le passage au live est toujours très difficile à faire pour ce genre là, avec l’ennui, la redondance peut être. Ce soir c’était ma première fois avec Mono en live. Ce quatuor qui vient justement de sortir un EP Split en collaboration avec The Ocean, qui ouvrait juste avant, et bien allait enchanter le Trabendo.
Guitares, basse, batterie, le voyage est autant musical que visuel, car avec un certain charisme magnétique le public se retrouve happé dès les premières notes de “Recoil, Ignite” délivrées à travers ces lumières subjuguantes. “Death In Reverse” sera le titre qui m’emportera au plus loin, issu de ce fameux EP split avec The Ocean, il nous emmene avec ces notes poétiques. Le morceau et jeu du groupe t’emmènent dans cette cadence qui s’emporte comme un coeur emballé par un flot d’émotions, cette douce sensation de tomber amoureux est le ressenti dans lequel je suis actuellement. Une grande beauté musicale envahit la salle.
Chaque morceau va chercher cette chaleur émotionnelle à travers cette intensité musicale qui imprègne le Trabendo. Les sonorités sont légères par moments, intenses sur d’autres et tout autant raffinées avec un souci du détail propre aux japonais. Le passage du live est juste magique. Alors que la configuration de la salle rend souvent difficile le côté visuel du live avec les lights et autres effets, et bien les lumières se trouvent ici parfaites et rajoutent cette touche surréelle, poétique et planante à la fois. La musique de Mono est immersive et on y plonge la tête la première, on ne se rend plus compte du reste. Le groupe transporte le public, on se retrouve avec cette intime sensation de bien-être.
La montée crescendo au final électrique sur “Pure As Snow” et on reste dans la même poésie enneigée avec “Ashes In The Snow”. Les titres réussissent leur effets et les musicien(ne)s ont séduit dès les premières notes le sceptique que j’étais. Et sans compter sur le final magnétique et en apothéose qu’ils délivreront avec “Requiem From Hell” un titre qui dépasse allègrement les 15 minutes pour finir en beauté. Tout simplement magique. Et c’est dans état second que le groupe nous laissera, magnétisés par ce qui vient de se passer.
Magnétiques ils le sont aussi, chaque concert des Islandais de SÓLSTAFIR est comme un voyage immersif et hautement addictif. Les compositions sont d’une beauté naturelle. Les natifs du pays de la glace et du feu feront leur entrée comme d’habitude sur “Nattfari” et ces quelques notes qui t’invitent au voyage. La formation emmenée par Aðalbjörn Tryggvason proposera ce soir 3 extraits d’Ótta leur dernier album en date. Et c’est directement dans les grands espaces qui nous emmènent avec l’introduction de “Dagmál”. Ce post atmosphérique rock résonne dans un Trabendo conquis d’avance par la singularité du groupe dans le paysage musical. Difficile de cataloguer quoi que soit car ici la musique est surtout ressenti et expressions d’émotions fortes. Les mélodies sont envoutantes et la configuration de la salle donnera un côté intimiste à ces musiques avides de grands espaces. “Ljós í Storm” est toujours aussi fort avec ces guitares comme des embruns du grand large qui nous appelle pour enfin vivre pleinement.
C’est aussi un groupe plutôt communicatif que l’on retrouve ce soir, avec un plaisir réel de jouer, de partager, même si l’islandais est connu comme peu expansif et que Sæþór Marius Sæþórsson (guitare) et Svavar Austman (basse) restent impénétrables. Aðalbjörn se baladera en dehors de scène, debout sur sur les enceintes de basse et au-dela, allant chercher le public et partager au plus près ces instants. Le magique “Ótta” et le crépusculaire “Náttmál” auront raison de moi et je suis déjà très loin de Paris et son quotidien. Le notes résonnent et libèrent, il ne reste plus qu’a se laissé guider par la voix d’Aðalbjörn à la fois intense et lumineuse. Il est vrai que j’attendais ce magnifique morceau qu’est “Lagnaetti” mais avec une discographie aussi riche en beauté que la leur, il est toujours difficile de choisir et puis on aura le plaisir d’entendre “Pale Rider”.
Il est difficile de trouver un groupe comparable à Solstafir, car un concert des islandais dépasse ce simple statut pour devenir un voyage en soi même or mis a part si quelqu’un comprenait l’islandais ce soir, la musique est ici pleinement que du ressenti et la voix telle un instrument fait partie intégrante de cette harmonie. Ce soir, dans un crescendo d’émotions de The Ocean à Sólstafir, les islandais en sont l’explosion la plus totale pour toucher le le sublime avec “Fjara”. Une certaine beauté est délivrée par cet titre qui sera ensuite repris en choeur par le public, ne voulant pas repartir de ces contrées islandaises. Aðalbjörn fera même de ce concert parisien un des plus touchants.
Malheureusement c’est la fin qui se fait toute proche et la nuit qui tombe avec “Goddess Of The Ages”. Tout en beauté mélancolique ou lumineuse, les titres transportent, mais pas dans un vulgaire retranscrit live, le groupe a cette passion qui apporte à leurs concerts cette impression de vivre quelque chose de différent à chaque fois que je les voie. Il y a cette simplicité et cette honnneté dévoilée dans leur musique qui fait sa force et sa beauté et qu’on a encore retrouvé ce soir.
Dans un dernier partage, le groupe saluera le public et Sólstafir en est de plus en plus exceptionnel dans ce paysage musical. Je pourrais en dire encore plus et m’emporter avec la flamme de cette soirée mais j’en reste là car les mots ne pourront jamais retranscrire toute la beauté de la musique de ces islandais.
Ce soir ce n’était que passions et communions. Une affiche qui a tenue toutes ses promesses et un public qui a su redonner aux groupes ce que cette musique pouvait nous apporter. L’émotion fut intense et c’est avec une douce sensation de bien être que je reprends mon chemin dans la nuit parisienne, ce soir plus rien ne peut m’atteindre.
Un grand merci aux groupes.
Texte: Mats / Anthony
Photo: Mats
Merci aux vigiles qui nous empêcheront d’avoir des photos de Mono et Solstafir.
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