EX_MACHINA

Sorti le 6 octobre 2015 en vidéo, Ex_Machina est un film réalisé par le britannique Alex Garland. 
Son nom ne vous dit peut être rien, mais vous l’avez probablement vu au générique de d’un film ou d’un autre. 
Il a en effet signé quelques uns des scénarios les plus intéressants de Danny Boyle.
 Ce dernier a porté sur grand écran l’adaptation de son premier roman, La Plage.
 Ont suivi 28 jours plus tard, film apocalyptique zombiesque qui a relancé l’intérêt pour le genre et enfin Sunshine, un film de science fiction à mi chemin entre 2001 de Stanley Kubrick et Solaris d’Andreï Tarkovski. 
Il n’est donc pas étonnant de voir Alex Garland à la fois réalisateur et scénariste de son premier long métrage.

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Caleb (Domhnall Gleeson) est un programmeur informatique. Il est sélectionné sur concours, afin de rejoindre Nathan, le patron de son entreprise dans un centre de recherche scientifique, isolé au cœur d’une montagne.
 Le flou de la situation plane tout au long du film.
 Aucune véritable indication de temps ni de lieu n’est donnée. On suppose que l’histoire se déroule dans un futur proche, probablement en Norvège.
 Caleb rejoint Nathan (Oscar Isaac) pour une semaine. Il a sept jours pour définir si Ava (Alicia Vikander), le robot au corps de femme conçu par son employeur, est doté de conscience. 
Pour cela, ils mettent en place le test de Turing et une suite de nombreux entretiens entre Caleb et le robot. De multiples questions sont posées.
 Est-t-elle la première véritable intelligence artificielle ? L’homme créateur peut-il remplacer Dieu ? La machine est-elle le futur de l’humanité ? Pourquoi lui avoir donné une sexualité ? 
Reposant sur le mythe de Frankenstein et sa créature, le scénario d’Alex Garland jongle avec différentes thématiques classiques de la science fiction. Avec Splice, Vincenzo Natali réalisait le même exercice de style se basant sur les problèmes liés à la recherche génétique. Les deux films se ressemblent d’ailleurs beaucoup. 

Par la volonté d’installer une certaine intimité avec le spectateur, le film tient sur trois personnages. Le casting est judicieux et chacun des acteurs livre une belle prestation.
Que ce soit Domhnall Gleeson en jeune programmeur naïf, Oscar Isaac en génie informatique au comportement trouble et cynique ou Alicia Vikander à la fois séduisante, innocente et inquiétante.

Ex_Machina est le film d’un auteur qui se cherche et s’essaie à l’exercice de la réalisation. 
Son film mélange d’ailleurs différents genres cinématographiques. De la science fiction pure, le film bascule vers le thriller claustro-phobique. Le réalisateur prend son pied derrière la caméra.
Nous pouvons presque penser qu’Ava est la projection fantasmée de son désir de création. Le scénariste, plus encore que le réalisateur d’un film, est un démiurge, omniscient et connaissant tous les aspects des personnages qu’il crée. Cette idée est d’ailleurs bien mise en avant dans le film. Par le biais des caméras placées dans le bunker et l’absence de fenêtres vers le monde extérieur, Nathan a un œil sur tout ce qu’il se passe à l’intérieur de son penthouse. Tel un dieu contrôlant son univers.

Mais sa première invention est peut-être la plus terrifiante. 
Nathan a placé un code dans son système de recherche sur internet, le Blue Book. Celui-ci lui permet de connaître ce que les individus pensent, ce qu’ils aiment, ce qui les inspirent et ce qu’ils désirent.
Le Blue Book est-il la prolongation fictive de Google ou Facebook ? Son nom est suffisamment évocateur pour le penser.
 De Metropolis à Blade Runner, de Terminator à Matrix, la problématique des dérives des recherches sur l’intelligence artificielle a souvent été abordé au cinéma.
Le risque était donc élevé de tomber dans les clichés du genre. Alex Garland parvient toutefois à sortir des carcans habituels.
 Loin des blockbusters neuneux actuels (Terminator Genisys, Avengers 2) qui utilisent ce thème comme prétexte à une succession de séquences d’action sans intérêt, Ex_Machina est un film intimiste, sensitif et captivant. 
L’atmosphère est envoûtante et la bande originale de Ben Salisbury & Geoff Barrow est sublime.

L’opposition de la beauté des paysages norvégiens au plans serrés des intérieurs d’une froideur chirurgicale amplifie encore l’ambiguïté et l’étrangeté du métrage.
Alex Garland prend le temps de dépeindre son univers. Les cadres sont posés et le montage offre de longs plans dans lesquels le spectateur se perd à observer les décors. Petit bémol, le scénario promettait une nouvelle approche de ces problématiques classiques de la science fiction, mais ne fait que survoler le sujet au profit d’un divertissement malin. 
Le film pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. De nombreuses idées et dialogues font échos à d’autres films nettement plus engagés et sont déjà légèrement obsolètes. Pour un film d’anticipation, c’est bien dommage !

Rappelons qu’Ex_Machina a reçu le prix du jury au dernier festival de Gerardmer, ce qui est amplement mérité.
Nous n’avons qu’une hâte, découvrir le prochain long métrage de cet auteur talentueux.

EX_MACHINA, Alex Garland, 2015, production britannique, sortie cinéma 3 juin 2015, sortie dvd blue ray 6 octobre 2015

acteurs principaux: Domhnall Gleeson, Alicia Vikander, Oscar Isaac

Texte: Arnaud

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