
Ahlala, Glad et Nico, vous nous aurez toujours…
A cette curieuse affirmation, une explication s’impose, sous forme d’une sorte de « mode d’emploi » d’un GLAD STONE FEST VIII (valable également pour les Stoned Gatherings, mais une fois n’est pas coutume, ce n’est pas ce qui nous intéresse ce soir):
- Vous recevez une notification/invitation, le plus souvent via facebook. Vous répondez dans un 1e temps « peut-être » histoire de vérifier si vous n’avez pas d’autres impératifs ce soir-là.
- Vous regardez l’affiche. Vous changez votre réponse initiale par un « oui ».
- Vous vous démerdez pour aménager vos heures de taff ou annuler vos rendez-vous.
- Vous continuez votre vie dans l’attente de ce précieux moment à venir.
- Le soir venu, vous vous habillez en circonstance, veste à patchs/badges et tshirt de groupe de stoner de rigueur, un look casual mais finalement bien travaillé.
- Vous essayez d’arriver un peu plus tôt histoire de profiter de l’happy hour de La Plage, pour discuter avec vos amis autour d’un verre dans ce lieu ô combien convivial, jusqu’à ce que le premier des groupes commence à jouer. Au passage, vous aurez pris le temps de tendre ne oreille sur les groupes au programme que vous ne connaissez, histoire d’attiser un peu plus votre envie de venir.
Et quel programme ce soir ! De la jeune pousse régionale, une formation atypique, des valeurs sûres, voire des habitués du Glazart, et le fleuron du stoner made in France, rien que ça. Pourtant, au moment où Decasia entre sur scène, la salle est encore peu remplie, fort dommage vue la qualité de ce qui nous attend.
DECASIA, groupe formé en 2013, c’est 3 potes originaires de Nantes, désormais installés à Paris, et habitués des Stoned Gatherings. On retrouve au chant/guitare Maxime, Joe à la batterie et Fabien, l’homme aux épaisses rouflaquettes, arrivé il y a peu comme bassiste (à 5 cordes). Le tout pour un mélange de stoner/psyché aux forts accents rock’n’roll, notamment dans l’attitude très énergique de Maxime, qui contraste avec bon nombre de groupes passés sur cette scène. Et même si, devant la scène, on entendra bien plus l’instru que la voix, comme malheureusement souvent au Glazart, on ne pourra que saluer la performance d’un groupe au sacré potentiel et à la fraicheur éminemment respectable. Les quelques morceaux exécutés, pourtant à allure normale, seront expédiés rapidement. Mais, alors qu’il leur restera du temps de jeu, Maxime, qui aura pété une de ses cordes en jouant un des morceaux, trop handicapé pour jouer et sans guitare de rechange, préfèrera en rester là. Dommage, ils seront davantage préparés à ce type d’ « accidents » la prochaine fois, on peut leur faire confiance. En attendant, allez jeter un œil sur leur bandcamp, les quelques titres proposés valent largement le détour.
Quelques minutes d’accalmie, la salle se vide une première fois, et le temps pour nous d’aller chercher une bière en attendant l’arrivée des autres locaux du soir avec RED SUN ACATAMA.
Pourtant toute jeune formation parisienne, RSA (j’éviterai tout jeu de mots pourri) possède déjà une bonne expérience de la scène. Composé de Cléments à la basse & au chant, et habitué des Stoned Gatherings comme spectateur, il est accompagné d’Amine à la guitare et de Robin derrière les fûts. Venus nous présenter des titres de leur récent EP Part.1, c’est avec une complicité évidente que le trio nous balance ses morceaux, entre parties typiquement « desert » et moments plus lourds. Indéniablement ça joue bien, Amine usant et abusant de sa pédale wah wah…Malheureusement, comme pour Decasia, des premiers rangs nous n’entendrons que très peu le chant de Clément, avec parfois l’impression qu’il s’égosille pour rien, dommage une nouvelle fois parce que même si le groupe était en terrain conquis, avec un public en partie composée de fidèles des SG, l’accueil qui leur a été fait, pour ceux qui étaient déjà là, a été super bon, au même titre que ce que le combo nous a offert. Aucun doute, il y a du niveau, et on a hâte de les revoir.
Sans manque de respect pour les deux, talentueuses, premières formations, ma première grosse claque de la soirée a lieu maintenant avec les belges de MIAVA.
Ah…la Belgique, mon pays de naissance possède déjà bien des trésors comme Amenra, Ghinzu, The Black Heart Rebellion, Triggerfinger et tellement d’autres…Pays qui, de par sa double culture, néerlandophone et francophone, a su faire émerger des formations capables notamment de repousser les limites de genres musicaux parfois trop rigides. Et Miava ne trahit pas cette réputation, bien au contraire. Personnellement je n’avais rien écouté du quintet avant de venir, par choix, préférant l’effet de surprise. Et putain je n’ai pas été déçu : je m’attendais à du sludge, et c’est du post-metal qui va nous être servi, merci Glad ! Servi par un son quasi parfait, le combo nous balance ses riffs, et l’atmosphère qu’ils sont capables de déployer est digne de leurs ainés, avec un esthétisme tellement typique de cette « Belgian touch », c’est un rouleau compresseur sonique, mais tellement beau et subtile…Mention spéciale au son de la PRS de Jelle, définitivement ma marque de guitare préférée. Jelle, c’est aussi la preuve qu’on peut faire du post-metal avec un look et des poses de groupe de metalcore, sauf que dans le cas de Miava, ça passe super bien, même pour les plus réfractaires. Le mieux c’est donc de vous jeter sur les productions de cette géniale découverte, et de mater leurs clips dont la musique vaut autant que la photographie.
On aurait presque envie de terminer là-dessus, un groupe génial, qui nous touche. Et pourtant, d’autres grands moments nous attendent. Et dans la série des « merde, pourquoi je n’avais jamais entendu parler de ce groupe ??? C’est vachement bien ! », je vous présente ENOS, formation originaire de Brighton fondée en 2008 et qui mène sa barque lentement mais surement, avec une réputation qui ne cesse de progresser, et on peut le comprendre vu ce qu’ils vont nous donner pour cette 8e édition du Gladstone Fest.
Certains groupes comme Kylesa ou Calendula jouent avec 2 batteries, chez Enos c’est de deux micros dont leur leader Chris Rizzanski, on comprendra l’utilité au fil de leur prestation. A ses pieds, des rouleaux de PQ vide, mais je n’en ai pas trouvé l’utilité (si quelqu’un a une réponse..). Et durant une grosse demie heure, c’est un mélange de blues, de stoner et de doom hyper classieux que les 4 Anglais vont nous balancer. Avec des vrais soli, le duo de guitariste que Chris forme avec Sean (Cox), est impeccable, et l’album All Too Human, dont sont tirés une bonne partie des morceaux joués ce soir semble être plus qu’excellent, et méritera de nombreuses écoutes futures. De plus, ces deux fameux micros permettent de moduler la voix de Chris et d’en varier les effets, super idée qui ajoute de la profondeur et de la sophistication à un chant déjà en totale adéquation avec la musique produite (c’est mieux tant qu’à faire), et le jeu de basse de l’impassible George Cobbold comme la bonne humeur générale, mais surtout par celle leur batteur Sparky Rogers ne feront qu’accentuer l’excellente impression que les anglais nous ont donné.
Et tandis que j’essaie de trouver un truc que je n’ai pas aimé jusqu’à présent, histoire de râler un peu, et qu’à part ces problèmes récurrents de son, je ne trouve RIEN, c’est maintenant à des habitués désormais de monter sur scène.
Vu ce que Mel m’avait raconté de SUNNATA, véritable coup de cœur de ce week end, j’étais encore plus dégouté de les avoir ratés lors de leur passage aux Doomed Gatherings. C’est donc avec délectation que j’attendais leur venue ce soir. Elle m’avait parlé de leur mise en scène originale avec les ventilateurs et les lampes posées à même le sol, on retrouvera cet esthétisme ce soir. Avec sens de l’esthétisme mis en avant par bon nombre de formations ces dernières années, des clips de Dariusz Szermanowicz (Grupa 13) pour Behemoth, à la sensibilité des productions de Tides From Nebula, la Pologne, comme la Belgique vu plus haut, regorge de groupes qui ont choisi de soigner autant l’emballage que leur musique, histoire de se forger une véritable identité. Et Sunnata est de ceux-là, tout en dégageant une simplicité, voire une désinvolture étonnante, résumée dans cette phrase de leur leader Szymon Ewertowski « this is a song from our new album that will be released…one day (mouvement désolé des bras inclus) ». Toujours est-il que le jeune combo (2013) originaire de Varsovie possède déjà une identité musicale propre, en plus de faire des choix esthétiques cohérents.
Leur album, Climbing The Colossus, est une véritable bombe et ils vont nous le faire savoir, les ventilateurs remplissent parfaitement leur rôle, couplés à de la fumée, créant une épaisse brume qui va littéralement se fondre sur le public du Glazart, écrasé par le sludge atmosphérique des Polonais, et qu’est-ce que c’est bon ! Même si une nouvelle fois, on est un peu frustré de ne pas plus entendre Szymon, dont le chant ne se limite pas qu’à des cris. On aurait aimé pouvoir en entendre les différentes nuances proposée en album, on se contentera de « voir » ce chant, et de se pencher sur leur Bandcamp une fois rentré pour mieux se rendre compte. Mais ne boudons pas notre plaisir, on aura bien d’autres occasion d’entendre toutes les subtilités d’un futur grand, qui a fait le choix judicieux d’être original dans un genre déjà pas mal saturé, on ne peut que le respecter non sans une admiration certaine.
Alors on se relève et on attend, agonisant, attendant d’être achevé…ce sera avec un bon quart d’heure de retard que le début de notre exécution débutera.
Et quel plaisir que ce soit fait par GLOWSUN. Johan Jacob, que l’on ne présente plus, mène sa barque depuis près de 20 ans, figure de proue du stoner français, et fierté de ma nordiste de région natale. Eminemment respecté, aussi bien pour son travail d’illustrateur que pour la qualité de ses compositions musicale, le tout en gardant une simplicité déconcertante alors que le groupe est signé, excusez du peu, chez Napalm Records depuis Eternal Season (2012). Les compos du groupe lillois sont pour la plupart complexes, pas toujours faciles à appréhender de par leur longueur, il faut parfois se concentrer pour en déceler toutes les nuances. Mais surtout, c’est sur scène qu’elles prennent tout leur sens, lorsqu’elles sont exécutées avec ce groove si particulier des Lillois. Quand Ronan fait ronronner sa basse et que Johan nous injecte chirurgicalement ses lignes vocales, avec un Fabrice décidément impressionnant derrière ses fûts, le combo prend plaisir à varier les rythmes pour ne jamais perdre l’attention de leurs spectateurs, potentiellement chaos après la série de claque qu’il s’est pris avant.
Pourtant ce public montrera qu’il a encore de l’énergie, et pas qu’un peu, les pogos s’enchaîneront, et l’amour, oui l’amour, porté au trio, est sincère, et c’est ça que j’aime dans le public du Glazart, jamais blasé, toujours enthousiaste et infiniment respectueux des groupes venus joués, qu’ils soient connus ou pas. Et force est d’admettre qu’avec Glowsun, le Glad Stone Fest n’aurait sans doute pas pu nous offrir mieux pour conclure la soirée, décidément bien construite. Et même si le rappel des Lillois a été coupé en plein milieu d’un morceau, horaire tardif oblige, les mecs ont tenté de continuer à jouer pour finalement venir saluer chaleureusement leur public, preuve une nouvelle fois de la simplicité d’un groupe qui n’a plus rien à prouver, mais qui reste toujours disponible, tellement appréciable.
Après une telle soirée, j’aimerais terminer en apportant un petit correctif à mon introduction.
Lors de l’annonce de l’événement, vous répondrez désormais automatiquement un « oui » ferme et vous démerderez pour être présent, quoi qu’il arrive. J’aimerais chaleureusement remercier tous les membres de l’équipe organisatrice pour ce que vous avez accompli. Etre capable, à travers ce genre de soirées, de retrouver cet esprit club, assez unique, d’une rare convivialité, de donner cette impression de tous faire partie d’une famille. Et avec les groupes que vous faites venir, d’avoir créé ce qui pourrait s’apparenter à l’antichambre/le petit frère des Stoned Gatherings, des concepts conçus pour durer, sans aucun doute. Vivement la 9e édition.
Alors merci encore, bon anniversaire et longue vie au Glad Stone Fest !
Texte : Mats L.
Photos : Mats L. et Mélanie B.
Laisser un commentaire