JEX THOTH + GUESTS @ GLAZART, PARIS – 22/09/15

C’est avec un plaisir non dissimulé que l’on se rend au Glazart en cette soirée du 22 Septembre pour assister à ce qui s’avèrera être une des plus belles prestations qu’on aura eu la chance de voir dans la salle parisienne. Au programme donc ce soir, comme à leur habitude, l’équipe des Stoned Gatherings nous a concocté un menu composé de talentueux groupes français, à savoir les Lorientais de Stonebirds et les Montpelliérains de Öfö Am,  ainsi qu’un groupe culte, Jex Thoth. Cette soirée a aussi une saveur toute particulière pour moi car c’est mon 1e live report écrit et photographié à 4 mains avec Mel au sein de l’équipe de The Unchained. Mais revenons à ce qui nous intéresse ce soir. Malgré d’importants bouchons sur le périph’ parisien (en même temps rien d’étonnant), nous arrivons quelques minutes avant le début du set des Bretons de Stonebirds, un bref passage au merch’ histoire de « jex-thothisé » un peu plus, et nous voilà devant la scène à faire nos réglages. Bien que ce ne soit pas le Glazart des grands soirs, affiche sans doute trop « pointue », les fidèles se montrent présents, tant rater la venue de la prêtresse du doom était impossible.

 

Décidément, la Bretagne possède son petit lot de jeunes pépites. Après la claque reçue au Hellfest par les Lorientais de Death Engine, c’est une autre formation plus que prometteuse qui va faire son entrée sur la scène du Glazart. Originaires d’une petite bourgade de la Bretagne centrale, formés en 2008, et autrefois sous forme d’un quintet, c’est depuis quelques années désormais sous la forme d’un trio (Fanch – Guitare, voix/Sylvain – Basse, chœurs/Antoine – Batterie) que Stonebirds écume les salles, et sans avoir perdu une seule once de qualité, bien au contraire, passant au fil des réalisations d’un efficace desert-rock prouvant que les mecs ont décidément tout compris (Slow Fly sorti en 2013), à un sludge des plus atmosphérique, servis par une production impeccable pour leur album Into the fog​.​.​.​and the filthy air sorti en juillet dernier.

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N’ayant posé mon oreille que sur ce dernier skeud, et plus qu’enthousiasmé, j’étais impatient de les entendre sur scène. Le  verdict ne se sera pas fait attendre, avec une prestation aux petits oignons avec quantité de relans post-metal des plus séduisants pour mes oreilles. L’instru est impeccable, avec notamment la basse fretless de Sylvain qui contribue largement à mon plaisir, les voix se font discrètes et collent parfaitement à l’atmosphère voulue par le groupe, j’aurais donc un mal fou à dire le moindre mal de ce que j’ai entendu, les mecs sont détendus, sympas, et jouent super bien, que demander de plus. Dommage pour ceux qui les ont ratés.

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Après une belle mise en bouche, un passage rapide au bar, on rejoint la scène pour accueillir le trio au nom imprononçable, Öfö AM. Malgré leurs près de 10 ans d’existence et leur bagage discographique qui commence à se faire conséquent, avec notamment, excusez du peu, un split avec Karma to Burn sorti en 2010, je ne découvre le combo originaire de Montpellier que ce soir, mais je promets de rattraper mon retard.

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Je découvre donc, ce trio aux accents du sud, qui va nous servir 45 bonnes minutes de stoner instrumental. On retrouve donc Antoine à la guitare, Nico, avec sa moustache de Sergent Garcia, à la batterie, et Chris à la basse. Mais attention, toujours se méfier de ce que l’on pourrait qualifier de power trio « classique », car les trois sudistes vont nous montrer qu’ils sont bien plus que ça ; et là où un genre peut se montrer parfois très soporifique, voire chiant, Öfö AM va parvenir à y mettre un putain de groove  comme sur «H²OfOAm»  et cette basse qui vous transporte. Les titres sont pour la plupart courts mais affreusement efficaces, à l’image d’un « The Wieding Present » ou « Poustache », en ajoutant à ça une ambiance de franche déconne et une simplicité voire une désinvolture qui leur fait plus qu’honneur. Et en voyant tout ça, je ne peux que penser à un groupe comme Morglbl (eh oui, chacun ses références), déjà pour la difficulté de prononciation du nom, mais aussi pour l’énergie d’un Christophe Godin et leur côté bien barré (on pourrait en citer d’autres évidemment). Au final on retrouve un groupe qui lorgne à mes yeux (et oreilles) proche de ce qu’on pourrait appeler « stoner avant-gardiste », et en tant que fan du genre, je ne peux que le saluer, merci les mecs.

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Et tandis que Öfö AM sort de scène, par l’avant, le clavier de Jex Thoth bloquant l’accès sur le côté gauche vers les loges, on se prépare déjà au temps fort de la soirée, et surement ce qui sera à mes yeux une des prestations les plus intéressantes de l’année. Tandis que le groupe commence ses balances, sans Miss Bowen/Jex Thoth, je me souviens que j’avais découvert le groupe originaire du Winsconsin il y a quelques années, en 2008 ou 2009, à l’époque où Myspace était le « cybermedia » le plus important pour découvrir des artistes, avec l’album éponyme. Charmé immédiatement, par la mélancolie vintage qui se dégageait de la voix de leur chanteuse, je ne pensais pas avoir la chance de les voir sur scène, et m’en étais éloigné, pour je ne sais quelle raison. Il aura fallu un déménagement en région parisienne et la découverte des Stoned Gatherings pour que ça arrive, d’où cet enthousiasme particulier qui m’habite ce soir, et vu la quantité de t-shirts du groupe qu’on peut voir au fil des événements parisiens, je n’ai absolument aucun doute sur l’accueil qui leur sera réservé.

 

Mais l’attente est un peu longue, les musiciens sont déjà en place et la Diva se fait attendre, nous laissant profiter de l’atmosphère où seules quelques bougies éclaireront modestement la scène, ce qui est à la fois sublime mais aussi un cauchemar pour les photographes même les mieux équipés qui comme nous galèreront, cherchant la moindre source de lumière histoire de capturer un modeste instant de cette soirée où les musiciens entoureront Jex, la laissant libre de quasi tout mouvement au centre de la scène. Sobrement, elle arrive, des applaudissements discrets l’accompagnent, elle se place et débute sa prêche, pour une bonne heure de doom mélancolico-théâtral exécuté avec une élégance et une sincérité dont peu de groupes peuvent se targuer. La Dame en Noir, pleinement habitée par son art va nous transporter, de bout en bout dans sa procession, « jouant » avec ses musiciens, eux même impeccables, et voguant entre Blood Moon Rise et leurs premiers EPs. Alors même si on va éviter le champ lexical du doom, de la sorcière etc., on ne pourra être que charmé par ce grand moment scénique, ponctué de véritables hymnes telles « Keep your weeds » ou « The Divide ».

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 Et si certains regretteront que le groupe soit si peu bavard, voire mutique entre les morceaux, une des forces de Jex Thoth c’est d’être capable de communiquer avec le public sans dire un mot, quelques gestes suffisent, et contribuent à leur faire conserver cette aura qui risquerait d’être dénaturée par ce genre d’interludes, comme peuvent le faire des groupes comme Cult of Luna par exemple… Et toutes ces émotions communicatives, des plus sincères, font que l’on ne ressortira pas indemne de cette petite heure de concert. J’oserais presque dire qu’à bien des niveaux, Jex Thoth serait l’antithèse d’un groupe comme Blues Pills, pourtant lui aussi génial, mais dont la discrétion, voire la confidentialité, et l’élégance, en font un groupe culte. Contrairement à beaucoup de membres du public, je n’étais pas présent lors de leur dernière venue au Divan du Monde il y a un an, je ne prendrai donc pas le risque d’une comparaison. Je constate juste que, plus que jamais après ce soir, Jex Thoth entre dans mon top 5 des chanteuses que je trouve les plus impressionnantes, avec Caro Tanghe (Oathbreaker), Anneke Van Giersbergen, Emilie (Monarch !), Lzzy Hale (Halestorm), et dans un tout autre genre, Kuroneko (Onmyouza).

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Il convient donc de remercier plus que chaleureusement Nico, Sofie, Glad, le Glazart et toutes celles et ceux qui permettent à ce genre d’événements d’exister, et de nous offrir un line-up à la fois toujours varié et impeccable, montrant les différentes facettes d’un genre qu’on pourrait croire limité mais qui n’a de cesse de se renouveler. Continuez comme ça, nous répondrons toujours présents !

 

Texte : Mats L.

Photos : Mats L. et Mélanie B.

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