
Il y a des groupes qui lassent à force de les voir en live, et d’autres qui étonnent et bousculent alors que tu les as vus il y a même pas 6 mois. Et bien quand les Stoned Gatherings annonçaient la reprise avec Philm du grand Dave (pas le Hollandais) accompagné de 11 Paranoïas et bien c’était avec une joie non dissimulée que j’allais reprendre le chemin du Glazart. D’une, c’est la reprise de la session gros bois et de deux, ces deux groupes sont deux révélations en direct live pour ma part ! Donc j’en suis ce soir !
Et c’est DDENT qui ouvre, me demande pas ce que c’est au juste car je découvre aussi, et au premier abord on croise une tête connue en la personne de Louise Découflé, bassiste de Loading Data et officiant au même poste ici aussi. Et le trio parisien n’est pas à prendre à la légère, au sens propre comme au figuré. Car c’est un son massif, absorbant dans son ambiance sombre et feutrée à la fois que nous propose le trio. Dans une subtilité musicale sans voix ni aucun autre apport autre, le groupe traverse les mondes obscurs, légèrement conscient l’espace d’un instant avec un petit souci technique mais c’est un retour rapide et le relent hypnotique reprend. Oscillant dans le shoegaze ténébreux et la lourdeur du sludge, pachydermique par moments, avec une rythmique bien pesante, la musique du groupe s’avère aussi lumineuse que cette minuscule lumière dans les ténèbres, cet endroit intime et rassurant. Impassible et plongé dans la musique, le groupe délivre de multiples visages à travers ces sons qui se complètent l’un dans l’autre pour finir plus léger, dans un calme apparent, pour une paix intérieure. Ddent est une formation assez récente, mais ce de quoi on peut être sûr c’est que l’horizon n’est pas sombre pour eux.
En ce qui concerne le public c’est en petit nombre qu’il s’est déplacé ce soir, il n’est pas légion pour le moment, pourtant avec une affiche comme celle-là et la présence de Dave Lombardo, il aurait dû bouger un peu même s’il était passé il y a quelques mois. Vu les retours, on ne pouvait que venir. Qu’à cela ne tienne, en petit comité on sait aussi apprécier (Les Vrais !).
Quant aux Londoniens, ils nous avaient mis le cerveau à l’envers depuis leur dernier passage aux Doomed Gatherings d’hiver, un sludge paranoïaque qui n’a pas son pareil. 11 PARANOIAS aurait été apprécié par l’ami Freud car c’est un peu la petite voix dans la tête qui commence à prendre un peu trop de place. Un sludge doom malsain aux influences 70’s qu’on a déjà eu l’occasion de voir par deux fois, connaissant ainsi l’univers sous psychotropes du groupe. Sterling Fire From Heaven, le dernier album, est bien présent avec “Lost To Smoke” qui te perd dans les méandres des riffs psyché et doom. Une voix sortie tout droit d’un cauchemar paranoïaque sous psychotropes (malgré le son un peu lourd niveau basse) et aux cris perdus. Le groupe reste tout de même un peu en-dessous de leurs dernières prestations auxquelles j’ai pu assister (Paris et Londres), mais on ne boude pas notre plaisir pour autant, surtout quand on navigue en plein dans l’univers musical du groupe.
Sorti de ces méandres hallucinogènes et cauchemardesques, on reprend un peu ses esprits mais on constate qu’il n’y a toujours pas foule ce soir, comme lors du dernier passage du groupe. Ainsi soit-il, ce sera entre passionnés que l’on retrouve PHILM, une bonne centaine de personnes qui étaient surement déjà présentes en mars car, comment vous dire, c’est tout simplement un cocktail détonnant de pure folie, de technique, de talent et de concentré de plaisir rassemblés ensemble . Bref, je vous explique.
Avec un Dave toujours aussi simple, croisant et discutant avec le public avec plaisir, c’est un autre monde. Les 3 compères s’ installent tranquillement et comme la dernière fois, c’est “Fire From The Evening Sun”, titre éponyme du dernier album, qu’on se prend en introduction. “Se prendre”, le terme est adéquate car mister Lombardo, Tomaselli et Nestler délivrent une explosion musicale. C’est sans détour et maintenant attendus par la plupart que le groupe s’éclate ce soir. Nestler se chauffera vite la voix dès Fanboy et ces riffs complètement barrés et tout autant carrés feront le reste. Avec une batterie tout autant mise en avant, Philm c’est, comme je vous l’ai déjà dit la dernière fois, inqualifiable mais hautement addictif. Un concentré de punk, jazz, rock n’ roll, métal et j’en passe. Un rassemblement de trois talents et divers influences qui partent dans tout les sens tout en sachant où ils vont. Tu prends ton pied autant que le groupe, se trouvant et dialoguant par des sourires et des regards, ça fait plaisir à voir mais ce n’est pas fini.
Le furieux “Lady Of The Lake” met à mal et on se fait enchaîner par les titres. Le grand Dave te balance des breaks, des changements de rythmes insolites dans un plaisir non dissimulé. Concentré mais aussi dans le kit il se laisse aller à de petits effets avec le talentueux Pancho. Il confirme le talent qu’on avait découvert en mars et redonne ses lettres de noblesse à la basse tellement mise en retrait habituellement. Le groove endiablé et arabisant de “Lion’s Pit” le confirme. Il prend son pied, il est sur tous les fronts. La session rythmique n’aura jamais été aussi importante, tout le monde est sur le même plan et tous les instruments dialoguent, s’excitent, se poursuivent, pour le plaisir de tous. “Train” et la locomotive ne s’arrête plus, c’est juste phénoménale et indescriptible. Le groupe se défonce face à nous, en tout honnêteté musicale et un plaisir partagé.
Une petite pause et un retour pour trois derniers titres qu’ils concluront avec un inédit du prochain album et qui confirme le bouillonnement créatif que génère ce groupe ( du nouveau, putain de bonne nouvelle alors qu’on est encore sur celui-là). C’est “Chalyce”, tout aussi violent et inventif que le reste. On attend donc la suite avec impatience. Après ce moment, cette heure, si intense et en communion avec le public c’est tout simplement et acclamés que Lombardo et consors sortiront de scène, pour retrouver aussitôt l’assemblée au merch.
Au final je me répète mais moi je dis Messieurs !
Un grand merci à Sofie, Nico et le reste des Stoned Gatherings
Texte: Anthony
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