
A l’aube du deuxième jour, c’est complètement dans le cirage que le “soleil” se lève sur le MOTOCULTOR suite à une courte nuit assez fraîche (fraîcheur de la Bretagne). Un peu de repos était nécessaire mais histoire de rester dans l’ambiance, on tentera plutôt la mission douche.
8h00, opération douche. File d’attente à cause de quelques cabines plongées dans le noir et sans eau chaude ; ce n’est pas grave, les bénévoles toujours aussi cool et en fest, on est toujours de bonne humeur. Donc on est Roots et Metal ou on ne l’est pas et on choisira la version guerrier douche froide dans le noir ! Frais comme un gardon et prêt pour la déferlante ! On choisira plutôt l’instant touriste et logistique en direction de Saint-Nolff par le chemin bucolique et forestier semé de trolls metalleux. Café pris et réapprovisionnement fait, de retour sur le camp et reprise des concerts.
Ce deuxième jour est béni des Dieux pour tout fan de Black, Death et Thrash mais vu que je suis relativement limité dans ce sujet cela risque d’être rapide en ce qui me concerne. Une affiche certes alléchante pour le fan, avec Death DTA, Carcass, Sodom et autres noms joyeux, mais loin de nos habitudes d’écoute. On fera de notre mieux, je préviens tout le monde !! Et c’est vers 14h00 qu’on fit notre retour sur le champ de bataille, reprise de la guerre sonore faite depuis 12H45 et déjà on peut constater que les files d’attente ont disparues pour les tickets d’approvisionnement (réserves déjà faites pour certains), l’entrée et la sortie du fest sont séparées (enfin quelqu’un d’intelligent) et le temps est relativement clément avec des bonnes percées de soleil ( les dieux sont avec nous ! )
CRISIX, c’est ce qu’on entend sur la Supositor Stage dès notre arrivée, les espagnoles font dans le heavy thrash. Mais ressortent un côté assez fun, frôlant un peu la parodie dans l’accentuation des gestuels et la voix aigue sur les cris du frontman…. On rigole bien. Mais ce n’est pas tout ! Le temps de faire un tour du côté de l’espace presse et de pouvoir enfin approcher l’espace restauration (bah ouais en dehors de la large amplitude horaire des morts de faim, c’est la seule solution) pour un croque chèvre miel car végétarien oblige, le choix n’est pas grand mais au moins ce n’est pas avec le sandwich merguez louche qu’on se retrouve…. Bref il est déjà presque 17h00 et il est temps de retrouver encore une fois l’Espagne du Metal.
ANGELUS APATRIDA, c’est sur la Suppositor. Ils sont au Thrash en Espagne, ce que sont les tapas à l’apéro dans le même coin. C’est à dire incontournables ! Speed, mélodique et à grand renfort de double, c’est la recette. Accrocheurs avec une prestation assez intense, les mecs d’Albacete ont un level certain et ça se voit car n’étant pas un grand fan et spécialiste du Thrash, je vais me laisser prendre au jeu avec ce rythme et ce set qui va tenir la foule jusqu’au bout. Avec ces solos efficaces et un frontman qui gère son truc d’une main de maître, ils finiront même sur du Pantera, concluant comme il faut leur passage. Bon, rien de neuf sous le soleil, mais il y a des tripes, ça se déchaîne et on prend son pied. Que demander d’autres ?
Surtout quand on a le décalage ensuite avec ONE LAST SHOT. Deuxième gagnant du tremplin Headbang Contest, ils ont ainsi l’honneur de fouler la Mustage à heure de “bonne écoute”. On se demandait ce que ça allait donner, et bien pas grand chose…. Les parisiens balancent un métal us fm autant dans le son que dans le style (les mecs, le chapeau est à proscrire…) ce qui plairait à certains, fans invétérés du genre, mais qui nous motive pas tant que ça. Ce qui font, c’est fait proprement et c’est pro’ il n’y a pas à dire, le frontman gère carrément au niveau de la voix et ils sont tous autant motivés. Mais mis à part ça, on est dans le déjà vu, dans le le lambda, ne dégageant pas grand chose de l’ensemble. Ils ne déméritent pas mais sur le coup on ira voir ailleurs assez rapidement.
Bah ouais, car KLONE se préparait sur la Massey et je ne voulais pas rater ça. Déjà faim (le croque chèvre ça ne nourrit pas) mais on restera pour assister à notre premier concert des Poitevins. Forts d’un dernier album, Here Comes The Sun, de toute beauté, Klone nous offrira un set progressif comme il se doit. Une pause dans le temps en somme. Entre ombres et lumières, le groupe saura transporter l’espace d’un instant le public. Porté par la voix de Yann, on se laisse balader par ses mélodies sans cesses mouvantes. Immergé dès le premier titre, “Immersion”, on est entre profondeur et hauteur. Les riffs posés ou plus nerveux de Guillaume et Aldrick mènent le set. Here Comes The Sun sera mis en avant avec entre autres “Nebulous” mais on aura aussi droit au lourd “The Dreamer’s Hideway” et au sombre “Rocket Smoke”. Pour finir en beauté avec une reprise d’ “Army Of Me” de Bjork. Un set de toute beauté qui a tenu en haleine, une parenthèse hors du Death, Black & Thrash quand Tankard ne faisait pas dans la dentelle pas loin….
Car après on ne cherchait plus l’artistique et le mélodique, avec SODOM vieux de la vieille et institution du Thrash parmi d’autres. On est loin de nos contrées habituelles en ce qui me concerne, surtout avec le son bien dégueulasse qu’ils se tapent, ce qui fait qu’on ira voir rapidement vers d’autres contrées. Le temps de recharger les batteries (dont téléphone), une petite coreff, première de la journée à 20h00 tout de même ! On repart nuit tombante, à l’assaut des poids lourds de la soirée.
Déja 21h20 et on commence par CARCASS et que dire façe à ces monstres implacables du Death? Ce sont déjà des nuées de fans qui prennent leur pied dès l’intro sur “Unfit For Human Consumption” et c’est le règne du chaos dans le pit tellement la branlée est puissante. Un son propre, une exécution sans anesthésie pour une opération chirurgicale du tympan interne. Les fans sont aux anges, les classiques sont matraqués, enchaînés, avec une reprise de souffle dans la fosse quasi impossible. Une plongée en apnée pour s’en prendre une sévère, et pour une première, elle fut violente. On se maudit juste de ne pas avoir connu le groupe plus tôt en live. Aux dires des fans, ce fut sans surprise mais toujours aussi efficace.
Il est déjà 22H00 passées et c’est dans un registre tout autre qu’on se dirige sur cette scène isolée qu’est la Massey pour une totale immersion dans le post Metal du collectif allemand THE OCEAN . Le groupe va avoir une totale emprise sur le public présent, comme magnétisé par ce son, ces jeux de lumière et vidéos dans cette nuit noire. Dans une version subaquatique, le groupe transporte l’audience dans les profondeurs abyssales de l’océan, nous faisant clairement perdre pied. Un set maîtrisé, mystérieux et envoûtant comme l’océan. Puissant, le show dégage une force d’ensemble, avec un Loïc Rossetti maîtrisant son sujet, et on plonge la tête la première dans l’univers du groupe. Question set-list, on aura le droit à Pelagial dans son intégralité et ce pour mon plus grand plaisir car les ayant découvert par cet album. Un set entre tempête et ballade au fond de l’eau. Difficile de s’en remettre.
Mais il le faudra bien, car Death DTA sur la Mustage c’est la suite. Les quelques dates en hommage à Chuck sont devenues une suite de tournées et naturellement le public est bien présent ce soir pour lui aussi rendre hommage. Avec un Max Phelps tout en ressemblances dans la voix et le reste du groupe sans fausse note. Une suite de classiques avec “The Philosopher”, “Leprosy”, “Symbolic” et d’autres. Un enchainement de virtuosité technique sur tous les plans, pas spécialiste du groupe mais je me prends tout de même une grosse claque technique. La soirée death sera à son plus haut lors du dernier hommage à Chuck, applaudi par tous.
Pour la fin, on pouvait choisir d’aller planer un peu avant de rejoindre son duvet mais pour le côté curiosité du jour il y avait BRUJERIA sur la Suppositor et ça vaut le détour. Car quand on me dit Hardcore Chicanos, je demande à voir. Tout droit sortis du Mexique, dans un look gang chicanos, masqués par des bandanas, on reconnaîtra grâce à ses cheveux Shane de Napalm Death à la basse. A 2 frontmen hurleurs, à base de “cabrones ” et d ‘autres, mise en scène avec une mujer aux cojones sortie tout droit de Tijuana. C’est complètement WTF mais ça marche, malgré un son assez dégueu rendant le tout dans une soupe presque inaudible.
C’est pour cela qu’on décidera de finir la soirée dans un trip planant aux good vibes venant tout droit de la Massey avec MY SLEEPING KARMA. Et on se laisse bercer par le son des allemands un stoner psyché instrumental qui nous emmènera loin, très loin et sans substances illicites. Dans un final assez intense, avec des musiciens pris aussi dans la musique on se laisse bercer par cette basse et ses arrangements qui donnent un tout autre visage au chemin vers le camping.
Texte: Anthony Tucci
Photos: Charlotte Sert
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