THE ALGORITHM + PRYAPISM + STÖMB @ BACKSTAGE O’SULLIVAN – 10/07/2015

Alors que les Cannibal Corpse promettent de retourner Le Petit Bain à quelques kilomètres de là, c’est pour une  toute autre ambiance que nous avons décidé d’opter. Alternative Live nous a concocté une date electro-djent au Backstage O’Sullivan, avec The Algorithm, Pryapisme et Stömb, et nous ne pouvions la manquer!

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Il est 20 heures pile et la salle se remplit encore peu à peu quand Stömb fait son apparition pour ouvrir le concert. Il s’agit pour nous de la découverte de la soirée, le groupe étant encore peu connu dans la scène (restreinte) du djent français, avec à son actif un EP sorti en 2013 et un album, intitulé The Grey, encore frais du mois de Janvier. Sans un bonjour ni une présentation, les quatre musiciens attaquent le premier morceau avec un son violent qui attire bien l’attention, pour nous amener par la suite à ce qui constitue l’essentiel de leur production : un djent léché qui sait se montrer malsain et dissonnant, nappé de sections très atmosphériques, planantes. Le son est propre, la performance est sans accroc, et on voit qu’on est devant un groupe qui sait ce qu’il fait. Le public, échauffé par un début de prestation plus énergique, écoute sagement, adresse quelques headbangs et semble globalement apprécier ce qu’il entend. Même ceux confortablement assis dans le fond prêtent une attention studieuse à ce qui se passe sur scène. Pour un public qui en toute logique n’est pas venu massivement pour ce groupe, cela vaut la peine d’être souligné. Cinq morceaux s’enchaînent très naturellement, même si sur la fin une redondance dans la structure se fait sentir. On regrettera également le fait qu’à aucun moment le groupe n’ait daigné prendre la parole, ni pour saluer son public, ni pour se présenter, ni pour annoncer ses titres. L’échange est bien là, mais il reste muet. Pas forcément ce qu’il y a de mieux pour un groupe qui a encore à se faire connaître. Toutefois, Stömb mérite clairement le coup d’œil avisé des amateurs de djent, qui y trouveront certainement leur compte. Réglé comme un coucou suisse, le groupe range son matos au bout trente minutes de scène.

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Les cinq membres de Pryapisme commencent à 20h45 devant un public qui les connaît déjà. Pour ceux à qui ce nom étrange ne dit rien, Pryapisme est un groupe de métal-électro-nawak qui s’est constitué un bon public français ces deux dernières années avec un style expérimental et très teinté de second degré, dans un registre comparable à un Mr. Bungle. C’est le guitariste Nicolas Sénac (mais si tu sais, l’ingé son d’Usul et du Joueur du Grenier) qui fait les présentations avant d’entamer le morceau le plus connu du groupe : “Un druide est giboyeux lorsqu’il se prend pour un neutrino”. Le morceau, qui combine un métal violent, un rythme très soutenu et des sonorités 8-bit, fait l’effet d’un coup de jus et la salle se met rapidement à bien bouger. Quand lors du second morceau, “Suppozitorium Granifujikoi”, la musique s’adoucit, le public reste dans l’ambiance décalée du groupe et bat des bras en signant des p’tits cœurs avec les mains. On notera les interventions de Nicolas Sénac qui savent mettre dans l’ambiance les plus dubitatifs d’entre les spectateurs, y compris quand il s’agit de meubler d’un bon mot au milieu d’une avarie technique. Vient ensuite le morceau “La notion de chiralité de spin et d’oscillation de saveur des particules supersymétriques définissant un champs scalaire lors d’une transition de conifold en cosmologie branaire dans un modèle ekpyrotique” (sic), probablement le plus complexe du groupe : durant une dizaine de minutes, on change en permanence de structure et d’ambiance, et nos Clermontois savent bien rétribuer en live un morceau qui compte plusieurs dizaines de pistes en simultané dans sa version studio. On mesure également la complicité du public, qui entre deux pogos entonne gaiement les punchlines samplées des différents morceaux, comme ici un collectif et unanime « chatoooon ! ». S’ensuit un “Lesbian Bordello” trop court pour être vraiment savouré, puis un “Random Jean Vigo” ponctué par les « aouh » du public, à la 300. Il est 21h20 et Pryapisme sur fond de thème de Mac Gyver, salue un public qui semble avoir passé un très bon moment. Si le passage de Pryapisme est clairement une réussite, on peut être déçu du fait que rien n’a été joué de leur dernier EP, Futurologie, sorti en février dernier.

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Place maintenant à The Algorithm, la tête d’affiche de ce soir. Pour les deux du fond, The Algorithm c’est LA figure montante de la scène electro/djent/prog européenne, en la personne du perpignanais Rémi Gallego. Grâce au succès de ses deux albums Polymorphic Code et Octopus4, il écume les scènes européennes depuis ces dernières années, et se prépare à une escapade nord-américaine dans les mois qui viennent. Après un faux départ consistant en un malencontreux oubli du batteur Jean Ferry, on débute avec le morceau “Antikythera Mechanism”, où un Rémi multitâche arrive à mettre la salle en mouvement avec un motif électro simple mais efficace et un jeu de guitare bien trempé. Après un premier pogo et un premier slam sur “Synthesiz3r”, on enchaîne avec “Access Granted” et sa section reggae. Mention spéciale également à l’impro sur le thème de Fort Boyard sorti de nulle part, que personne dans l’assistance n’a pu s’empêcher de chanter à tue-tête ; juste de quoi nous rappeler que The Algorithm c’est aussi tout un tas de petites références et de private jokes, un second degré nerd-friendly qui fait son petit effet à chaque concert. Après un “Will Smith” plus électro et plus posé, vient le tour de “Pythagoras”, qui devient progressivement plus sombre et redonne un coup de fouet à l’assistance. Comme à son habitude, Rémi se donne à fond et son énergie fait plaisir à voir. Un problème technique interrompt le single récemment sorti “Neotokyo”, et le public ne cache pas sa déception. Le coup est rattrapé tant que possible en enchaînant rapidement sur un “Dernier Combat” et son passage rappé, mais c’est Recovery Fail et sa dubstep tortueuse qui remet définitivement le public sur le pied de guerre. L’ensemble du set, et des productions de The Algorithm d’une façon général, a cet avantage d’être suffisamment distinct pour qu’on ne se lasse jamais, on est toujours surpris tant par les différents morceaux que par les variations qu’ils subissent ponctuellement, pour le live. Le concert se termine sur le titre le plus connu de la formation : “Trojans”, avec ses arpèges 8-bit jusqu’à plus soif, des breaks à n’en plus finir, et un public en apothéose. Une bouteille d’eau et une prolongation plus tard, il est 22h35 et il est temps de quitter progressivement le Backstage.

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Merci à Alternative Live pour cette soirée “dédjentée”.

Texte : Adrien Aimé

Photos : Charlotte Sert

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