HELLFEST – 21 JUIN – PAR ALEX’

Joutes, apéros et dialectes étranges. Encore une nuit comme les autres au Hellfest malgré l’entrée en jeu d’un nouveau paramètre : la Rince Cochon. Pas celle à aux fruits rouges. La vraie. Au réveil, pas de mal de tête, mais plus de pâté non plus. Tant pis tant qu’il reste des Chocapics… La suite (et vous la connaissez) nous amène à un premier demi de Sköll, un agrume et des gros riffs.

 

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A 10h30, nous nous rendons sous Altar pour le set des Montpelliérains d’Hypno5e. Malgré l’horaire, la foule est compacte et très réceptive au metal ambiant du groupe qui achève devant nous la tournée de l’album Acid Mist Tomorrow. Disposant d’une petite demi-heure, le groupe nous délivre un moment judicieusement équilibré au niveau des ambiances, sans jamais tomber dans la facilité. A la fois possédés et énergiques, les quatre garçons assurent parfaitement leur set et nous transportent des riffs tranchants aux ambiances atmosphériques sans prendre le temps de faire dans la dentelle. Acclamé comme il se doit, le groupe prend congé, une guitare en moins, avec la promesse d’un troisième album qui s’annonce, sans l’ombre d’un doute, passionnant.

 

Pas de temps à perdre puisque dans cinq minutes, à l’autre bout du domaine, nous avons prévu d’en prendre plein les dents avec les Lavallois de Birds In Row. A défaut d’être bondée, la Warzone est déjà terrassée par le soleil lorsque le trio débute son set. Pour ma première, il faut dire que les choses sont allées très vites : des morceaux courts, cent pour cent right-in-my-face et des échanges très concis avec le public pour en caler un maximum en trente minutes. Pas toujours clair de distinguer les morceaux, mais le résultat est là, et les Birds In Row nous assènent de titres tous plus furieux les uns que les autres, à commencer par le morceau éponyme, « You and Me and The Violence » ou encore « Pilori ». Quelle prestation du trio, qui nous dévoile en prime quelques excellents nouveaux morceaux du prochain album avant de quitter la scène de la Warzone désormais marquée de leur emprunte!

 

Inutile d’aller chercher des recharges de bière pour l’apéro, il nous faut à nouveau traverser le Hellfest pour se rendre sous la Valley pour d’autres Bretons. Petite perle du label Throatruiner, les Lorientais de Death Engine débarquent sous la tente blanche et entonnent leur set sur « Medusa », l’ouverture de leur premier album sorti cette année. Leur post-hardcore teinté de noise aux tendances chaotic est d’une efficacité redoutable et ne met pas longtemps à s’attribuer les faveurs de la Valley. Alors que l’excellent « Still » nous met à genoux, Death Engine nous ressortent l’excellent « Gun » présent sur leur EP Amen avant un très énervé « Cure ». Dans un final totalement fou, le combo nous balance « Entertain » accompagné de sa spectaculaire montée pour un résultat dévastateur avant de prendre congé. La demi-heure est passée à une vitesse folle et déjà il nous faut retourner sur nos pas.

 

Oui car à la Warzone, Code Orange Kids, devenu Code Orange tout court, s’apprêtent à frapper un grand coup. Si aux alentours de midi ce dimanche vous vous trouviez côté Mainstage pas loin des restes d’ETHS pour entendre les Marseillais en Vendée, ou que vous étiez encore à cramer dans votre tente, vous avez raté un grand moment. Et vous êtes un con. Hors norme, pas franchement cordial et encore moins ouvert aux petites natures, le quatuor armé de son chef d’œuvre I Am King investit la scène sous une chaleur accablante à 12H15. A la fois d’une brutalité sans nom (« My World », « Slowburn », « Alone In a Room ») et plus ambiant mais jamais trop clément (« Dreams In Inertia »), le combo originaire de Pittsburgh nous expose sa vision (noire certes) de la musique dans un apocalypse musical vertigineux qu’on encaissera sans broncher. Alors qu’un « Starve » nous permet de prendre une première bouffée d’air (chaud), nos yeux se tournent ensuite vers l’extraordinaire Reba Mayers le temps d’un « Bind You » qui en deux minutes floute la séparation qui existe entre sexe passionnel et baise animale. Enfin, le titre éponyme « I Am King » et ses cassures viennent idéalement achever le set du combo qui figure parmi les plus grosses tartes de cette édition. La douche, la vraie. Une fois ressorti de la Warzone, la tête encore dans le regard de Reba, les idées noires, il est temps de prendre une première pause.

 

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De l’orange, on passe au rouge. C’est au tour du quatuor de Portland Red Fang de marquer les esprits. Véritables bêtes de scène, les musiciens débarquent sur le Mainstage 1 à 13H35 face à une horde de fans. D’emblée la troupe emmenée par le charismatique Bryan Giles nous envoie un « Malverde » bien senti avant les très bons « Crows In Swine » et « Blood Like Cream » tout deux tirés de Whales And Leeches. Leur stoner-metal qui a déjà séduit un large public ne tarde pas à voir s’amasser de nouveaux festivaliers sur le single « Wires » tant la fête bat son plein sur le Mainstage. Les quatre Red Fang assurent le show avec une facilité déconcertante mais choisissent de jouer principalement des titres de leur album de 2011 Murder The Mountains : « Into the Eye », « Hank is Dead », « Throw Up ». Après un « Dirt Wizard » parfaitement adapté à la situation caniculaire le groupe achève son set par deux morceaux tirés de son premier opus éponyme « Bird On Fire » et « Prehistoric Dog » entrecoupés par un tout nouveau titre tout à fait charmant. Une prestation pleine fougue et d’énergie de la part d’un groupe qui figure plus que jamais parmi les favoris des organisateurs du Hellfest et qu’on devrait revoir très bientôt… Surtout avec un quatrième album sur le feu.

 

Changement d’ambiance radical ensuite puisqu’il est temps de retourner à notre bonne vieille Valley pour assister à la venue de Russian Circles. Il est 14h20 lorsque le combo originaire de Chicago arrive sur scène devant une armée de festivaliers qui les ont choisi plutôt que Dark Tranquility. D’emblée, « Deficit » nous comble. Leur post-rock souvent effleuré de post-metal calme les plus furieux et les plonge en plein cœur d’un voyage fabuleux qui nous emmène aux quatre coins de la discographie du trio. En effet, du morceau éponyme de Geneva à Station (« Harper Lewis ») en passant par le superbe Empros (« 309 », « Mlàdek »), Russian Circles tentent de satisfaire tout le monde en variant les ambiances et les époques ; mais c’est bien sûr Memorial, le dernier opus du groupe qui est à l’honneur. Tandis que le magnifique « 1777 » apaise et nous renvoie dans la stratosphère, « Burial » éveille les oreilles des amateurs de choses plus sombres, plus tranchantes. Après une grosse demi-heure, le trio achève son set sur « Death Rides a Horse » tiré du tout premier opus Enter qui comble l’assemblée avant de se retirer sous une splendide ovation.

 

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On s’autorisera ensuite à ne pas aller se farcir Hollywood Undead ni Exodus un peu plus tard, afin d’aller au ravitaillement puisque les gosiers se sont asséchés pendant le set de Russian Circles. Nouveau changement d’ambiance à 16h45 avec A Day To Remember. L’horaire est parfait pour le groupe de happycore qui trouve son salue dans ces ambiances estivales où les kids profitent de leur insolation pour mosher. Véritable icône de la scène post-hardcore, ADTR ouvrent les hostilités sur l’anthologique single « The Downfall Of Us All ». Réputés pour être de véritables monstres sur scène, ce n’est pas encore aujourd’hui qu’on ira contredire cette idée. Le groupe semble à l’aise bien qu’entouré d’une programmation très metal et n’hésite pas à jouer ses morceaux FM « Right Back At It Again » ou encore « Have Faith In Me » en fin de set. Tous les albums sont sollicités et les tubes fusent : de « 2nd Sucks » et son « Get the fuck over it ! » à « Mr Highway’s Thinking About The End » et son « Disrespect your surrounding », parfaitement mis en pratique par la fosse, en passant par le morceau phare « I’m Made Of Wax Larry, So What Are You Made Of ? ». L’ambiance est parfaite comme nous l’attendions : sous les jets d’eau de l’équipe Hellfest, la fosse répond particulièrement bien aux refrains de Jeremy McKinnon tandis qu’une mascotte balance des t-shirts en direction des festivaliers. Vous avez dit Warped Tour ? Le temps d’un « Sometimes You’re the Hammer, Sometimes You’re the Nail » tiré du dernier opus, Common Courtesy et le Floridiens entament la dernière ligne droite de leur set en nous servant leur tonitruant « All I Want » repris à l’unisson avant l’emblématique « The Plot To Bomb The Panhandle » tout droit venu des premières heures du groupe. Un set idéalement structuré et une énergie impressionnante, font de cette venue du groupe une véritable réussite. Une idée judicieuse de la part des organisateurs qui devraient à nouveau faire appel à leurs services pour les prochaines éditions.

 

L’avantage d’aller voir un concert d’un groupe de Max Cavalera réside dans le fait qu’on a finalement l’impression de regarder, en somnolant, l’anthologie du bonhomme. Cavalera Conspiracy était pour Max l’occasion de retrouver son frère Igor. Un rêve pour les fans de Sepultura. Si le premier album du supergroupe (avec Joe Duplantier de Gojira) avait fait son trou, on ne peut pas en dire autant des deux autres. 18H35 l’ovation commence et le groupe entre sur scène avec « Babylonian Pandemonium ». Si le son est irréprochable, la prestation du combo, et en particularité celle de Max, ne décolle pas. Les années passent mec. Pendant une heure, la formation va nous envoyer quelques titres de Cavalera Conspiracy (« Sanctuary », « Terrorize », « Torture »…) mais va surtout nous refourguer un tas de reprises. Utile pour ceux qui n’ont jamais vu le brésilien sur scène, mais pour les autres… C’est donc des reprises de Nailbomb (« Sum of your Achievements ») mais surtout de Sepultura dont il sera question. L’idée de voir un concert de Cavalera Conspiracy définitivement enterrée, il demeure toujours un plaisir d’entendre « We Who Are Not as Others », « Territory » ou encore l’emblématique « Refuse/Resist ». Après un « Inflikted » rallongé pour l’occasion, voilà venir le tant attendu mais aucunement novateur moment de terminer un concert de Max Cavalera sur « Roots Bloody Roots ». Un show quelque peu vieillissant donc qui ne nous aura émerveillé à aucun moment. Quoique avec une caipirinha dans la main peut être… Pas au Hellfest ? Scandale.

 

Le dimanche à 19h30, il faut bien l’avouer : téméraires et résistants que nous sommes, nos forces commencent à nous quitter. La suite devient simple : tenir, liquider sa carte Cashless dans le premier rade, aller chiller un peu devant Altar au son des douces mélodies de Cannibal Corpse et se placer devant les Mainstages pour le bouquet final de cette dixième édition du Hellfest. Le problème c’est que pendant cela, Epica jouent. Tant pis. C’est marrant…avec un pichet.

 

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A 20h45, c’est au tour de Limp Bizkit de se pointer. Accueillie comme il se doit, la bande de Fred Durst et Wes Borland (déguisé en clown un peu badant) s’apprête à retourner le festival. D’entrée, « Full Nelson » s’en charge : le son est colossal tandis la population présente en connaît chaque mots. Le groupe quant à lui semble dans une forme olympienne jusqu’à Fred Durst qui s’égosille parfaitement pour les « Burn this motherfucker down ». Tout comme le set de Cavalera Conspiracy, celui de Limp Bizkit sera entrecoupé de nombreuses reprises. Bizarrement, cette fois l’effet sera total. Une petite reprise de Ministry « Thieves » avant un « Hot Dog » qui déclenche des mouvements de foule jusqu’à l’entrée du carré VIP ! Mais ce n’est qu’un prélude car lorsque le groupe entonne son hymne « Rollin’ » c’est véritablement l’émeute partout. Après un jam rapide autour de « Master Of Puppets », la formation se fend d’un « Gold Cobra » assez inattendu et finalement très bien venu. Encore de la reprise ensuite avec un medley composé de titres de Megadeth et de Metallica dont on se serait bien passé (surtout que voir Wes Borland lancer les premières notes de « Welcome Home (Sanitarium) » pour finalement rien, c’est rageant). L’ambiance, alors un cran en dessous, revient à son comble lorsque résonne l’intro de « My Generation » et donc le retour des jumps incessants. Après un « Livin It Up » du tonnerre, le groupe marque une courte pause puis revient sur « Re-Arranged » avant de terminer son culte à la reprise par une version nü-metal du morceau emblématique de Rage Against The Machine « Killing In The Name », bien entendu repris à l’unisson par le Hellfest. Pour terminer son show, le quintet va frapper un grand coup avec tout d’abord le hit « My Way » avant un énorme « Break Stuff » qui vient mettre tout le monde d’accord. Enfin, cette avalanche de tubes ne serait rien sans un « Take a Look Around » qui parachève la prestation du groupe. Pour remercier son public et quitter le Mainstage comme il se doit, le groupe nous passe un « Staying Alive » des Bee Gees, l’occasion de se dire au revoir en remuant le train.

 

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Il est 22h05 lorsque les Suédois d’In Flames prennent le relais sur le Mainstage 2. La foule présente pour le show de Limp Bizkit reste tout aussi compacte pour le set du groupe emmené par Anders Fridén qui va pouvoir surfer sur la vague du biscuit mou. Pour ouvrir les hostilités, le combo envoie son hit « Only For The Weak ». Gros son, grosses lumières, tout y est. Tout ? Non. Si les musiciens sont assez énergiques et semblent concernés, on ne peut pas en dire autant du frontman. Déjà pas réputé pour ses prestations tonitruantes, notre bon Anders semble en difficultés tant dans son chant clair que dans son scream, provoquant quelques murmures dans la fosse. Ces lacunes, il va traîner pendant une grosse vingtaine de minutes gâchant ainsi partiellement notre plaisir sur « Everything’s Gone » ou encore « Paralysed ». Ce n’est que sur un « Deliver Us » d’anthologie que l’abcès sera crevé et qu’Anders nous fournira un premier morceau vraiment au niveau. L’ambiance quant à elle est énorme, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur les écrans pour y voir les énormes circle pits sur « Drifter ». En fin de set, In Flames nous proposent un combo intéressant avec tout d’abord « Delight and Angers » et « Mirror’s Truth », tout deux tirés de A Sense Of Purpose, avant le tubesque « Take This Life », morceau emblématique de l’album Come Clarity. Enfin, le coup de grâce est donné avec « My Sweet Shadow » repris à l’unisson par le public pour le plus grand plaisir d’Anders et ses acolytes. Franchement remerciés, le groupe peut se retirer avec la satisfaction d’avoir su se transcender pour offrir une prestation remarquable. En même temps, quand on passe entre Limp Bizkit et Korn, il faut se les sortir.

Je laisse à ma collègue le soin de vous parler du concert anthologique de Korn durant lequel le gang de Baskerfield (avec Head dans les rangs) a joué sans fioriture et avec une classe démente l’intégralité de son premier album éponyme. « Blind », « Ball Tongue », « Clown », « Lies »…

Pour clôturer cette dixième édition du Hellfest, il y avait Nightwish. Mais non. Ou sinon, histoire d’en prendre une dernière, In Extremo sous la tente Temple, et en allemand s’il vous plaît. Où est la logique d’aller voir un concert de folk-metal médiéval après trois groupes nü-metal ? L’éclectisme et la curiosité. Il est 00h50 quand les sept Allemands montent sur la scène devant une horde de festivaliers qui puisent dans leurs ultimes forces. Loin d’être un fin connaisseur de la musique des Berlinois, il faut avouer que leur univers est singulier. Quelque part à mi-chemin entre un Dropkick Murphys au schnaps et un Rammstein qui en aurait trop bu, il y a des titres comme « Liam » ou encore « Sängerkrieg » qui fascinent (c’est la bière) autant qu’ils intriguent (c’est ma conscience). Néanmoins, le groupe fait des pieds et des mains pour assurer un show unique et mémorable. Tout comme « Küss mich » avant lui, le morceau « Ai Vis Lo Lop » est chaleureusement accueillit par le Temple et indique l’heure de quitter les scènes, de dire au revoir une dernière fois à ma Valley afin de s’en retourner vers le camping (déjà quelque peu déserté). Un dernier raid, le rêve d’une douche, une ultime rince-coch et on termine les fonds de bouteille. Sec, sans soft, on est au Hellfest. Fuck yeah.

 

Merci à Replica Promotions, à Hellfest Productions, et à l’année prochaine!

 

Texte : Alex’ Nortier

Photos : Mario Ivanovic

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