DEEZ NUTS – WORD IS BOND

Vous n’avez jamais entendu parler de Deez Nuts ? En une phrase : c’est un des groupes les plus détesté de la scène punk/hardcore. Et pour cause, l’Australien JJ Peters a créé ce projet en 2005 à la suite de son départ de I Killed The Prom Queen, dont il était le batteur, pour s’amuser. En gros, il composait n’importe quoi, écrivait n’importe quoi, et enregistrait le tout, juste histoire de passer le temps. Ça a donné des instrus bancales, des paroles sur la drogue, le sexe, l’alcool et la fraternité. Ca a pondu un EP, Rep Your Hood, qui contre toutes attentes a rencontré un certain succès. Du coup, JJ Peters a embarqué des potes zikos, et ils sont partis en tournée. Partout. Des centaines et des centaines de dates à travers les l’Australie, mais aussi les USA, l’Europe et l’Asie. Entre deux dates, ils ont sortis trois albums tous aussi candides  – Stay True (2008) ; This One’s For You (2010) ; ‘Bout It (2013) – et reviennent aujourd’hui avec une nouvelle galette, Word Is Bond, qui est notre album de la semaine.

 

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Mais pourquoi avoir choisi ce CD si c’est une vaste blague ? Bah parce qu’en fait il est vachement bien !  Word Is Bond s’ouvre avec une intro de quelques secondes, « Word », qui accroche tout de suite l’oreille avec ses riffs bien gras et bien saturés de Matt ‘Realbad ‘ Rogers. Le tempo est si lent qu’on croirait presque avoir lancé un disque de sludge. Une grosse partie de l’album, comme les morceaux « Yesterday », en featuring avec Dre Faivre du groupe Hellion, « Pour Up » reprend toutes les bases du hardcore old-school  pour donner des compos assez simples mais hyper efficace pour tout fan du genre. « What’s Good » se paie même le luxe d’introduire des riffs de guitare plutôt heavy, comme ça, bim. « Behind Bars » et « Chess Boxing » nous font plaisir avec une rythmique bien lourde, alors que des titres comme « What I Gotta Do » ou « Don’t Wanna Talk About It » misent sur un côté résolument plus punk. Les chœurs de « Face This On My Own » rappellent ce sujet de la fraternité si cher à Peters, et ils nous entraînent assez rapidement dans leur flow. Le duo avec Andrew ‘Drew York’ Dijoro de Stray From The Path sur « Party At The Hill » fonctionne très bien, l’ajout de cette voix aiguë donnant presque l’impression d’un effet lorsque les deux se combinent. « The Message » fait la part belle à la basse de Sean Kennedy, mais sur tout l’ensemble du disque c’est finalement le batteur Alex Salinger qui nous marque avec un jeu limpide qui groove sans efforts morceau après morceau.

 

Le gros péché de Deez  Nuts, en dehors de l’accent de JJ Peters qui en a fait rire plus d’un, reste clairement l’absence de prise de risque dans les compositions. Tout reste hyper basique, mais n’avait-on pas fait le même reproche à certains groupes légendaires ? Sans crier non plus au génie, on note qu’il est toujours facile de reprocher aux groupes de ne pas avoir parmi eux le prochain Steve Vai. Si les disques qui sortaient ne devaient avoir été composés que par des Mozarts électrifiés, on serait sûrement passés à côté de Nirvana, pour ne citer qu’eux (et pour le plaisir de troller un coup). En dehors de ça, sur cet album il y a aussi des morceaux qui lassent assez rapidement, comme « Wrong Things Right », ou qui ne servent pas à grand-chose comme « Understand ». Mais l’ensemble de l’LP dure déjà à peine plus d’une demi-heure, ça aurait été clairement limite avec quelques pistes en moins. De plus, s’il est agréable de retrouver les riffs de l’intro sur la dernière et éponyme chanson de “Word Is Bond”, le coup de l’éternel recommencement, de l’effet miroir et j’en passe et des meilleures, ça commence à être un peu trop vu et revu. Et puis évidemment, les paroles ne volent pas très haut, ça rejoint un peu la compo hip-hop évidente, mais ce n’est pas comme si on s’attendait à du Shakespeare ou du Hobbes de nos jours de toutes façons.

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Word Is Bond est donc un album facile de hardcore/punk. Pas de prise de risque, rien de révolutionnaire, mais une énergie qui se sent dans chaque note et qui fait transpirer l’album de ce jenesaisquoi qui te donne envie de lancer un « Hey mais c’est vachement cool en fait !! ». Cependant, Deez Nuts souffrira toujours d’une mauvaise réputation et, maintenant que line-up semble stable, il leur faudra un paquet d’années avant d’acquérir de la crédibilité auprès du public visé. Peters a lancé le truc comme étant un « fun one-off projet », et malgré le soutien de Freddy Cricien (Madball) ou Sam Carter (Architects), on ne rigole pas avec le hardcore. Et parce que les haterz c’est bien mignon mais ça va deux minutes, Word Is Bond est notre album de la semaine.

Et toc.

 

Deez Nuts – Word Is Bond, sorti le 24 avril chez Century Media et UNFD

 

Texte : Charlotte Sert

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