LE MONDIAL DU TATOUAGE 2015 @ LA GRANDE HALLE DE LA VILLETTE – 6/7/8 MARS 2015

        Le tatouage, ex vilain petit canard d’une société dite bien pensante et surtout rivée sur l’image de chacun, est aujourd’hui au coeur des médias et de l’actualité. Un grand boom, sa place au sein d’un musée avec une exposition (Tatoueurs, Tatoués) réussie et qui attire, et une troisième édition ce week-end du Mondial du Tatouage à la Grande Halle de la Villette. Le grand barnum du tatouage international a aujourd’hui pignon sur rue à Paris et les yeux sont rivés sur la porte de Pantin pendant ces 3 jours de rassemblement d’encrés et d’encreurs (et les autres aussi..). Ce grand rendez-vous orchestré et réussi par Tin-Tin depuis son retour à la tête d’une convention à la hauteur de Paris (selon ses dires) avait attiré 27 000 personnes lors de la dernière édition en 2014 et est parti pour battre des records cette année. Avec une Grande Halle occupée dans tout son ensemble, plus de 340 artistes tatoueurs rassemblés pour offrir un large panel de l’art du tattoo, des concerts pour tout le monde, bref, la vitrine est en place et  tout est rassemblé pour renouveler le succès de l’année dernière.

Le grand rassemblement parisien retrouvait ainsi ses habitués et légendes du tatouage tels que Filipe Leu de la grande dynastie de Lausanne, Bill Salmon et Luke Atkinson des légendes pour certains et des noms qui deviennent connus pour  d’autres  depuis la grande exposition du musée du Quai Branly. Les stands de leurs studios attitrés ne désempliront pas et ces trois la officieront surtout en tant que jury des prix remis aux artistes pour les pièces faites au cours de ces trois jours. Plus honorifiques qu’autre chose car les lots resteront symboliques mais être reconnu par ses pairs et surtout ces légendes, est assez important pour tout artiste. Du lourd pour un gage de qualité, on retiendra surtout que le grand prix sera obtenu lors de la clôture par un jeune artiste lyonnais, Mathias Bugo.

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Les français ne sont pas en reste et on vous parlera de nos coups de coeur et incontournables tels que les parisiens Rude du 23 Keller et son style qu’on affectionne particulièrement avec ce côté illustration du 19eme et ce dandysme animalier, du tatouage mais avec goût ! Easy Sacha de Mystery Tattoo Club toujours aussi éclectique, Karl Mark qui a ouvert sa boutique, Sadhu le Serbe et j’en passe, le gotha parisien était bien représenté. Mais le tatouage français n’est pas que parisien et de grands talents en province se retrouveront bookés des mois à l’avance au sein du Mondial. Nos coups de coeur de chez Belly Button ou les dentelles de Dodie de Lyon auront un franc succès. Tout comme le moderne Mikki Bold venant du Petit Quevilly, xCYRx ou  Miss Atomik de Rennes. La province a ses talents et le tour de France du tatouage pourrait continuer ainsi des heures.

Rude (23 Keller)
Rude (23 Keller)

Avec plus de 300 artistes, il nous sera difficile de vous en sortir tous les noms et tous les genres représentés car c’est en fonction du felling personnel mais les grands noms restent présents car Paris devient incontournable dans l’agenda du tatoueur qui a la chance d’y être. Les tatouages traditionnels avec les malaysiens Kalum et Aunau et les japonais du crew Gomineko auront droit à leur petit succès, attirant les curieux et ceux qui passeront l’épreuve de la tradition.

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La force de cette convention c’est qu’il y a toutes les nationalités ou presque et pour tous les goûts même si une partie des tatoueurs se trouvent inabordables et assez hermétiques au cours du week end mais ça c’est un autre sujet.  On peut constater avec plaisir que la place de la femme dans ce monde de base très masculin est en train de s’agrandir, chacune apportant une touche perso. A quand la parité ?

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Les nouvelles tendances et certains talents de demain y sont présents et le new school qui fait fureur chez les plus jeunes, les mandala à foison et la touche graphique et abstraite s’y trouvent avec le public et ça permet de confronter l’art de chaque artiste car en 340 stands il y a du choix et des tendances en avance dans certains pays. Comme on peut le constater, le tatouage est un art à part entière, avec ses évolutions , ses écoles, ses influences comme tout art qui se respecte. Mais on a pu le voir au cours de ce week-end c’est devenu un vrai business et aujourd’hui le studio qui n’a pas son T-Shirt officiel à 30 euros pour les plus huppés, et bien il n’a rien compris (sic)… Et il est difficile de trouver un stand qui ne “se vendait pas”. C’est un business et on peut dire qu’on doit passer par la case merchandising. Au delà du tatouage, il était rare de trouver un tatoueur qui ne proposait rien d’autre à vendre, même certains rechignaient à donner leur carte de visite si on n’achetait rien. Cet esprit est présent mais n’est pas légion, pas encore…

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Le business il en est question dans toute manifestation  de cette ampleur la et les partenaires étaient nombreux visuellement ( même les Hells Angels vendaient leurs T Shirts) pour cet événement mais la diversité est présente et les marques savent accueillir quant à elles. Pendant que le quartier du rhum des tatoués et des tatoueurs ne désemplissait pas, la bière exclusive du Mondial, qui a du battre des records de futs, se mettait à l’heure du tatouage. Bavaria qui a lancé sa série collector “Démesurément Tattoo” en amont faisait appel à des artistes tatoueurs qui se prêteront plus ou moins au jeu de la customisation de la célèbre canette de 8.6 et le samedi soir présentant à la presse conviée ces canettes de collection qu’on appréciera tout particulièrement.

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La force de ce mondial c’est de proposer, au delà de son animation à la française du sieur Pascal Tourain, une programmation musicale qui cette année faisait dans la diversité car oui le tatouage n’est plus seulement rock ‘n’ roll aujourd’hui. Après des dj mix assurés par Gunther Love et avant l’after Villa Schweepes, la scène centrale se dédiait au Metal ce vendredi. Car le mondial dispose d’une scène où se produisent quelques groupes et des djs en plus des différents concours qui ont lieu au cours du mondial. Cette année, les parisiens d’As They Burn s’y sont produits dans le cadre de leur tournée d’adieux. En effet, le combo quitte la scène et se devait de faire ça bien ! C’est donc avec l’envie d’en découdre une toute dernière fois à Paris que le groupe débarque sur scène, grosse énergie et claque dans la face pendant près d’une heure avec leur metalcore simple et efficace devant un public assez nombreux.

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Le temps de changer de plateau et c’est au tour des allemands de The Ocean de faire vibrer le public qui s’est regroupé en masse devant la scène. Le post metal atmosphérique du groupe réussi à convaincre et à transporter le public parisien. Une bonne heure d’énergie brute, une bonne heure d’envoûtement, une heure de plaisir en somme. Leur set sera malheureusement légèrement écourté après la blessure du chanteur. Mais le combo est tout de même parvenu à retourner l’espace de la scène. Laissant tout de même les personnes présentes sur leur faim. Malgré cela, les parisiens et franciliens ont eu l’occasion d’assister à deux très bons choix au sein de la convention de tatouage qui est devenue plus que ça.  Le lendemain on change de registre, c’est l’éléctro de Jennifer Cardini qui prendra place sur la grande scène avec sa musique avant garde et ces sons new wave, pop et rock indie rassemblant le public dansant jusqu’à tard.

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Le public, il en est question car après 27 000 visiteurs l’année dernière et  la présence grandissante chaque année du tatouage au sein des médias, de la pub et des marques,  il est intéressant de voir pourquoi cet engouement et l’hétérogénéité du public confirme cette flamme des français(es) avec l’art corporel. Sûrement une mode et une tendance pour certains mais surtout d’autres qui osent maintenant encrer leur amour de cet art sans être mis de côté ou montré du doigt. D’année en année, le tatouage ne cesse de faire des adeptes. Près de 30 000 visiteurs pour cette édition 2015 et une file d’attente à l’entrée, un public divers et varié confirme que le tatouage attire et passionne, cet univers marqué comme rebelle et différent touche toutes les franges de la société, on se fait encrer pour une raison ou une autre mais surtout des motifs, des oeuvres en lien avec nous mêmes. Qu’il y ait un symbole, une histoire ou juste qu’on trouvait ceci beau, le tatouage nous correspond. Tatoués ou non tatoués, le monde sera au rendez vous au cours de ces 3 jours et particulièrement le dimanche qui en devient même la journée familiale avec les familles déambulant dans les allées comme on irait au musée. Car il est bien question de culture aujourd’hui, cette culture alternative dont le tatouage en est un représentant.

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Comme tout n’est pas que beauté et monde des bisounours il est intéressant de confronter cette vitrine du monde du tatouage  à cette réalité tout de même présente et à laquelle certain(e)s ont été confrontés ce week end ou autrement. Le milieu est en plein boom et ascension depuis quelques années et ouvre la porte à ceux qui n’ont pas les valeurs encrées en eux y voyant seulement le business lucratif qui en résulte. Ce sont ces mêmes personnes qu’iront voir les futurs clients timides et impressionnés par ce milieu et surtout repoussés et dédaignés par certains “artistes” qui se seront crus trop bien pour ces nouveaux venus ou ces projets abordés en y abîmant la confiance du futur client. Car il est question de client et le tatoueur est payé en conséquence. Certains dans une grande prétention d'”artiste” contribuent tout comme d’autres peu scrupuleux  à rendre ainsi une image négative du milieu du tatouage alors qu’on y gagnerait tous autrement.

La réussite de ce Mondial du Tatouage n’est plus à vérifier, avec plus de 30 000 visiteurs en 3 jours le succès est en rendez vous et la place de l’encre se confirme chez les français, devenant ainsi un rendez vous incontournable auprès du public. Au niveau organisation, rien à redire, des allées permettant une circulation beaucoup plus aisée, une restauration pensant à tout le monde et un espace occupé avec intelligence faisant de ce fait la Grande Halle comme QG du tattoo mondial le temps d’un week end.  Le pari de Tin-Tin est réussi, en 3 éditions il place Paris dans les hautes sphères des conventions en termes de succès et d’affluence. Grâce au succès de cette édition 2015, le tatouage culture alternative et populaire confirme qu’il grappille chaque année ses gallons auprès de la société française, car la population tatouée se veut grandissante et pourrait ainsi, comme outre manche, être demain en France une composante et non plus une anormalité.

Texte: Cindy Tucci

Photos: Mario Ivanovic

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4 Comments

    • Bonsoir Caroline,

      Nous sommes désolés que tu te sois sentie offensée par le placement de cette photo à cet endroit, mais le panneau “T-Shirt – 20€” placé juste à côté de toi et de tes tatouages (si c’est bien à cette photo que tu fais référence) nous semblait parfaitement illustrer cette tournure que prend le salon. Si tu le désires, nous pouvons tout de même la retirer, et quoi qu’il en soit nous nous excusons platement de t’avoir heurtée par ce choix.

      Bien à toi,
      L’équipe de The Unchained

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