
Le 28 mars, les Alsaciens de Smash Hit Combo assurent la livraison de leur troisième galette, Playmore. SHC apparaît depuis des années comme un ovni survolant la scène metal française, assumant l’inassumable en glorifiant ce qui a fait notre adolescence, en magnifiant ce mélange de rap et de metal qui a eu ses heures de gloire au début des années 2000. Aujourd’hui, ils reviennent avec une version upgradée de leur recette, et les Smash Hit n’ont jamais autant collé avec leur temps.
Il n’a pas dû être chose aisée de pondre un petit frère à Reset, leur précédent album, sorti en 2012, et qui a fait leur renommée. Dès les premiers riffs de Playmore, les gamers de SHC nous balancent en pleine tête leur virage technique, et nous propulsent en plein Djent-land. Depuis leur fusée à huit cordes, on aperçoit au loin le panneau « Neo Metal » qui tend à disparaître à mesure que le disque progresse. Samy Houaci, qui assurait le chant scream, est remplacé au pied levé par Maxime Keller, et ce n’était pas une mince affaire. Playmore s’ouvre avec « In Game », morceau qui nous rappelle ce qu’Hacktivist fait de mieux. Les lyrics de Paul Vuillequez frappent toujours aussi fort : véritable hymne à la culture geek, on se rend compte que ce leitmotiv est loin d’être épuisé. On enchaîne avec « Sous Pression », et là changement direct d’atmosphère. Si la tête se voulait haute dans le morceau précédent, sur celui-ci les yeux se baissent, comme si notre ego s’était pris un grand coup en quelques notes. Parce que nous foutre fasse à nos fluctuations d’humeur, c’est au final ce que les Alsaciens font de mieux. Avec « Baka », ils dépeignent cette communauté accro aux mangas, sur fond de riffs puissants à la mode Super Saïyen. Dans « Quart de Siècle », ils couvrent le spectre de l’indécision : que faire avec tout cela maintenant que nous avons grandi ? Ce morceau a un côté un peu trop larmoyant à mon goût, notamment lors des passages chantés en voix claire, ce qui détonne un peu avec la colère qu’on leur connaissait. Les riffs clairs et lancinants de « Time Attack » font penser à du TessseracT, tout comme le morceau instrumental « B3T4 », et ils nous permettent de respirer un peu, de prendre le temps de digérer ce qui nous a été envoyé dans la tête jusque-là.
L’ingestion reprend avec « Animal Nocturne », morceau à la mélancolie puissante dont les accords provoquent chez nous un enchaînement de sentiments, de la colère à la dépression. Je dois vous avouer qu’à la première écoute de ce morceau, les larmes me montaient aux yeux tant les instruments traduisaient exactement les paroles et amplifiaient le dramatisme de la chanson. « Déphasé » apparaît comme une suite logique, et ses parties instrumentales sont parfaitement mixées. Heureusement que vient ensuite « Le Vrai du Faux » pour nous redonner un peu du poil de la bête avec son rythme assez saccadé et de fait requinquant, parce qu’on était à deux doigts de se jeter par la fenêtre là. Les samples scratchés sont les bienvenus, juste avant ce gros beatdown qu’on a déjà envie de vivre live. « Irréversible » arrive en trombe, avec une intro à la Dllinger Escape Plan, avant d’enchaîner sur un couplet beaucoup plus mélodique puis un refrain bien saturé comme on les aime. Les ponts sont eux bercés par les cris déchirants de Maxime, qui tombent à pic sur ce morceau qui traite de la souffrance. Le disque se clôt en beauté sur 48H, un morceau réalisé en featuring avec NLJ, rappeur américain originaire d’Atlanta qui avait déjà collaboré sur un morceau avec le perpignanais de The Algorithm, qui pour le coup renoue avec les amours neo-metal du groupe tout en gardant des accents très deathcore.
Les Smash Hit Combo signent un album qui se remarque par une production et un mixage au poil par leur guitariste Anthony Chognard, ainsi qu’un mastering made in Magnus Lindberg de Cult Of Luna, qui permettent de discerner correctement chaque instrument. Petit bémol quant aux chœurs qui donnent à certains morceaux un côté un peu trop mélo, mais globalement nous sommes face à une sacrée bonne cam. Le virage progressif donne une certaine crédibilité au groupe vis-à-vis du public de musiciens de la scène djent, tout en continuant de satisfaire leurs fans de longue date. En étant les seuls à poser du rap sur ce style d’instrus en France, je me permets de parier qu’ils vont taper dans l’œil du public anglo-saxons s’ils s’aventurent outre-manche. En attendant, j’ai hâte de voir ce que cela va donner en live le 28 mars au Glazart !
SMASH HIT COMBO – Playmore, (Slam Disques) sortie prévue le 28 mars.
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Super chronique, bravo ! Une petite chose cependant: la production et le mixage ont été réalisé par le guitariste, Anthony Chognard. Magnus Lindberg s’est occupé du mastering.
Merci beaucoup, erreur corrigée !