Watain & Rotting Christ @ le Trabendo – 17/11/2018

Dans la catégorie “les concerts à affiche de rêve qu’on attend depuis un bail”, il faut bien admettre que Paris est plutôt gâtée en cette fin d’automne.

Mais avant les dates qui s’annoncent exceptionnelles comme Kreator/Dimmu Borgir/Bloodbath/Hatebreed puis Marduk/Archgoat début décembre, le Trabendo accueillait ce samedi la tournée The Trident’s Curse, soit Profanatica, Rotting Christ et Watain. Une prog aux petits oignons, courtesy of Garmonbozia Inc.

Malgré l’ouverture tardive des portes (Ouvrez sire, on en a gros !), et la longueur de la file d’attente qui arrive jusqu’au portail du Zénith, les groupes font preuve d’une ponctualité à l’épreuve des flammes. Résultat, le temps d’entrer, Profanatica joue déjà depuis quelques instants. Ils sont trois, ils sont un peu coincés sur le devant de la scène par les batteries des suivants installées derrière, et ils sont fort grimés. Détail amusant, c’est le batteur qui chante. Ce qui est bien utile pour des raisons de manque de place sur scène, mais rend le concert un peu statique, puisque les trois musiciens sont alignés sur le devant, tout corpsepaint dehors.

Le plus gros problème de ce set restera le manque de dynamique. D’après nos conversations, nous étions tous assez d’accord sur le fait que leur musique est plutôt bonne, mais que les morceaux se ressemblent tous énormément, ce qui lasse très vite. Une bonne chose, donc qu’ils aient  joué, mais pas très longtemps !

Au retour de la pause, deux observations s’imposent, l’une n’étant probablement pas indépendante de l’autre :

  • Ça sent le fennec, un peu
  • MAIS QU’IL EST BLINDE CE TRABENDO DIS DONC !

A priori, on a envie de dire qu’une plus grande partie du public était là pour Rotting Christ que pour Watain, puisque la foule était légèrement moins dense pour les seconds. En tous cas, pour avoir vu des tas de concerts annoncés complets dans cette salle, c’est clairement un des plus remplis. Et ce qui est cool pour ça c’est que le Trabendo plein comme un oeuf, c’est toujours une expérience intense, d’autant plus qu’on a entendu pas mal de langues étrangères du côté du public. Un petit côté immersif pour une date spéciale.

Alors Rotting Christ, en passant après Profanatica, ça réveille. Déjà, en comparaison, c’est bien plus groovy, et surtout plus dynamique. Précisons que j’ai parfois envie de rappeler aux groupes qu’au Trabendo, la scène n’est pas haute. Que si en plus ils font moins d’1m70, mieux vaut ne pas passer la moitié du concert pliés en deux, rapport au fait qu’on ne les voit plus trop (et encore, à ce stade, on voyait la scène !). Mais comme ils bougent bien, que Sakis Tolis profite de presque toutes les pauses pour communiquer directement avec le public, et qu’ils paraissent tellement joyeux, je ne peux même pas leur en vouloir. La prochaine fois, faudrait juste leur filer des escabeaux.

Et qu’est-ce qu’ils sont bons.

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Pour le coup en plus, le son était propre. Très propre. Bien meilleur qu’au concert de février, et SANS les stroboscopes insupportables. Donc déjà, la satisfaction s’annonçait grande. Et puis ils nous ont fait un set tel un tartare au couteau : tranché assez finement pour rester subtil mais assez lourd pour qu’on en saisisse bien le goût. Cru.

Autant dire qu’à mesure du set, les gens autour de moi ont pu entendre quelques bruits de plus en plus étranges, depuis le “Aaaaaw” jusqu’au “GRAHGNNNNNFLLURGH” en passant par le “WOHPUTAIN ! WOHPUTAIN” pendant “The Forest of N’Gai”. Mais si, tu sais, ce moment où un riff incroyable sort de nulle part puis se transforme en solo puissant et néanmoins mélancolique ? Bref, tu as compris l’idée, et mes organes aussi. A tel point que je pense avoir “Grandis Spiritus Diavolus” imprimé en négatif à l’intérieur de ma trachée, minimum.

Nous n’avons jamais douté. Jamais imaginé que Watain aurait des difficultés à passer après Rotting Christ et sa capacité à retourner n’importe quelle foule. Mais vu la différence de style entre les Grecs et les Suédois, il faut dire qu’il y avait matière à se poser des questions, d’autant que le public s’était légèrement éclairci à ce stade.

Peu importe. C’est WATAIN ! Avec moins d’installations pyrotechniques que ce qu’ils nous ont sorti au Wacken cet été (on a cru qu’on allait tous mourir), mais suffisamment de flambeaux, de bougies et de torches pour créer l’ambiance. Et accessoirement remplir la salle de fumée et d’odeurs d’essence (on a cru qu’on allait tous mourir, mais sans plus sentir le fennec). Pas la totale, donc, mais clairement de quoi faire griller des saucisses. La prochaine fois, on vient avec la glacière (embauchez nous ! On a eu plein d’idées à la con comme ça)

Faute d’être tout devant (encore une fois, pensez aux escabeaux !), et compte tenu de la lumière gardée à son minimum comme de la fumée devenant de plus en plus épaisse, il était difficile de prendre vraiment conscience de la déco sur scène. Heureusement, les belles photos d’Aurélia t’en donnent une vision meilleure que si toi tu y étais. Ma binôme a d’ailleurs chèrement payé ce privilège en se trouvant arrosée de sang (vrai ? faux ? DE QUEL TYPE D’ANIMAL ?) pendant le set. Plus à l’arrière, nous nous faisions la réflexion qu’à la sortie, on pourrait probablement identifier tout le premier rang à leurs sourcils manquants et leurs tubes de Biafine.

Tu vas peut-être trouver que je manque de respect, et que tout ça n’est pas bien sérieux, alors que pour le coup, Watain est plutôt dans le camp du premier degré. Mais sache néanmoins que ce n’est pas parce qu’on a bien rigolé pendant le concert que ce n’était pas pour autant un moment exceptionnel. Déjà parce que comme pour leurs prédécesseurs, le son était presque parfait, mais parce que même sans prendre les choses aussi sérieusement que les gars sur scène (qu’on ne distinguait que par moments à cause de l’écran de fumée), il est impossible de ne pas se faire envelopper dans l’ambiance “Sang, Flammes & Tripaille” de Watain. En prenant occasionnellement des pauses, parce que c’est irrésistible.

Niveau setlist aussi, le groupe nous a gâtés, en allant piocher un peu partout dans leur répertoire MAIS PAS QUE ! On a eu droit à une reprise de Bathory, plus précisément “The Return of Darkness and Evil”. Une première pour mon cas, causant un “WOOOOHOOOUH !” et l’appel du moshpit bien dense et chauffé à bloc. Et au retour, l’occasion de relancer les blagues sur l’atmosphère “fin du monde” enfumée, et limite irrespirable (on a cru qu’on allait tous mourir), toussant comme des fumeurs de Gitanes Maïs contents.

Tout ça pour nous achever avec “Sworn to the Dark”, parce que Watain aime bien faire les choses correctement, pour qu’Erik Danielsson finisse son petit rituel sur scène avant de partir, laissant l’audience encore présente un peu désorientée. Il faut dire que même une fois les lumières rallumées, on n’y voyait pas à 5 mètres. Le temps que les sens se remettent à peu près à l’endroit, deux constatations se détachent du lot :

  • Toute surface du Trabendo (sol, plafond, murs barrières) était couverte d’une couche impressionnante de condensation.
  • Chaque personne présente ce soir est repartie du concert avec de la suie plein les narines. Il y a ceux qui s’en sont rendus compte immédiatement, et les autres…

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Le public réalisant le contenu de ses narines à la sortie du Trabendo (vue d’artiste) #JeSuisSuie #BlackMetalIsBlack

Épilogue : au téléphone avec ma maman le lendemain, me demandant comment était “mon concert d’hier”, la réponse principale ressemblait à “Bah écoute, ils avaient des torches, de la fumée, on a fini avec de la suie dans le nez et on voyait rien. C’ÉTAIT GÉNIAL !”

Et en plus, on a bien rigolé.

Photos Nettes – Aurélia

Texte et regard embué – Sarah

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