Taake, Bölzer & guests @ Petit Bain – 11/10/18

Il y a des soirs comme ça. Des soirs où on a dit qu’on irait voir un concert, qu’on sait qu’on a un report à faire, mais qu’au moment venu, on ne le sent plus trop. Parce que les caupaings habituels sont pas de la fête, parce que la fatigue qui s’accumule depuis des semaines se rapproche davantage de l’épuisement total, qu’on a encore un tas de trucs à faire et qu’en plus, il pleut.

Et dans ces moments là, si on se motive quand même, qu’on se traîne à la salle sous la pluie, on prend le risque de ne rien regretter. Ben là, pour tout te dire, c’est à peu près ce qu’il s’est passé.

Petit Bain, 19h20.

A l’arrivée, ça fait déjà 20 bonnes minutes que les gars d’Orkan ont commencé. Comme environ toutes les fois où je loupe un bout de première partie, le regret s’installe immédiatement, parce que j’ai beau ne capter que quelques minutes de show, ben ça n’empêche pas de se rendre compte que… C’est vachement bien. Il faudrait les revoir un de ces quatre. Aurélia, ma binôme-photographe-ponctuelle-ELLE aussi a bien aimé. Et bien repéré le guitariste de Taake au micro.


Orkan porte la collection hiver/hiver “La Poubelle du voisin” (bouuuuh mauvaise langue !)

Deuxième groupe, deuxième relent de Norvège. One Tail One Head prend possession de la scène pendant une longue intro plutôt calme, à peine éclairés. Et puis ça part…

Typiquement le genre de groupe qui serait “compliqué à expliquer à un néophyte”, puisque dès l’entame du concert, ça va vite, c’est très énervé, très agressif sur scène comme dans le public. Certes ça se fait de plus en plus souvent devant mes yeux perplexes, mais vu la réaction des gens alentour, on est d’accord que le Black n’est clairement pas le style le plus enclin aux pogos. La preuve, là, ils étaient trois, très motivés. Ca peut surprendre, d’autant que la haie d’enceintes de retour n’empêche pas le chanteur de coller ses pompes et son pied de micro dans la trombine du premier rang, constitué essentiellement de photographes.

Sinon, côté musique ? Ben c’est plutôt pas mal One Tail One Head. Et c’est aussi leur dernière tournée, donc il était temps de les voir. Sur scène, le bataille du charisme se joue entre le chanteur et le guitariste (ce qu’on appellerait le Classico si les Blackeux regardaient davantage de football), ce dernier n’ayant pas son pareil pour fixer un point donné dans la salle durant de longs instants. Avec le maquillage et les yeux clairs façon “lapin dans les phares”, ça fait son petit effet. Est-ce qu’il a essayé de croiser le regard du chanteur de Bölzer, présent dans la fosse pendant un petit moment ? Eux seuls le savent. Mais quoiqu’il en soit, ce groupe décoiffe. Paix à leur âme.

Justement, parlons-en de Bölzer. L’an dernier quand ils ont ouvert pour Archgoat, c’était tellement chouette que j’avais peur de ne pas revoir un concert à la hauteur. Au moment où j’écris ces lignes, je n’arrive toujours pas à savoir si c’était le cas ou pas. Côté musique, rien à dire, la recette ne change pas, le son aurait peut-être pu être meilleur mais pas de quoi ruiner la performance.

Côté performance scénique encore, le duo suisse dépote. Je ne me suis toujours pas remise de la découverte que constitue la guitare de KzR (une beauté toute en bois naturel, 10 cordes, un son de rêve), et chose étrange, il porte des chaussures. Mais surtout, la totalité de leur set se déroule quasiment dans le noir. La scène n’est éclairée que par quelques spots à l’arrière et c’est tout. Autant je peux comprendre ce type de parti pris quand il y a une mise en scène précise derrière, autant là c’était… Un peu dommage.

Alors quelle conclusion sur le concert ? Honnêtement c’était chouette, pour le coup, sans moshpit ni slammeur, le nez à hauteur de genou de KzR, je ne peux pas dire qu’il y ait eu déception. Mais il m’a manqué l’étincelle, celle qui fait s’exclamer “WAHOUUU LES MACHINES !” et qui colle des frissons incompressibles. Mais peu importe, je retournerai encore les voir avec bonheur s’ils repassent.

L’effet bœuf, c’est avec Taake qu’il est arrivé. Et ça s’est ressenti dans l’ambiance dès l’extinction des feux ; foule dense et dansante, au point qu’un mec s’est même senti de slammer là-dedans. Sans sécurité ni barrière hein, on rappelle qu’on est au Petit Bain.

De quoi alarmer le chanteur qui précise “alors nous on va rester ici, sur scène, et vous allez rester là, en bas, histoire de s’assurer que personne ne soit blessé”. Discours sage s’il en est, même s’il n’empêchera pas le même slammeur de retenter sa chance.

Sur scène aussi, ça bouge pas mal, ce qui est plutôt sympa, surtout que tous les membres du groupe participent à la fête, harangent le public, se déplacent tant que possible et occupent l’espace. Côté setlist, pas un morceau de moins de 6 minutes, bien entendu, quitte à faire traîner un peu les riffs. De quoi se plonger dans chaque titre à pieds joints et vivre le concert à fond, essentiellement sur des extraits de Noregs Vaapen.

Et si Hoest concentre forcément les regards, il y en a un qui, tapi dans l’ombre sur le côté de la scène, n’a pas manqué d’attirer mon attention. Il n’en sort qu’à la toute fin du concert pour “Myr”, dernier titre joué ce soir, et son nom tient en trois mots :

BLACK

METAL

BANJO

!

Il fallait quand même le sortir. Et s’en servir pendant un morceau entier et pas juste pour le solo. Et l’annoncer tel une guest star de luxe. UN BANJO ! Qui met le feu à la fin d’un concert de black metal ! C’est pas banal, comme dirait l’autre.

Banjo reposé, pas de rappel, pas de fioritures, le concert est fini. Un peu brutal, mais même le silence après du Taake est capable de te décoiffer.

Texte : Sarah
Photos: Aurélia

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