CERNUNNOS PAGAN FEST-24/25 février 2018 @ Ferme du Buisson : RECIT II

dessincernu

C’est avec quelques notes de violons que commence le Cernunnos Pagan Fest 2018. Adaryn, jeune groupe normand vainqueur du tremplin, a l’honneur d’ouvrir le fest. Des mélodies portées à merveille par les lignes de violon et la rythmique folk de la batterie entraînent très vite la fosse à enchaîner circle pits et autres joyeusetés ! Après une heure d’attente dans le froid, toute occasion de se réchauffer est bonne à prendre. Malgré un set fort court, la musique d’Adaryn était une entrée en matière plus que convaincante !


ADARYN 2

Quelques heures plus tard, nous sommes reçus par Tairneanach (batterie), Volk (basse) et Cydorrh (violon) sur leur stand de merch. “Nous avons réellement commencé à travailler ensemble il y a deux ans” nous explique cette dernière quand nous les interrogeons au sujet du groupe. Adaryn est en effet bien jeune ! “Notre maquette est sortie en mai dernier et notre premier concert date du mois de juin” poursuit-elle. L’Histoire de France tient une part importante dans les thèmes abordés par le groupe. Mais le batteur tient à rappeler leur neutralité dans les événements abordés : “nous essayons surtout de ne pas trop prendre parti […] On ne cherche même pas à faire du pagan”.

dessin adaryn

Faire taire un parterre de jeunes Vikings fous peut sembler impossible. Alors vous pensez bien qu’on ne peut être que plus subjugué quand cet exploit est réalisé par six Polonaises aux pieds nus mais aux voix ô combien riches.

LABORATORIUM 1

Laboratorium Piesni est un ensemble polyphonique reprenant des chants folkloriques d’Europe de l’Est. Tantôt tremblantes, tantôt chaudes, les voix de ces six femmes nous entraînent dans un univers de contes traditionnels de pays méconnus : Pologne, Biélorussie, Finlande, etc.

LABORATORIUM 4

Accompagnées d’instruments très simples (tambour à main, clochettes, etc), Laborotium Piesni se fait le conservatoire d’un patrimoine immatériel européen dont la place dans un fest comme le Cernunnos est tout à fait légitime.

dessin LP

Il est encore tôt mais voilà le moment de la journée que j’attendais tant : Ereb Altor au Cernunnos ! La voix mystérieuse de “Voluspa” nous accueille avant l’entrée en scène des quatre Suédois. Une place de choix est évidemment laissée aux titres issus du dernier album. Le premier morceau sera d’ailleurs “En Synd Svart som Sot”, le titre phare de Ulfven, dernier album à date (et une chronique à lire sur theunchained.net !).De la bannière murale aux drapeaux sur scène, tous les visuels en sont d’ailleurs issus.

ERED ALTOR 3

Les deux morceaux sont issus des précédents albums : d’abord “Nattramn” de l’album éponyme puis le si sombre “Nifelheim” tiré de Fire meets Ice. Puis vient “Myrding”, une chanson du 2e album du groupe. L’heure tourne hélas… Après “Ulfven” le groupe clôt finalement son set avec “Midsommarblot”, très certainement un de leurs meilleurs titres, un hymne aux Anciens Dieux repris les larmes aux yeux par tous les inconditionnels du groupe présents au Cernunnos. Un concert qui n’aura laissé personne indifférent. Au dehors, le soleil s’est couché.

ERED ALTOR 1

Le groupe suivant est lui aussi scandinave : Einherjer nous vient de Norvège. Leur musique me prend au dépourvu : un grawl rauque et des riffs aux sonorités blues/rock ? Les longs morceaux instrumentaux restent néanmoins envoûtants. Le son aigu de la guitare a des accents de flûtes stridentes et certains morceaux ont des accents de marche guerrière. Les morceaux des premiers albums ont une atmosphère plus épique que le groupe nous sert à la fin du set : “Dragon of the North” et “Far Far North”

Pour clore ce premier jour, le Cernunnos ne nous offre pas moins que les maîtres du folk allemand, Faun. 6 musiciens et une multitude d’instruments des simples grelots aux synthétiseurs. L’énergie du groupe est particulièrement contagieuse et le public se fera un plaisir de danser et chanter sur “Walpurgis Nacht”. Entrecoupant ces moments de folie, les Allemands ne se privent de quelques ballades ou de morceaux plus mystiques. Parmi ceux-là, “Odin”, la chanson écrite avec Einar Selvik de Wardruna. Chaque chanson a sa propre histoire et Oliver s. Tyr nous les raconte avec un plaisir non dissimulé. Par exemple celle de “Rabenballade”, inspirée d’un poème écossais du Moyen Age sur les ravages de la guerre.

FAUN 3

La musique de Faun allie des sons modernes à ceux des instruments traditionnels. Chants folkloriques, poèmes médiévaux, légendes et autres récits mythologiques, toute inspiration est bonne à prendre ! Pour autant, il s’agit bien de revisiter ces textes et sonorités, pas de reproduire une musique historique. Ce mariage des musiques est flagrant lorsque le joueur de vielle improvise un étrange solo à la pédale wah-wah.

FAUN 1

“Rhiannon” annonce la fin du set mais le groupe est rappelé sur scène à grands cris. “Diese kalte Nacht” fait retomber l’excitation et nous prépare en douceur à retrouver le froid qui nous attend derrière les murs de la salle.

Bonne nuit le Cernunnos et à demain !

Après un casse-croûte, direction l’Abreuvoir pour le concert d’Aktarum. Au menu, des mélodies qui sentent bons l’humus des sous-bois ! Les Belges ouvrent ce dimanche de festival avec une ambiance festive propre au “troll metal”.

AKTARUM 5

Difficile de résister à l’appel des forêts des Ardennes mais… Mais quelque chose cloche car le public semble moins réactif que la veille. La fatigue ? L’aftershow arrosé ?

Nydvind est venu célébrer au Cernunnos son retour après huit années d’absence et le début d’une tétralogie consacrée aux éléments. Le premier opus intitulé Seas of Oblivion est dédié, ô surprise, à l’eau.

NYDVID 2

Le melodeath du groupe français à la rythmique lente et appuyée a nombre de fidèles dans la salle qui se privent pas de manifester leur joie de retrouver leur groupe préféré ! Les transitions d’un riff à l’autre sont maîtrisées et les passages mid-tempos sonnent très justes.

NYDVID 3
Ce nouvel album est prometteur et le groupe semble avoir pris bien du plaisir à renouer avec la scène.

Encore un groupe français sur le running order de l’Abreuvoir ! Boisson Divine ou le groupe des troisièmes mi-temps, comme ils le rappellent eux-même ! Une rythmique heavy, des paroles en gascon, de la cornemuse et une curieuse double-flûte. Voilà comment on fait du metal dans le Sud-Ouest !

BOISSON DIVINE 1

Et c’est une boisson qui monte vite à la tête et qui égaye les sens ! Les paroles sont incompréhensibles pour les gens civilisés (les Parisiens en prendront pour leur grade tout au long du set…) mais la musique est entraînante et enchante : le public pogote et les Gascons auront même droit à un wall of death.

BOISSON DIVINE 4
L’humour est omniprésent tout au long du concert mais atteint son apogée quand le sonneur apparaît une cornemuse-poupée gonflable entre les mains. Le set s’achève avec une reprise de “Breaking the Law” en bonne et due forme. Les Gascons ça osent tout, c’est sans doute à ça qu’on les reconnaît !
dessin BD

Place à présent à l’introspection. Les premières notes du set des Autrichiens de Dornenreich nous ouvre la porte d’un monde sombre et mystérieux. Les cordes métalliques vibrent, l’archet frémit. Le chant, lui, est hurlé dans un souffle rauque ou murmuré. Les morceaux se suivent, tous chargés d’émotion.

DORNENREICH

Au cours de cette tournée 100% acoustique, Dornenreich revisite leur carrière metal au son de la guitare folk et du violon. Après ce passage si déconcertant, la curiosité nous pousse à discuter avec les deux musiciens sur leur stand de merch :

Avant de démarrer votre projet acoustique, vous formiez un groupe de metal, exact ?
Jochen Stock : C’est vrai mais dès l’origine nous avons intégré des instruments acoustiques : une guitare sur notre démo, un violoncelle sur le deuxième album.
Comment vous est venu l’idée de tourner seulement tous les deux ?
JS : Il y a vingt ans, c’est comme ça que nous avons commencé. Je suis d’ailleurs le seul membre fondateur encore présent. C’est bon de pouvoir produire une musique si variée et intense uniquement à deux, de garder notre musique simple. Plus on vieillit et plus il devient difficile de rassembler plusieurs musiciens pour tourner.
Votre musique n’est ni vraiment du metal, ni vraiment du folk mais l’esprit est-il le même ?

Absolument. Dans les pays germaniques nous avons un public très précis. Les gens ont besoin de s’identifier à des paroles. On retrouve les mêmes sentiments dans le black comme dans le folk.

Cette virée dans le monde des deux Autrichiens n’est pas le dernier voyage qui nous attend ce soir. Le dernier concert de l’Abreuvoir est celui de Saor, un groupe écossais au black metal atmosphérique. Les mélodies s’élèvent et nous voici transportés en Ecosse.

SAOR 3

La musique des Ecossais a la violence des vagues, celle du vent des Highlands. Le chant est un cri de liberté et d’indépendance, hurlé pendant des siècles. Le violon et les airs de whistle ajoutent une pointe de mélancolie au black metal sobre et moderne du groupe.

SAOR 4

Malgré plusieurs petits soucis techniques, un mauvais réglage du volume du violon puis une panne du jack d’un des guitaristes, l’émotion ne faiblit pas. La musique de Saor est aussi profonde que pénétrante.

Le concert, si intense, nous a coupé le souffle. Nous nous laisserions bien guider en silence vers la voiture pour rentrer, les oreilles encore enchantées par la musique des Ecossais… Mais il reste encore un groupe à écouter. Les cornemuses et les tambours de Saor Patrol auront raison de nous avant la fin officielle du fest.

Merci à toute l’équipe du Cernunnos pour ce festival si exceptionnel à deux pas de chez nous ; merci également aux membres d’Adaryn et de Dornenreich pour leur temps !
Texte et traduction : Thomas
Photo et dessin : Fable

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