AHAB + GUESTS @ LE GLAZART – 02/11/15

Hasard du calendrier ou non, la tournée d’Ahab tombe en pleine saison automnale, idéale pour écouter et apprécier du doom et accessoirement profiter des nuances de rouges et d’oranges pour faire des photos, notamment grâce aux lumières idéales qu’elle offre. Et le fait que nous soyons le 2 novembre, soit au lendemain de la Toussaint, donne une saveur encore plus particulière à cette date, et ce même si on est loin d’être concerné par la religion.

C’est donc de très bonne humeur, que je me prépare à rejoindre le Glazart, après avoir pris la température au Cimetière de Passy, histoire de profiter des conditions météorologiques post-Toussaint et des lumières de fin d’après-midi. Direction ensuite l’autre côté de Paris pour une salle qui commence à devenir notre seconde maison. Mais une nouvelle fois, ce n’est pas pour un nouveau Stoned Gatherings, c’est Garmonbozia qui nous offre cette soirée dédiée aux voix d’outre-tombe et des rythmes ralentis…Et une fois n’est pas coutume, on arrivera en avance, histoire de profiter de l’happy-hour de la plage du Glazart avant de s’engouffrer dans la salle.

Un petit passage au stand de merch’, quelques T-shirts d’Ahab plus tard avec un vendeur hyper sympa, et on ira se placer devant la scène afin d’accueillir les allemands d’High Fighter.

#High - IMG_8460

Originaire d’Hambourg, le quintet est un tout jeune groupe formé en 2014 et emmené par une impressionnante Mona Miluski. Leur truc à eux c’est un mélange de sludge, de blues et de leurs différents dérivés. Mais pour être un peu plus concret, et chose qui m’a beaucoup plu, d’emblée Mona m’a fait penser à Sandra Nasic (Guano Apes) pour la versatilité de son chant, alternant passages hyper pêchus et beaucoup plus basés sur l’émotion (d’où le côté bluesy), mais également l’énergie d’une Candace Kucsulain (Walls of Jericho), voire parfois sacrément couillu. Alors certes, ça n’est pas toujours juste, d’ailleurs pas ce qu’on lui demande, mais force est d’admettre qu’elle envoie et qu’on se prend une bonne grosse baffe…et puis ça fait du bien de voir de plus en plus de femmes à la tête de ce formations de ce style, même si dans le public (remplissant les 2 tiers de la salle) c’est au moins 90% de mecs. Une chose est sûre en tout cas, si vous aimez les groupes cités précédemment, tout comme des monstres comme DOWN ou Conan par exemple, je ne saurais que trop vous conseiller de jeter une oreille sur leur EP « The Goat Ritual » et leur longue future, je l’espère, discographie. Une excellente nouvelle mise en bouche donc avec un groupe sur lequel il faudra surement compter dans les années à venir.

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Après une pause bien méritée, un petit rafraichissement, et on attaque la suite. High Fighter avait donné le ton de la soirée, et avec Mammoth Storm on va baisser encore un peu la vitesse.

Premier des deux groupes portés par Napalm Records ce soir, on retrouve les suédois originaires d’une petite bourgade nommée Säffle. Trio formé en 2012, composé de Daniel Arvidsson (basse/chant), également gratteux chez Draconian, gage d’une qualité certaine, Christer Ström (guitare) et Emil Ahlman (batterie) c’est sous la forme d’un quatuor que le groupe se présente à nous ce soir avec un second guitariste pour venir nous présenter leur nouvelle offrande, et premier album « Fornjot » à paraitre le 6 novembre. Force est d’admettre que leur 1e EP « Rite of Ascension » avait déjà fait son petit effet (je ne parlerai pas de leur démo), avec ses compositions longues et ultra lourdes et son artwork très identifiable, tout comme leur logo. Il était temps pour eux de pouvoir s’exprimer plus sur un format plus long et surtout de venir défendre leur travail sur scène.

#Mammoth - IMG_8592

Eh bien…les amateurs de bonnes grosses bûches que nous sommes allons être servis, mais à la sauce Garmonbozia cette fois. Une rythmique lourde, écrasante (normal quand on s’appelle Mammoth – pardon, fallait bien) tantôt tribale, une voix plus en retrait cachée souvent cachée sous l’épaisse chevelure du sieur Arvidsson et des mélodies lancinantes et hypnotiques se battant avec des riffs doom. C’est certes assez classique, mais tellement efficace. Bon, après tout, les mecs ne sortent pas de nulle part, et avec Draconian également poulain de Napalm Records, ça aide. Mais la qualité de la production ne fait pas tout si musicalement on est mauvais, et il est frappant d’entendre un premier album de doom d’une telle qualité. Les mecs ne révolutionneront certes pas un genre ultra saturé, mais ils savent pleinement ce qu’ils font, et ça se ressent, en plus d’être irréprochables sur scène. Donc même si j’ai pas trouvé ça « génial » et que ça m’a un peu moins inspiré, je n’ai absolument rien à redire concernant la prestation des suédois, c’était très bon, et il me tarde d’écouter « Fornjot » dans de meilleures conditions, point barre. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on est pas encore rassasié, et qu’on est tous très impatients de pouvoir ENFIN voir Ahab en salle et en tant que tête d’affiche.

#Mammoth - IMG_8540

C’est le troisième concert d’ AHAB en France, et si comme moi vous avez eu la chance de les voir au Fall of Summer 2014 puis au Hellfest 2015, vous avez sûrement été extrêmement frustrés quant au temps de jeu qu’on leur a accordé dans ces deux festivals. Les 30 à 40 minutes qu’on leur a octroyé lors de ces éditions n’avait pas permis d’apprécier à sa juste valeur leur « doom nautique ». On allait enfin pouvoir apprécier un set d’une durée décente qui leur permettra de pleinement s’exprimer. De plus, la configuration de la salle sera sans doute plus adaptée à la scène en plein air du Fall of Summer (malgré le cadre sublime) comme la tente de la Valley du Hellfest. On a donc hâte (oui, « hâte » dans un report consacré au doom), et espère beaucoup des conditions sonores et lumineuses de ce soir et on compte beaucoup sur le Glazart pour leur rendre pleinement justice…

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Le groupe entre discrètement, comme d’habitude, sur scène, au passage, Daniel Droste (chant/guitare) porte un joli T-shirt d’EARTH, ce qui n’est pas pour me déplaire. Les lumières se tamisent, nuances de bleus et de blanc, créant un superbe effet de vagues, préparant le terrain pour « The Weedmen », première pièce de ce voyage au large et vers des profondeurs infinies.

Fermez les yeux au son des premières notes, laissez-vous porter par la voix caverneuse de Daniel, faites abstraction de tout ce qui vous entoure, et ressentez chaque instrument comme un guide accompagnant votre périple. De temps en temps, ouvrez les yeux, parce qu’il le faut, profitez des couleurs autant que de la musique. Voilà, vous êtes partis, vous êtes loin, très loin, votre rythmique cardiaque ralenti, et se synchronise avec la musique. Vous avancez lentement tandis que le groupe vous rappelle parfois où vous êtes, par des interludes, en français je vous prie, escales d’un voyage dont vous ne souhaiterez sans doute par revenir. Et même si cette soirée offre logiquement la part belle à « The Boats of the Glen Carrig », cette soirée permet enfin au groupe de piocher dans leurs autres albums, « The Divinity of Oceans », mais également « The Call of the Wretched Sea » et « The Giant », histoire de présenter des éléments de toute leur riche discographie.

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Et avec sobriété et élégance, MAIS jamais sans aucune démonstration, le groupe nous balance ses vagues qui nous caressent d’abord, nous embrassent, avant de mieux nous submerger, emportant tout sur leur passage. Pourtant, dans un genre où on a l’impression que tout a été fait, et qui parfois peut être ennuyeux pour les non-initiés, Ahab a su créer son propre univers, à coup de textes complexes et intriguant magnifiquement écrits par Chris Hector (guitare), toujours aussi en retrait sur scène, mais tellement important. De plus, les pièces composées ont beau être longues, elles sont loin d’être indigestes, et l’abondance de chant clair, de plus en plus présent, de Daniel y fait beaucoup, illustration d’une capacité à évoluer au fil des albums. Et parfaitement supportés par Napalm Records, sans jamais se décomplexifier, le groupe a continuer à faire honneur à un genre certes toujours aussi élitiste (peut-être le moins abordable des sous-genres du metal à mes yeux), grâce à des thèmes abordés, choisissant des œuvres littéraires plutôt que la mort et la dépression, sujets parfois trop « faciles ». Et si ce soir on craignait que l’œuvre d’Ahab soit entachée par un son « limite », on a vite été rassuré, sacré travail de l’ingé son. Et des premières notes au long rappel, le combo allemand aura réussi son pari, un set brillant, complexe mais pas chiant, où chaque membre donnera énormément de sa personne, mention spéciale à Stefan (Wandernoth – basse) multipliant les poses avec son instrument et Cornelius (Althammer-batterie) toujours aussi souriant.

Au final on sort plus que conquis par cette excellente soirée, des craintes, si tant est qu’il y en avait, disparues, et la confirmation qu’Ahab fait partie des plus grands groupes de doom existants. A côté de ça, on a découvert un nouvel espoir du sludge allemand, à chanteuse qui plus est, et une autre signature très intéressante chez Napalm Records avec Mammoth Storm, nouvelle preuve que la Suède, avec la Grèce, est la Mecque du stoner. Merci à Fred (Chouesne) et à toute l’équipe de Garmonbozia et du Glazart d’avoir rendu tout ça possible, on attend la suite avec impatience.

Texte: Mats

Photo: Mats / Mel

1 Comment

  1. Je découvre ce webzine avec cette chronique (sont cool Ahab ils vous ont relayés haha !) bref promis je reviendrais.
    Juste pour dire que pareil à Colmar c’était vraiment un superbe concert. On a eu droit a un excellent son notement concernant Mammoth Storm (et Ahab bien sur), le batteur d’Ahab est même venu voir leur concert au premier rang ! Le Grillen fait définitivement partit des meilleures salle de la région question qualité d’accoustique. On est sortit en ayant pris deux très grosse baffes, difficile de se sortir le concert de la tête même plusieurs jours après. Probablement l’une des plus belle date que j’ai vu cette année.
    Mention spéciale au mini Moby Dick placé sur la batterie, c’était chou !

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